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L’exceptionnelle double sélection Modzik pour sonoriser ce weekend.

 

Comme nous n’avons pas pu publier la semaine dernière, du fait d’une défaillance de notre hébergeur, nous publions notre sélection de la semaine dernière avec celle de cette semaine.

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FKA TWIGS – CHEAP HOTEL

FKA Twigs ne revient jamais là où on l’attend. Après l’introspection lyrique de Magdalene (2019) et la lumière désinhibée de Caprisongs (2022), elle fait table rase avec EUSEXUA (2025), son projet le plus frontal. Tahliah Barnett, toujours entre le mythe et la mutation, redéfinit une fois de plus son langage : entre orgasme sonore, rave chamanique et rituel de renaissance. Cheap Hotel s’impose comme le fer de lance d’un nouveau chapitre : EUSEXUA Afterglow, annoncé comme un véritable album, et non une simple version deluxe. Twigs le décrit comme « une cascade viscérale, alors que vous quittez la rave à la recherche de votre prochaine merveille… Donnez-lui votre consentement pour embrasser, éclabousser et caresser votre peau nue. EUSEXUA vous a dépouillé, ses conséquences sont avides, brutes, prêtes à être adorées ». Un message cryptique, à son image. Avant même de poser le pied sur les scènes européennes, la tournée connaît un faux départ : plusieurs dates nord-américaines (Chicago, Toronto, New York) sont annulées en raison de problèmes de visa. Twigs s’excuse publiquement, mais l’impact est réel. Heureusement, la suite rétablit l’équilibre. La tournée européenne – Berlin, Paris, Londres – est un retour en grâce. Elle y propose un show ambitieux, fusion d’esthétique clubbing 90s et de sensualité post-cyber : lumières stroboscopiques, danse organique, immersion totale. Plus qu’un concert, une possession collective comme à We Love Green, où elle a littéralement envoûté le public. Avec Cheap Hotel, accompagné d’un clip co-réalisé avec Jordan Hemingway, Twigs ouvre les portes d’un nouvel espace où la musique caresse autant qu’elle trouble. La vidéo, longue de plus de sept minutes, met en scène les Clermont Twins dans un univers trouble et stylisé, incarnant cette idée chère à Hemingway que genre, sexualité et expression ne font qu’un dans la quête d’égalité et de vérité. Sur le plan sonore, Cheap Hotel reste fidèle à la signature FKA Twigs : voix éthérées, textures fragiles, tension sensuelle et charnelle. Si EUSEXUA représentait le dépouillement, Afterglow s’annonce comme le prolongement d’un monde où l’on apprend à vivre avec les restes du vertige. (LFC)

Cheap Hotel est disponible via Young Recordings/Atlantic/Warner.

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UFO – UFOs

Non, ce n’est pas le nouveau single de Phoenix… Après plusieurs jours de teasing maîtrisé, UFO, le projet éphémère réunissant Phoenix et le duo Braxe + Falcon, atterrit enfin sur les plateformes. Un seul titre, un seul message : « six amis, une chanson, des souvenirs infinis ». Pas besoin de plus. UFO est un tube immédiat, taillé pour prolonger l’été malgré les premières frimas et pluies d’automne. Sur une production doucement rétro, entre nappes de synthés feutrés et tempo mid-disco, la voix de Thomas Mars plane, reconnaissable entre mille. « I don’t believe in miracles but I do believe in UFOs » : un refrain simple, entêtant, à la frontière du kitsch et de la mélancolie, comme Phoenix sait si bien le faire. Le morceau sonne comme un point de jonction entre les mondes : la pop solaire des Versaillais et les textures électroniques élégantes des cousins Alan Braxe et DJ Falcon, piliers historiques de la French Touch. Ensemble, ils signent un titre qui évoque autant leur EP Step by Step (2022) que les meilleurs souvenirs des années Wolfgang Amadeus Phoenix. Réalisé par Warren Fu, le clip joue sur la corde sensible avec un collage de souvenirs d’enfance et d’archives personnelles. Une capsule de nostalgie douce, comme une lettre adressée à eux-mêmes. Si ce projet n’existe que pour un seul morceau, alors UFO pourrait bien rejoindre le panthéon des one-shots inoubliables, à la manière de Stardust et son Music Sounds Better With You. Un coup de maître furtif. (LFC)

UFOs est disponible via Domino/Smugglers Way/Loyauté.

