Que de chemin déjà parcouru pour la jeune belge Blanche entre ses participations à The Voice et l’Eurovision et son premier succès “City Light”. Après une poignée de singles qui ont dessiné la signature musicale indie-pop de la chanteuse, mettant en exergue sa voix au timbre à la fois grave et feutré, elle publie aujourd’hui  Empire (sur le label Pias), un premier album de pop moderne brillant où la jeune artiste de 20 ans s’exprime sans détour et de manière touchante.

L’interview :

Tu as un parcours atypique : que retires-tu aujourd’hui de ton expérience ?

Ce sont deux expériences très différentes. The Voice était une aventure humaine, une expérience unique, beaucoup de rencontres, de conseils, on le vit tous ensemble avec tous les candidats participants du début à la fin. Eurovision c’est un truc complètement hors de tout, je l’ai plus vu comme une aventure avec mon équipe qu’avec les autres candidats, chacun est un peu plus dans sa bulle. L’Eurovision m’a permis d’apprendre beaucoup de choses très vite, comment tout cela fonctionne, la communication, la confiance en les autres. Où se situer entre avoir la main-mise sur son projet et faire confiance aux gens. Ça m’a appris sur moi, je n’ai pas encore tout compris, mais vivre un tel événement et analyser comment on réagit et comment on s’est senti à ce moment peut être intéressant pour se comprendre.

Comment es-tu parvenue à trouver ton style musical à toi ? Qui sont tes influences musicales majeures ?

Petit à petit, au début en m’identifiant à des voix comme London Grammar, Lana Del Rey, Adele, ça m’a permis de développer ma voix dans un sens plus grave, mélancolique. Ensuite j’ai doucement découvert Alt-J, Ry X, Lapsley, Keaton Henson, Banks, Lorde, The Xx, Daughter, Aurora, Bon Iver, SOAK. Voilà tous les artistes qui m’ont beaucoup inspirée, qui m’ont permis de me frayer un chemin à travers eux tous (et encore bien d’autres), capter où je me retrouvais dans chacun, comprendre ce qu’on peut offrir de soi, comment eux le font, comment le faire à ma manière ?

Le grain feutré et la tonalité grave de ta voix sont singuliers, c’est un cadeau pour toi ?

Je pense pas que j’utiliserais le mot « cadeau », sur le même schéma que « ce que la vie nous donne et ce qu’on décide d’en faire ». J’aurais pu avoir cette voix et ne jamais l’utiliser, ou ne jamais la développer de cette manière. Je suis contente que ma famille m’ait fait apprécier la musique et ait été ouverte à tout ce qui est artistique pour me laisser l’espace de développer cette voix.

Quel est le fil rouge pour Empire, un 1er album de pop moderne qui montre déjà une belle maturité ?

Essentiellement les sentiments, l’amour et la sincérité.

Quel est le morceau clé de l’album selon toi, celui qui donné sa direction au projet et pourquoi ?

« Empire », morceau qui a toujours eu une sorte d’évidence. On passe par beaucoup de sentiments différents qui se retrouvent tout au long des différentes chansons de l’album. Il y a vraiment cette idée de construction de soi, de rencontres, de changements. Les thèmes englobent tout l’album, c’est pour cela aussi que j’ai décidé d’utiliser le visuel du clip pour englober tout l’album.

Savais-tu déjà où tu voulais aller avec ce disque dès le début or ça a été plutôt organique ?

Je n’avais pas d’idée précise. Des artistes et albums de référence comme « Melodrama » de Lorde ou « Dawn » de Ry x, mais beaucoup d’ouverture et d’envie d’expériences et de découvertes.

Avec qui as-tu travaillé sur cet album et dans quelles conditions ?

