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Ce 24 janvier est sorti le second album de Terrenoire qui est une invitation à se plonger dans leur univers à la fois intense et onirique, poétique, sensible et révolté. Le duo stéphanois, composé de deux frères, Théo et Raphaël, sacrés Révélation masculine des Victoires de la musique en 2022, nous incite à laisser se consumer le feu qui grandit en nous, à le laisser nous submerger et nous envahir. Protegé.e est une libération émotionnelle, philosophique, symbolique et surtout engagée. « Il se peut qu’il vous ouvre en deux » préviennent-ils, et en effet, nous sommes bouleversés dès la première écoute.

Terrenoire nous font « voir leur territoire »

Les textes de Terrenoire mêlent leurs réflexions sur la nostalgie, les relations humaines, la quête de sens, et l’ancrage profond à leurs racines, notamment leur attachement à Saint-Étienne. Protegé.e résonne comme une confidence poétique alliant l’intime et l’universel et nous invitant à une réflexion sur nous-même et nos comportements. En effet, contrairement à leur premier album Les Forces Contraires, le duo, s’il conserve son univers personnel et singulier, semble s’être davantage ouvert au monde. S’échappant de leur bulle, les deux frères se tournent davantage vers l’autre, l’inconnu. « Quand on débute, on parle davantage de soi, puis on grandit, et les questions que l’on se pose ne sont plus juste individualistes », c’est ainsi que Raphaël explique cette évolution au média local If- Saint-Étienne. Protégé.e est une déclaration de vie, teintée de nostalgie, de chaleur, de confessions, d’engagements aussi, d’introspections autant que d’extrospections. Les textes de Terrenoire sont ponctués de métaphores poignantes, lyriques et expressives comme le serait un essai de philosophie. Dès la première lecture on saisit la beauté de la forme nous invitant à s’y plonger à nouveau pour en saisir le fond.

 

© Canadas

Électro-pop et mélodies envoutantes

Avec leurs mélodies tour à tour lentes et saccadées ou rapides et entraînantes, chaque morceau semble ciselé pour chaque moment d’une journée, comme s’il avait été composé pour nous accompagner dans chaque phase de notre quotidien. En effet, chaque extrait de l’album possède son propre ADN, mais il est important de souligner ce va-et-vient constant de la douceur et la rudesse, de l’intensité à la plénitude, rappelle le contraste du jour et de la nuit qui s’opposent tout en étant évidemment complémentaire, en se succédant nuit et jour créent l’équilibre et l’harmonie de nos vies. En écoutant Protegé.e, vous serez soumis à une sorte d’expérience auditive qui vous fera ressentir multiples émotions et d’ambivalentes sensations. Vous serez pris de mélancolie à l’écoute de Vivre sobrement, d’une folie dansante grâce à Le bon sens, vous serez pétrifié par le texte de Paris, la grande ville et envouté par les sonorités de Protegé.e ou par le tour de passe-passe vocal entre les deux frères et des paroles à la fois douces et intenses de Ton territoire.

Terrenoire natifs de Terrenoire à Saint-Étienne

Rien qu’avec le choix de leur nom de scène, le duo fraternel affirme et revendique ses origines, en effet, les deux frères ont passé une bonne partie de leur enfance dans le quartier de Terrenoire à Saint-Étienne auquel ils sont encore très attachés. Raphaël et Théo adoptent ce nom de groupe comme un écho à leurs racines, un fil invisible qui les lie à leur terre d’origine. Ils y trouvent le souvenir d’un terrain d’enfance, un terreau fertile où germent encore leurs plus profondes inspirations. Leur Terrenoire natale est une fierté et, le fait de réussir à faire parler de leur coin est un grand accomplissement pour les deux artistes. « On a la chance de faire parler de notre coin, c’est super. Mais on pense fort à tous les gens qui font vivre culturellement les Stéphanois et la ville au quotidien : les assos de quartier, les médiathèques, les clubs de sport, les salles de spectacles, les festivals, les cinémas, les labels, les disquaires, les radios… On pense à toutes ces énergies mobilisées, et tous ces humains, dans une ville résiliente, inventive, pas snob. Pour que toute cette scène se revendique de Saint-Étienne avec fierté, c’est que quelque chose ici fait culture. » Ainsi le duo remercie le média Libération pour leur article « Saint-Étienne, l’autre vague verte » publié le 25 septembre 2020. Et depuis, les deux frères ne cessent de parler de leur terre natale au travers de leur musique, mais également de leurs actions toujours engagées.

 

Terrenoire, duo fraternel engagé

Terrenoire, depuis ses débuts en 2017 et la sortie de leur premier album Les Forces Contraires en 2020, milite par le biais de ses paroles et de ses interviews. Ils soutiennent l’importance de l’art et la valorisation de la musique comme un outil d’éveil des consciences et une façon de tisser du lien dans un monde souvent fragmenté. Ils parlent de sujets durs mais ancrés dans le réel et ils y apportent une touche d’espoir tout en restant conscients et réalistes. Ils ne sont pas donneurs de leçon et cherchent plutôt à nous emmener dans leurs réalités, comme ils l’ont fait avec leur résidence au Musée de la Mine de Saint-Étienne. En effet, en 2024 Terrenoire s’est rendu au cœur de ce musée afin de se reconnecter avec ses racines et de rendre hommage aux hommes qui y ont passé leurs vies. « L’idée est de nous imprégner, de chercher et de créer autour de cet espace, de plonger dans son histoire, celle de l’extractivisme et de l’industrie du 20ème siècle, l’empreinte culturelle que la mine a laissé sur Saint-Étienne, et surtout l’histoire des humains au milieu de ça ». Ainsi, introduisaient-ils sur leur compte Instagram, leur volonté et le but derrière cette résidence. D’ailleurs, Terrenoire a décidé d’entamer une tournée dès ce 24 janvier, date de sortie de ce second album, tournée en adéquation avec leurs engagements, c’est-à-dire plus écoresponsable, raisonnée et militante, c’est-à-dire régionalisée et servira de prétexte à un travail de collaboration avec les associations locales des territoires où ils se produiront. Les concerts seront ainsi l’occasion d’organiser des actions culturelles comme des ateliers d’écriture et de lecture.

Actualité chargée pour le duo, car ils étaient à l’affiche de l’Hyper Weekend Festival de Radio France, le jour de la sortie de leur nouvel album, pour performer en live l’intégralité de Protégé.e, accompagné par l’Orchestre du Nouveau Monde, premier orchestre en France engagé pour la justice sociale et climatique. De plus, le 25 janvier, ils furent de nouveau présents à l’Hyper Weekend Festival, cette fois-ci pour une rencontre ayant pour thème : « Ce que l’écologie fait au monde artistique ».

Protégé.e l’humain mais aussi la planète, voici le credo de ce duo poétique à découvrir sur album et en live, où leur musique prend toute son ampleur.

 

Protégé.e est disponible via Black Paradiso/Virgin Records France. En tournée en France à partir du 2 avril 2025 (Tourcoing) et à Paris (Trianon) le 22 octobre 2025.

 

 

Texte Charlotte Langeois

Image de couverture Canadas