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VERNIS ROUGE – LA FILLE

Vernis Rouge nous avait captivés lors de ses deux concerts piano-voix à guichets fermés, en juin dernier, au Supersonic Records. Sur scène, l’urgence de la musique se faisait sentir comme une nécessité vitale, un refuge devenu essentiel depuis son arrivée en France. Son premier EP Intro, qui incluait le duo électrique C’est quand même fou avec le Belge Allan Wédé, dessinait les contours d’une artiste singulière, à la croisée du rock, de la pop et d’une intensité charnelle rare. Plus récemment, le remix avec Mosiman Bande Organisée nous entrainait sur d’autres territoires musicaux. Aujourd’hui, elle revient avec La Fille, un véritable manifeste féminin, qu’elle décrit comme « le titre le plus important de ma vie, révélateur de tout ce que je suis et de ce qu’est Vernis Rouge ». Une déclaration d’intention, et l’annonce du prochain album attendu pour la rentrée. « Je suis la fille que tout le monde attendait » : ces mots ouvrent la chanson, chantés sur un air de comptine. Une innocence trompeuse vite bousculée par une basse lourde, qui introduit une montée en tension jusqu’à l’explosion finale d’un rock parlé-chanté, fiévreux, qui se clôt sur une phrase coup de poing : « la seule que tu n’auras jamais ». Le clip, réalisé par Marceau Uguen, accompagne cette montée en tension avec une esthétique à la fois brute et poétique. Avec La Fille, Vernis Rouge assume pleinement ses contrastes : des inspirations urbaines, une sensibilité romantique, une puissance d’expression sans filtre. Et laisse présager un album aussi intime que brûlant. (LFC)

La Fille est disponible via Vernis Recordings/RCA/Sony Music.

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THUNDERCAT – I WISH I DIDN’T WASTE YOUR TIME

Avec I Wish I Didn’t Waste Your Time, Thundercat pousse encore plus loin son introspection à travers un clip en animation aussi étrange que fascinant. On y retrouve l’artiste assis face à ses pensées, enfermé dans une boucle mentale illustrée par une métaphore visuelle marquante : il ouvre sa boîte crânienne pour disséquer son propre cerveau, en quête de réponses, avant que celui-ci ne reprenne sa place avec désinvolture. La scène se répète inlassablement, traduisant l’engrenage des idées fixes et la spirale dans laquelle nous tombons lorsque nous réfléchissons trop. Fidèle à son univers, Thundercat allie humour absurde, fragilité et dérision dans une création qui frappe autant par sa sincérité que par sa singularité visuelle. Cette sortie s’accompagne d’un second titre, Children of the Baked Potato, en duo avec Remi Wolf, qui vient confirmer la vitalité et l’éclectisme de son univers musical. (SK)

I Wish I Didn’t Waste Your Time disponible via Brainfeeder. En concert le 18 mars à Paris (Salle Pleyel).

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KAIA FINCHER – SOMETHING NEW

