Si Marion Corrales a une jolie tête, celle-ci est surtout bien pleine. Diplômée du Conservatoire national supérieur d’art dramatique, elle obtient parallèlement une licence de philosophie à la Sorbonne, ainsi qu’un Master en étude théâtrale à la Tisch School of the Arts de New York. Rien que ça. Aujourd’hui à travers ses textes et ses mélodies, elle tente d’exprimer son regard et sa curiosité pour la vie. Elle nous livre ici un album plein de charme aux sons électro-acoustiques travaillés dans un laboratoire de méditation. A la terrasse d’un café je révise mes classiques et tente de soumettre ma petite interro surprise à cette belle et intrigante personne….
– Comment définis-tu ta musique ?
Ce sont des chansons qui racontent la manière dont parfois on s’impose à soi-même certaines formes de despotisme. Tous les sons sont faits avec de vraies instruments : batterie, basse, clavier, piano, guitare, mais nous les avons utilisés à contre-emploi. Comme pouvait le dire Violetta Para il faut gratter le piano, taper la guitare, il faut crier et non chanter… la création est un vol d’oiseau sans plan de vol. Alexi Pivot le pianiste a fait à peu près tout ce qui était possible de faire avec un piano, il a joué avec les cordes, a tapé dessus, l’a passé dans un ampli, et autre folie de studio, très tard le soir ! Quand à Alexandre avec sa guitare, c’est sûr qu’il n’y a jamais de plan de vol, juste des émotions. Donc le son est acoustique organique, mais la manière de produire le son sont électroniques.
– Qu’elles en sont les inspirations ?
Pour les textes, des dramaturges tels que Beckett pour l’humour, Paul Claudel pour le côté lyrique, ou les romans de Virginia Woolf pour l’introspection. La grande inspiration thématique pour les titres du futur EP c’est 1984 de Georges Orwell, Farenheit 451 de Ray Bradbury et Detachment, le film de Tony Kaye avec Adrien Brody. Pour la musique c’est Dirtyphonics, pour le sens de l’adrénaline, Fiona Apple pour la manière de se poser sur la musique et Camille pour le rapport à la voix et à l’expérimentation.
– Tu écoutes quel genre de musique ?
Nina Simone, Paolo Conte, Dinah Washington, du blues, de la musique indienne et beaucoup de musique classique. En ce moment, j’écoute surtout Christine and the Queens et Dirtyphonics, l’album Irreverence me fait sauter de mon lit.
– Comment définis-tu ton style vestimentaire ?
Sexy Chocolat (rires) ! Attention référence…
– Ton parcours est plutôt atypique, tu as été mannequin et actrice… pourquoi la musique ? Une nouvelle corde à ta guitare ?
J’ai commencé à chanter sur les mix de mon frère DJ Pitch In quand j’avais 14 ans, on a joué au Batofar, au Trabendo, à La Scène Bastille… Mais c’est en étudiant l’art thérapie en master que j’ai découvert que la voix serait mon prochain champ d’exploration.
– Tu connais donc bien le monde la mode. Penses-tu qu’il soit nécessaire pour un artiste de soigner son style autant que sa musique ?
Oui, quand on fait des choix par rapport à la manière dont on se présente aux autres, on s’engage sur l’esthétique générale du monde. Quand je sors et que je vois une fille ou un garçon bien habillé(e), ça m’inspire, ça me plaît, ça met de la beauté dans le monde et ça me fait voyager. J’adore les couleurs et les textures.
Quel sont les designers que tu aimes ?
J’aime beaucoup Rosa Tapioca parce qu’elle créée elle même ses couleurs, elle a inventé sa propre machine à teindre les vêtements donc chaque pièce est unique ! J’aime aussi beaucoup 85/86 pour leur structure et leur côté Hitchcockien. Il y a Gypsea parce que ça me fait voyager, Ulyanna Sergeenko et Yiqingyin pour la haute couture.
– Quel est l’accessoire indispensable de ta garde robe?
Mon petit foulard balinais jaune moutarde.
– Quels sont tes projets pour cet été 2013?
Le tournage d’images pour la sortie de L’EP et la promo de la sortie du titre No Stoppin Us de Dirtyphonics aux Etats-Unis
Retrouvez Marion sur Facebook, Soundcloud et sur son site.
En concert le 13/08 au Rockwood Music Hall de New-York (avec White Prism) et le 7/09 au Festival « Passage Pas Sage », Passage des Gravilliers, à Paris
Stylisme et interview : Christophe Carvillo
Photo : Chloé Nicosia
Top imprimé et pantalon graphique : Paul Smith
Veste : American Retro
Bottines suede : Bimba&Lola