À la faveur de son premier EP sorti juste avant l’été et son premier album plébiscité, la jeune Jain s’est attiré toutes les faveurs. Sa musique métissée mêle les influences musicales de cette Toulousaine d’origine que ses voyages ont conduite entre autres au Congo où elle a vécu durant trois ans. C’est le lendemain de son shooting pour Modzik que je rencontre l’artiste de 23 ans dans son quartier parisien, tout près du Panthéon…
Quand est arrivé ton alter-ego artiste dans ta vie ?
J’ai commencé à faire de la musique et composer à l’âge de 16 ans et dès que j’ai eu quatre ou cinq morceaux, je n’avais pas parlé de ça à mes amis car je redoutais leur réaction : ils me voyaient comme une fille rigolote mais pas une artiste ni une musicienne. J’ai utilisé ce nom de Jain pour poster mes morceaux sur Myspace et aussi en référence à Janis Joplin que j’aime beaucoup. À l’époque je ne comptais pas du tout en faire mon métier. Le personnage de Jain m’aide aussi sur scène car je suis plutôt timide en fait !
Ton premier EP compte quatre titres aux sonorités assez métissées, quand les as-tu écrits ?
C’est un disque qui a grandi avec moi, certains titres sont anciens tandis que j’ai écrits « Makeba » et « Hope » l’année dernière. C’est vraiment une évolution, un disque composé dans divers pays entre Paris, Abou Dabi et Pointe Noire au Congo.
Tu es donc une vraie globe-trotteuse !
J’ai dû suivre ma famille lors de leurs déplacements et cela a forcément influencé ma façon de voir la musique.
En plus de la musique que tes parents ont pu distiller à la maison, quels sont tes artistes fétiches à toi ?
J’ai énormément écouté de musique africaine lorsque j’ai habité au Congo, ce que n’écoutaient pas trop mes parents mais aussi du rap, du hip-hop, de la musique electro… Coté rap, j’adore Method Man, Eminem, A$ap Rocky, Kendrick Lamar…
C’est Yodelice qui a réalisé ton EP, vous vous connaissez de longue date ?
Depuis environ sept ans grâce à mon manager qui a entendu mes premières démos sur Myspace, mais cela fait seulement deux ans que nous nous sommes rapprochés à nouveau, après que j’ai travaillé et amélioré mes connaissances en beatmaking et ma composition. Entre-temps j’ai pu me créer un petit laboratoire sonore avec des machines et cela m’a permis d’aller plus loin et d’élargir mon champ d’action.
Il s’est donc passé pas mal de temps depuis tes premiers émois musicaux…
Entre-temps je suis rentrée à Paris, j’ai dû passer mon bac, passage obligatoire pour mes parents, je n’étais pas sûre de me lancer réellement dans la musique car cela me semblait un peu compliqué. Ce qui m’intéressait surtout c’était le graphisme, alors j’ai suivi une prépa en art à l’atelier de Sèvres, c’est d’ailleurs là que j’ai abouti plus le projet, je ne voulais pas montrer n’importe quoi aux gens mais quelque chose qui me ressemble vraiment. Mais je voulais que cela reste ma création. J’ai d’ailleurs créé le personnage à 6 bras pour la pochette du EP avec cette petite robe.
Avec qui as-tu travaillé pour ton premier album ?
Le disque a été réalisé par Yodelice mais aussi un producteur jamaïcain dénommé Don Corleone : je suis d’ailleurs partie là-bas et c’était une super opportunité, j’écoute moi-même pas mal de reggae. Quant à la pochette, elle n’est même pas terminée !
L’un de tes morceaux s’intitule « Makeba » en rapport avec la fameuse Miriam Makeba, quels sont tes autres références fortes en matière de musique africaine ?
Fela Kuti car c’est lui qui a quand même inventé l’afro-beat et lorsque j’écoute ses disques je les trouve beaucoup plus modernes que les productions actuelles, la chanteuse malienne Oumou Sangaré que j’adore : je ne comprends pas ce qu’elle dit mais dès qu’elle chante cela me donne envie de pleurer, Salif Keita aussi…
Quelle est la différence majeure entre ton EP et ton album ?
C’est vraiment une extension du EP mais il y a déjà le coté reggae en plus. Je suis allée dans des univers divers, du rap à la folk en passant par la pop et même des balades ! C’est un mélange de tous les styles que j’aime.
Quels sont les artistes que tu écoutes en ce moment ?
Je ne vais pas trop sur SounCloud en ce moment mais j’ai deux albums que j’écoute en boucle : c’est Tame Impala qui me bluffe complètement mais aussi le nouvel album de Foals.
Merci Jeanne, et longue vie à Jain !
JAIN
Hope
(Sony Music)