Kaia Fisher vit aujourd’hui à Brighton, cette ville emblématique de la scène émergente, notamment grâce à son festival annuel The Great Escape. Née en Ukraine sous le nom d’Anzhelika Bugaiov, elle étudie le chant au département pop du conservatoire de Kiev, tout en nourrissant une préférence marquée pour les compositions jazz. En 2014, elle se fait remarquer avec son premier groupe Lika Bugaeva, dont l’album est salué comme l’un des meilleurs disques ukrainiens de l’année. L’année suivante, le projet évolue et devient Zetetic : un nouveau nom, une nouvelle direction. Anzhelika compose tous les titres dans une esthétique alternative, mêlant rock expérimental, alt-rock, pop-rock et ambient électronique, fortement teintée d’influences 90’s. Cinq albums plus tard, elle s’émancipe de la formule groupe pour devenir Kaia Fisher et s’installe en Angleterre. Elle y signe trois nouveaux titres, dont le single Something New, point de départ d’un virage artistique plus affirmé : « Je voulais écrire autrement, explorer d’autres styles » et aussi affirmer sa queerness. Son rêve : jouer sa musique partout dans le monde, en live et faire grandir son projet dans un espace où « musique, mode et culture se rencontrent ». Kaia Fisher revendique une vision de l’art sans compromis : « Pour moi, être artiste, ce n’est pas répondre aux attentes, c’est s’exprimer pleinement, sans peur. Ma musique incarne cette énergie : la liberté, l’acceptation de soi, et le courage de vivre sans se limiter. Je veux que ceux qui l’écoutent ressentent la même chose : cesser de se rétrécir, prendre de la place et célébrer qui ils sont. C’est la flamme qui anime tout ce que je fais et ce n’est que le début ». Son style atmosphérique est porté par des synthés enveloppants, aux textures chaleureuses. Certaines attaques de voix rappellent celles de Lana Del Rey. Sa musique s’adresse à celles et ceux qui ont déjà eu peur de s’ouvrir. Elle ne prétend pas apporter toutes les réponses, elle se contente de vous tenir compagnie dans l’inconnu. (LFC)

Something New est disponible via Kahia Fincher (autoproduit).

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COLINE RIO – MANTEAU CHAGRIN

Coline Rio dévoile Manteau chagrin, nouvel extrait de son album Maison, attendu le 10 octobre 2025.
Né spontanément le dernier jour d’enregistrement, ce morceau, non prévu à l’origine, s’est imposé comme une évidence. Il évoque, avec retenue et intensité, la douleur sourde d’une peine amoureuse, comme un manteau trop lourd que l’on continue de porter. Avec Maison, Coline poursuit la chronique de son intimité amorcée dans Ce qu’il restera de nous, son premier album, où elle posait les bases d’un univers tendre, mélancolique et lucide. Ce nouvel opus élargit sa palette émotionnelle et musicale, tout en affirmant une voix singulière. Composé entre retraites artistiques et moments de vie, Maison est traversé par une quête de sincérité et d’équilibre. Parmi les douze titres, Lettre à soi occupe une place centrale. Dans cette chanson, Coline s’adresse à la personne qu’elle deviendra, pour ne pas oublier ce qui l’anime : vivre, aimer, douter. Une lettre tournée vers l’avenir, mais ancrée dans l’essentiel. L’album suit un chemin intérieur, chaque titre marquant une étape : l’acceptation (Sous la peau), l’affirmation de soi (Ma maison), la solidarité (Capitaine), l’engagement (Les louves, La nouvelle lune), ou encore l’amour liberté (Ami-amant). Aux côtés de son complice Stan Neff, co-réalisateur, Coline a façonné un disque itinérant : premières prises au calme, en pleine campagne ; rythmiques enregistrées aux mythiques studios Ferber avec Raphaël Chassin et Martin Gamet ; finitions à Paris dans le studio de Stan, et cordes captées à Skopje avec un orchestre de 26 musiciens. Une œuvre conçue avec soin, dans un esprit de justesse et d’écoute. « Cet album rassemble tout ce qui, aujourd’hui, compte profondément pour moi. Il parle d’ancrage, d’épanouissement, de cet âge adulte qui s’impose doucement. La maison, c’est celle qu’on se construit en soi », confie Coline Rio. Avec Maison, Coline poursuit son chemin d’artiste sensible et engagée, toujours en résonance avec son époque. Une nouvelle fois, elle transforme sa fragilité en lumière et nous ensorcelle. (LFC)

Manteau chagrin est disponible via Baronesa/Sony Music. En tournée à l’automne.

