Née en 1990 à Tel Aviv, l’année de la guerre du Golfe, Noga Erez vit entre la bulle que représente cette ville et la pression constante d’une situation explosive entre deux communautés. Avec son partenaire musical Ori Rousso, elle livre un premier album recelant de montagnes russes émotionnelles et de télescopages sonores assez bruts, témoignage d’un monde vivant sur des charbons ardents.

Si elle a apprivoisé plusieurs instruments pour commencer, c’est vers sa dix-huitième année qu’elle décide d’utiliser vraiment la musique comme son médium d’expression, la composition et production sur ordinateur ayant révolutionné sa vision de la musique. Preuve de son caractère bien affirmé, son premier fait d’arme est un album de jazz qu’elle n’a tout bêtement jamais publié et jeté aux oubliettes car, une fois terminé, elle s’est rendu compte que ce n’était pas ce qu’elle souhaitait faire ayant progressé dans la connaissance de la production de musique électronique entre temps. C’est en cherchant à s’aguerrir sur le logiciel Ableton qu’elle rencontre Ori qui devient rapidement son partenaire musical. Trois ans de collaboration plus tard, voilà Off the Radar, un album qui est le reflet de la vision musicale de Noga Erez, une musique qui évite d’être trop polie ou brossée mais qui révèle des éléments assez bruts : « Je n’aime pas ce qui est parfait » nous confie-t-elle. Et d’ajouter : « Néanmoins, je suis perfectionniste pour ce qui est d’obtenir les sons ou les effets que je souhaite, sons qui peuvent se trouver être très sales, bruts. C’est valable aussi pour ma façon de chanter car j’ai eu une formation classique et jazz . Ori m’a permis d’aller vers d’autres territoires vocaux, dans lesquels la voix est brute, avec des imperfections, qui donnent plus d’impact au message des chansons. D’une manière on ne peut plus transparente, notre collaboration montre l’urgence que nous avons à nous exprimer à travers notre musique. On n’a pas cherché à faire un disque plein de colère et de protestation mais ces éléments en font partie car ils sont le reflet de la situation que nous vivons au quotidien à Tel Aviv. D’une part, je vis dans un endroit très compliqué où le conflit ne semble pas pouvoir trouver d’issue et où la possibilité de notion de paix semble avoir été – hélas – écartée avec le temps et, en même temps, c’est une belle ville ensoleillée, pleine d’énergie, avec une nouvelle génération qui semble déconnectée de la réalité. Ma vie et cet album sont le reflet ce paradoxe ». Entre textes revendicatifs (mais pas seulement), éléments qui s’entrechoquent mélodies, sonorités brutes et voix singulière, Noga Erez livre un premier opus qui semble sans concession. Une œuvre puissante qui, d’emblée, accroche son auditeur, intrigue et suscite le questionnement autant par sa forme que par le contenu de son message.

NOGA EREZ
Off the Radar
(City Slang)