J’ai travaillé pour l’écriture avec énormément de gens différents, Pierre Dumoulin, Thomas Medard, Joe Hammil, Anthony Whiting, Laura Welsh, Jonny Lattimer, même le Dj Henri PFR et le rappeur Glints !
Une partie de l’écriture s’est faite à Bruxelles, quelques chansons sont nées lors d’un camp d’écriture en juin 2017, ensuite j’ai eu durant quelques mois un petit studio à moi à Bruxelles où j’ai continué à travailler avec Pierre, Thomas et d’autres personnes que j’avais rencontrés lors du camp d’écriture !
Ensuite une grosse partie des chansons je les ai composées à Londres, on me donnait une adresse, une heure, des noms et je débarquais là.. comme ça, c’était une expérience assez unique mais j’ai adoré ça, on n’a pas d’autre choix que de se livrer, de partager, d’essayer de se comprendre si on veut écrire ensemble… (Les gens avec qui j’écrivais étaient choisis par l’équipe PIAS UK, avec qui j’ai avant ça beaucoup discuté de mes envies, du style que j’aimais, artistes qui m’inspiraient, ils ont donc choisis des gens avec qui je pouvais développer mon style qui avait travaillé avec les artistes que j’avais donné en référence ou similaire. Par exemple Anthony Whiting et Emily Philips qui ont écrit avec SOAK qui est une de mes artistes favorites !). Ensuite j’ai fait un gros travail de finalisation des morceaux, donc réécriture de certaines paroles, finalisation des structures, de la production , enregistrements d’instruments live, une moitié avec Rich Cooper à Londres et l’autre avec Francois Gustin à Bruxelles.
Ensuite tout cela a été mixé par Neil Comber et masterisé par Matt Colton.

Où puises-tu ton inspiration pour tes morceaux ?

Dans la vie, les gens, les histoires qui se croisent, ce qu’on lit dans les yeux des gens. Dans ma vie aussi, mes sentiments, ce que je lis, ou essaye de lire en moi.

Un 1er album c’est un sacré événement : de quel aspect es-tu la plus fière sur ce disque ?

La dimension dans laquelle s’imprime l’album, les chansons et ce qu’elles créent les unes à la suite des autres. D’être arrivée à créer un tout, un voyage avec des chansons écrites avec tellement de gens différents, à tellement d’endroits, de moments de vie différents.

Tes vidéos sont très travaillées c’est important pour toi ? Travailles-tu avec des stylistes / designers ?

Pour les visuels d’Empire on a travaillé avec un directeur artistique qui a coordonné tous les différents intervenants, il m’a présenté Kate Housh qui s’est occupée du stylisme sur les visuels. C’est une super styliste avec énormément d’ambition et de culot qui a contacté énormément de designer assez incroyables; et ça a porté ses fruits, on a reçu beaucoup de tenues incroyables de très grands designers ! Dans le clip les tenues font beaucoup, on avait plus au moins prévu les différentes tenues pour les différents plans mais il y a quand même beaucoup qui s’est fait le jour même du tournage, en essayant à chaque fois plusieurs tenues dans chaque cadre.
Pour le reste du visuel, l’idée est inspirée par les peintures surréalistes de Getrude Abercrombie, Alexander De Bruycker et le réalisateur qui a réalisé le clip, il fallait quelqu’un qui arrive à comprendre d’où venait l’inspiration des tableaux sans faire un copié collé, apporter une dimension supplémentaire, moderne. Donc vraiment une super équipe, beaucoup de communication, beaucoup de préparation ; mais aussi beaucoup de confiance sur le set, ce qui a permis d’essayer et de proposer beaucoup de choses sur le moment et de créer des nouvelles choses sur place.

Pour écouter et vous procurer l’album Empire c’est ici

La playlist indie-pop de Blanche :

“Pas vraiment de fil conducteur, c’est ma playlist du moment, j’y rajoute au fur et à mesure les chansons que je découvre, je l’écouterai en boucle jusqu’à ce que je me rende compte que les chansons ont un gout de souvenir. Ca voudra dire que la playlist aura fait son temps, elle correspondra à un moment donné de ma vie qui se termine, des petits chapitres. Et j’en créerai une nouvelle. C’est ça que je trouve assez fascinant avec les playlists qu’on créée, certaines chansons vont tellement nous parler à un moment, vont nous faire tellement ressentir, résonner. Parfois j’écoute une même playlist pendant presque un an sans m’en lasser, parfois après quelques mois je sens qu’il est temps de passer à autre chose.”

Pour écouter la playlist de Blanche sur Spotify c’est ici.

Pour écouter/voir la playlist sur Youtube :