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KID CUDI – MR. MIRACLE

Si Kid Cudi nous avait déçu lors de son passage à Rock en Seine, il séduit cette fois avec un court-métrage qu’il a écrit, réalisé, et dont il a composé la musique, avec la participation de LaKeith Stanfield, star de Sorry to Bother You. Ce morceau est extrait de son tout nouvel album Free, treizième opus sorti le mois dernier. On y retrouve aussi le premier single onirique Neverland , accompagné d’un court-métrage réalisé par Ti West, figure culte du film d’horreur, ainsi que le second single Grave, filmé par Samuel Bayer, célèbre réalisateur derrière le classique Smells Like Teen Spirit  de Nirvana. Kid Cudi a traversé des sommets et des abîmes. Il s’est livré sans filtre, aidant des millions de fans en chemin, devenant l’un des pionniers du rap emo. « Je voulais que ce soit une lettre d’amour à mes fans, car ils sont en partie responsables de ma paix intérieure », confie-t-il. C’est donc tout naturellement qu’il revient sur ses terres, la House of Blues de Cleveland, pour ce court-métrage. Tourné en noir et blanc, le film s’ouvre sur une scène d’intimité, Cudi se préparant mentalement en coulisses avant de monter sur scène. Le récit bascule ensuite en une performance live grunge. Quand il pose le micro, les lumières s’éteignent, laissant place à une obscurité d’abord pesante, puis traversée par un faisceau lumineux qui l’éclaire, un véritable symbole d’espoir. Le court métrage Mr. Miracle est déclaration sincère entre ombre et lumière, Kid Cudi, fidèle à lui-même, signe ici un retour émouvant, à la croisée du son et de l’image. (LFC)

Mr. Miracle est disponible via Wicked Awesome Records/Republic Records/Universal.

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CANINE – SWALLOWS

Derrière Canine se cache Magali Cotta, musicienne, compositrice et productrice originaire de Nice. Formée au conservatoire, elle trace un parcours singulier, porté par une exigence d’indépendance artistique. Canine est un projet hybride : à la fois personnage, performance chorale et espace d’exploration sonore. Elle brouille les pistes entre le « je » et le « nous », entre le corps et la voix. Avec deux albums au compteur, Dune (2019) et Source (2022), Canine opérait une transformation profonde. Là où Dune érigeait un univers tendu, percussif, traversé de voix filtrées et de polyphonies tribales, Source s’en détachait avec douceur. Les textures y étaient plus organique et les arrangements plus aérés. Les textes sont passés du combat à l’acceptation. Le morceau Swallows poursuit ce travail d’évolution, musicale et visuelle tout en proposant une forme de synthèse. On assiste à une évolution du corps tendu vers l’émotion libérée d’une force contenue vers une lumière assumée. Cette mutation s’incarne puissamment dans la chorégraphie d’Amalia Salle, où le corps des femmes s’affirme et s’élève. Canine délivre des expériences sensibles, collectives, viscérales. « Je vois que je suis l’espoir et ce n’est qu’une question de jours, nous n’arrêterons pas, il suffit de faire fleurir la fleur. » (LFC)

Swallows est disponible via TinNinNinNin.

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ENOCK – J’AIME

Originaire de Perpignan, ENOCK continue de dessiner son itinéraire musical avec assurance : après des passages remarqués aux festivals comme Rose Festival ou V&B Fest, et des premières parties pour A2H, Zola ou Gros Mo, il revient avec J’aime, le premier single d’un triptyque d’EP à venir, structuré autour d’une narration émotionnelle forte. Le clip de J’aime déploie une atmosphère cinématographique léchée, où les tensions d’une relation amoureuse se révèlent dans les silences, les regards et les souvenirs. ENOCK y expose les fluctuations du cœur : le manque, les attentes, la nostalgie, les images du passé qui surgissent et se mêlent aux doutes du présent. Le visuel apporte une profondeur qui répond parfaitement à ses paroles, mettant en valeur ses émotions sans fioritures inutiles. (SK)

J’aime est disponible via GREY.

