Modzik a rencontré Sônge pour une interview et un shooting mode à l’occasion de la sortie de son premier album Flavourite CÂLÂ.  Aujourd’hui l’album ressort en version Deluxe avec pas moins de 9 morceaux inédits, l’équivalent d’un nouvel album somme toute : de nouvelles compositions en collaboration avec une brochette de producteurs comme Myd, Phazz, Nk.F, The Magician ou Sofiane Pamart qui montrent une nouvelle facette du talent de la chanteuse.

Cette artiste aux multiples facettes – à la fois chanteuse, productrice, DJ – se plaît à broder son univers autour de créatures enchanteresses, d’esprits malins et autres nymphes. Toute une mythologie que l’on retrouve dans un premier album : une fresque musicale qui nous plonge dans une nature luxuriante aux sonorités pleines de textures et de couleurs.

CRÉDITS SHOOTING :
Photos : Diane Sagnier
Style : Marianna Ladreyt
Maquillage : Helena Henrion

Interview (extraits) : Anastasia Wolfstirn
Texte additionnel : Joss Danjean

Tu es fascinée par le dialogue entre les arts ? Comme toi, beaucoup d’artistes ont fait le lien entre son et couleur ; un vers comme celui de Baudelaire dans « Correspondances » t’inspire-t-il ? « Comme de longs échos qui de loin se confondent (…) Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. »
Oui, depuis toute petite j’ai ce ressenti démultiplié des couleurs, que l’on remarque en général chez les artistes, les enfants ou encore les autistes. Quand je fais des progressions harmoniques, elles se traduisent en couleurs très prononcées. La texture des instruments peut aussi jouer, ce n’est pas une science exacte. Par la suite, j’ai compris qu’entendre les couleurs n’était pas commun et portait un nom : la synesthésie. C’est pour ça que l’arrière de la pochette de l’album représente une palette de couleurs et de textures créée par l’artiste Aurélia Durand, afin d’illustrer au mieux ce que l’on peut ressentir en l’écoutant au-delà du son.

C’est un album très riche visuellement, tout comme tes clips où évolue une nature luxuriante. Quelles ont été tes inspirations ?
L’univers visuel de l’album est beaucoup inspiré du Douanier Rousseau, de Paul Gauguin et un peu de Mati Klarwein, avec cette ambiance végétale, fantasque et très sensorielle, comme dans le clip de « Crépuscule des Dieux ».

Avec « Crépuscule des Dieux », tu offres une version personnelle de l’Opéra de Wagner, ainsi que de la légende des Walkyries…
À l’école, j’ai eu un cour sur le romantisme tardif, donc sur Wagner. Ce n’est pas tellement la musique qui m’a fait un déclic, mais tout simplement l’histoire racontée. Il s’est inspiré de la mythologie nordique, mais aussi de poèmes allemands du Moyen Âge et a regroupé ces ensembles pour en faire un conte complètement dingue traduit à travers un opéra de quatre jours. Une révélation dans ma démarche artistique.

Tu as voulu rendre hommage à la mythologie, cette manière de raconter les histoires avec une poésie toute particulière. Quelle imagerie a bercé ta musique ?
J’ai grandi en Bretagne, où la mythologie est très présente avec les korrigans, les druides, etc. J’étais à fond dans la sorcellerie, on s’amusait avec mes copines à inventer des potions, des formules magiques et mon chat s’appelait même Mandragore !

Y a-t-il une couleur que tu affectionnes tout particulièrement ? Dans Flavourite CÂL‚ tu évoques une teinte « parfaite » – “I have seen a million sunsets, you are the Color, the one I prefer” – quelle est-elle ?
Je pense que ce sont les gens m’ayant inspirée qui ont créé cette couleur parfaite. Ce n’est donc pas quelque chose de très précis. C’est comme un hologramme, quelque chose d’iridescent, qui change de couleur en fonction de son exposition, c’est magique ! Un spectre que l’on retrouve dans « Soukounian », dans « Mind » aussi, des morceaux assez mystérieux.

C’est avec la musique électronique que tu as pu mixer tout ton imaginaire, t’amuser pleinement. Tu es un peu une bricoleuse, tu aimes bidouiller ?
Je pense que si je ne m’étais pas retrouvée sans musicien durant mes études, je ne serais peut-être pas passée par-là. Finalement, j’ai adoré cette indépendance, je fais ma musique vraiment comme je l’entends. Mais aujourd’hui, quand je sens qu’il y a besoin de faire un peu de ménage dans mon bazar, je passe chez Myd (du groupe électro Club Cheval) qui est aussi un producteur de folie et en un coup de baguette magique le son prend une tout autre dimension.

Si la première version de l’album avait été conçu entre la Bretagne, la Corse, Paris et Cuba, ces 9 nouvelles compositions sont quand à elle passé par les Caraïbes et Tahiti. Soleil, aventure et exotisme sont de mise ici. Cela commence avec “Mon démon” : « Regarde comme mon démon se déhanche, possession d’mon corps d’ mon téléphone, SMS diaboliques il balance » : écrit à Paris, un titre d’ouverture plus sombre que les autres qui évoque ces démons intérieurs qui nous rongent, qui se matérialise parfois par une personne très proche. Ensuite « Winer » suit une insomniaque qui arpente la nuit, ayant « trop d’énergie pour attendre à la fenêtre ». Alors, elle danse. Ou, plus plutôt, elle wine – « un twerk en plus lent », explique Sônge.  « Bermudes », titre tout en variations vocales traite des échoués dans « ce triangle magique, mais terrifiant ». Les puissances conjuguées de l’amour et la mer sont à l’oeuvre ici, sans oublier la fascination de Sônge pour la nymphe Calypso. « Ma vie, ce navire qui chavire ».

 « Orly Tahiti » évoque « un tour du monde sur un coup de tête, un pari émotionnel quasi chevaleresque » tandis que « Moon » est une forme de lettre de rupture et “One Thing” est une sorte d’échappée spatiale. Dans « Calypso Caribbean », la nymphe Calypso revient sauver une âme qui dort à l’intérieur d’une vague. « Mamakedobe », l’un des premiers titres écrits par Sônge s’articule entre une orchestration synthétique et le son du likembé (instrument africain) où une mère y guide son enfant à travers les dunes. Pour conclure, « Hologram » évoque le retour d’un long voyage à travers les étoiles : « J’ai visité tant de planètes, j’ai vu un million de couchers de soleil, tu es la couleur, la couleur que je préfère… »

Sônge : Flavourite CÂLÂ Deluxe (tracklist) nouveaux titres*

1. Mon démon*
2. Winer*
3. Cayenne*
4. Bermudes*
5. Orly Tahiti*
6. Moon*
7. Calypso Caribbean*
8. Mamakédobé*
9. Hologram*
10. Magic Hairdo
11. Colorado
12. Soukounian
13. Thanatonautes
14. One Thing
15. Crépuscule des Dieux
16. Carol of the Bells
17. Roses
18. Mind
19. Flavourite CÂLÂ

(Parlophone / Warner)