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ÁSGEIR – FERRIS WHEEL

Avec Julia, son prochain album annoncé pour février 2026, Ásgeir amorce un virage décisif : pour la première fois, il signe seul les paroles de l’ensemble des chansons. Habitué à collaborer avec des poètes, traducteurs ou membres de sa famille, l’auteur-compositeur choisit ici de se confronter directement à sa propre voix. Ce choix donne naissance à un album plus intime, porté par une écriture introspective. En dix titres, Julia explore le deuil, l’oubli de soi, les espoirs à rallumer, la mémoire des amours passées et l’idée de réinvention. Le premier extrait, Ferris Wheel, véritable point d’équilibre de l’album, cristallise cet élan vers le renouveau. Inspirée de discussions avec sa compagne sur la liberté et les rêves à retrouver, la chanson évoque le désir de quitter ce qui enferme pour imaginer autre chose. « Il s’agit de rêver à nouveau », dit-il, « et c’est quelque chose que je ne m’autorisais plus à faire ». Côté production, l’album a pris forme sur près de deux ans, dans un va-et-vient constant entre épure et détail. Enregistré avec son complice de longue date Guðmundur Kristinn Jónsson, Julia semble favoriser une approche acoustique, parfois dépouillée, souvent guidée par la guitare. Des arrangements discrets, nappes de cordes, touches d’orgue, cuivre ou steel guitar, viennent enrichir les morceaux sans les alourdir. Le violoncelliste américain Nathaniel Smith y apporte une dimension sensible et imprévue. On y retrouve une folk épurée, nourrie de textures électroniques et d’arrangements soignés. Mais ici, la production cherche davantage la clarté. Les guitares acoustiques, les claviers discrets et la voix en avant créent un juste équilibre. Julia sera, sans nul doute, traversé par une tension sereine : celle d’un artiste qui, sans renier sa signature mélodique ni son goût pour les atmosphères ouatées, ose désormais se montrer sans médiateur. Un disque de maturité, entre retour à soi et ouverture vers l’inconnu. « C’était effrayant. J’essaie encore de me trouver dans ce processus. Mais j’ai essayé de m’ouvrir et j’ai beaucoup appris, et cela a été définitivement thérapeutique pour moi. » (LFC)

Ferris Wheel est disponible via One Little Independant Records. En concert avec EIVØR à Paris (Casino de Paris) le 28 septembre, Metz , le 30/09, Rouen, le 01/10, Marseille, le 02/10, et Balma, le 03/10.

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MEREKI – SUNFLOWER SMILE

Avec Buttercup, Mereki signe un deuxième album à la fois plus ancré et plus intime, un disque qui délaisse les ambiances aériennes de Death of A Cloud pour quelque chose de plus incarné. Là où son premier projet semblait flotter dans une certaine abstraction poétique, ce nouveau chapitre est sans doute plus terrien. On retrouve cette voix de femme-enfant, qui n’est pas sans évoquer la Kate Bush des débuts, à la fois fragile et habitée. Ce qui change profondément ici, c’est l’approche de l’enregistrement. Alors que l’ensemble des titres était déjà finalisé, Mereki décide de tout reprendre avec les musiciens de son groupe live : « J’avais déjà réalisé l’album, mais après avoir interprété les chansons en live avec un nouveau groupe, j’ai décidé de revenir et de réenregistrer. Je suis tombée amoureuse de l’esprit que nous avions trouvé en jouant ensemble et je voulais vraiment essayer de le capturer, c’était spécial ». Enregistré à Londres, dans l’atmosphère chaleureuse du studio de Friar Park, Buttercup s’est construit autour d’un groupe hétéroclite mêlant jeunes figures de l’indie et invités notables (Dhani Harrison, Fred Armisen, Sam Stewart), qui viennent enrichir les morceaux sans jamais les dénaturer. L’album respire l’authenticité : les chansons conservent la fraîcheur de leur écriture initiale, souvent née dans des espaces simples, une chambre, un canapé… Si l’on est en terrain connu avec le lumineux Sunflowers Smile, une ballade qui incarne bien l’ADN du disque, on est agréablement surpris par la dominante très rock d’un titre comme Save Yourself, qui insuffle une tension nouvelle à l’ensemble. Buttercup réussit le pari de convoquer des influences assumées, folk 70s, ballades mélancoliques, pop artisanale indie sans jamais tomber dans la reconstitution nostalgique. Le résultat est un disque profondément actuel, qui puise dans le passé pour mieux dire le présent. Buttercup est un album sensible, organique, rempli de lumière, à l’image de l’élan collectif qui l’a fait naître. (LFC)

Buttercup est disponible via Bunbun Records.

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MYRA – REBETIKO

Avec Rebetiko, Myra nous entraîne dans un voyage à la fois musical et intime, nourri des couleurs de la Méditerranée. Entre héritage populaire grec et inspirations personnelles, elle compose un titre où la nostalgie se mêle à la quête de sens. Le clip, réalisé avec la complicité d’Arnaud Ele, met en lumière des scènes simples et solaires, comme autant de fragments de mémoire estivale, et célèbre la beauté d’un quotidien épuré. Ce retour attendu marque une étape importante avant la sortie de son premier album : un projet qui s’annonce comme une exploration des racines et de l’identité. L’artiste avoue : « J’ai le mal d’un pays que je connais mal, alors je cherche dans mon art ». Un aveu touchant qui donne toute sa profondeur à ce morceau où l’intime rejoint l’universel. (SK)

Rebetiko est disponible via Smart Kid Corporation/Labréa/Turenne Music. En concert le 22 janvier 2026 à Paris (la Cigale).

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LOLA YOUNG – WHO F**CKING CARES?

Lola Young, la Londonienne sans filtre, livre avec I’m Only F**king Myself son troisième album, peut-être le plus brut à ce jour. Elle y dresse le portrait sans concession d’une vingtenaire en proie à l’ennui, l’angoisse et aux excès. Avec sa voix rauque et sa plume acérée, elle aligne les confessions sur ses conquêtes, ses erreurs et ses failles, dans un mélange de pop alternative et de rock lo-fi. « Je veux juste baiser des mecs qui ne m’aiment pas », lâche-t-elle dans F**K EVERYONE ; dans d£aler, elle fantasme une fuite sans retour : « Je veux m’enfuir loin d’ici / Dire à mon dealer qu’il me manquera ». Après le succès viral de Messy, Young est entrée en cure de désintoxication pour soigner sa dépendance à la cocaïne. Mais même sobre, elle ne perd rien de sa grande gueule. Dans Walk All Over You, elle crache à son ex : « Tu m’aimais pour ton ego ; je t’aimais pour toi », sa voix multipliée enveloppant ses piques d’un éclat vénéneux. L’album se clôt sur Who Fucking Cares?, morceau le plus dépouillé et sans doute le plus intense. Écrit et enregistré sous forme de mémo vocal, voix-guitare, il capte ces pensées circulaires qui précèdent le basculement. Elle y évoque l’image de soi abîmée, les médicaments inefficaces, la solitude choisie par fatigue et cette zone floue entre lutte et abandon. Le refrain “Who fucking cares?” surgit comme une question sans réponse, entre résignation et provocation. Mais derrière l’ironie amère, une lueur subsiste : “Someday I might get there”. Ce n’est pas un hymne à la guérison, mais le constat d’un présent vacillant, porté par un espoir discret, fragile, mais tenace. Entre pop alternative, rock lo-fi et ballades lo-fi improvisées, Lola Young dessine un univers sonore aussi désordonné que sincère dans un album direct, personnel, qui oscille entre autodérision et mise à nu. (LFC)

I’m Only F**king Myself est disponible via Day One/Universal. En concert à Paris (Olympia) les 1er et 2 juin 2026.

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