Sous la tutelle de Gilles Peterson et avec l’appui du projet Havana Cultura, le 18 novembre dernier voyait la sortie d’un triple vinyle, Havana Cultura Anthology, regroupant une sélection de vingt-trois pistes emblématiques, célébrant huit années de recherche musicale et d’expérimentation mettant en vedette l’avant-garde musicale cubaine.

En 2008, le DJ et globe-trotter Gilles Peterson a été approché par le mélomane à la barre de Havana Cultura – une initiative du producteur de rhum pour présenter et soutenir la créativité cubaine -, l’invitant à Cuba pour découvrir la musique underground de La Havane en vue de réaliser un album. Alors que certains associent bêtement Cuba à la salsa ou au Buena Vista Social Club, il y avait une nouvelle génération d’artistes grouillant d’idées, et n’attentant que l’occasion de révéler leur talent à la face du monde.

Ce premier voyage, en 2008 donc, a été le début de ce qui a été une collaboration longue de huit ans entre Peterson, son fameux label Brownswood Recordings et la plateforme culturelle Havana Cultura. Elle a d’abord vu la sortie de Havana Cultura: New Cuba Sound, un double-album acclamé qui comprenait des productions originales et une pléthore de morceaux existants constituée des différents genres reflétant la diversité musicale de Cuba : le jazz, le hip-hop, le reggaeton, etc.


De là s’enchaîne la première édition de Havana Cultura Sessions, une sortie solo de Danay Suarez, dont le talent a éclaté durant les sessions pour la compilation New Cuba Sound, est venue ensuite. Suivi de près par Havana Cultura Remixed, ouvrant alors des ponts entre Cuba et la culture club mondiale, notamment grâce à des remixes de Louis Vega et 4 Hero. En 2011 sort dans les bacs Havana Cultura: The Search Continues, la tentative suivante de creuser profondément dans les différents coins de la scène musicale contemporaine de l’île.


Un pionnier dans son genre ne tarde pas à se joindre à Peterson en la personne de Mala, artisan du dubstep made in UK. En résulte  des enregistrements et des sessions avec des artistes cubains qui fondent la base de l’album Mala in Cuba, mariant la culture soundsystem britannique avec les profondes possibilités rythmiques de Cuba.


L’EP de Daymé Arocena qui a suivi a été la première sortie solo d’une chanteuse et chef de chœur qui avait été trop jeune pour enregistrer quand Peterson et l’équipe Havana Cultura avait rencontré sa voix étourdissante. Avec un nouvel album de Daymé Arocena prévu pour le 10 mars 2017 (et un concert au New Morning de Paris le 13 avril), la série Havana Cultura continue d’être vitale dans la recherche du meilleur que la scène musicale cubaine contemporaine a à offrir.


« Nous sommes fiers de nos origines cubaines. La Havane est l’un des sites culturels les plus

actifs de l’île – surtout quand il s’agit de musique – et nous étions impatients de donner une plus grande voix à une génération de jeunes artistes dont le travail est décidément moderne, mais bien ancré dans la richesse de la musique traditionnelle cubaine. » explique François Renié, qui dirige Havana Cultura.

Gilles Peterson quant à lui se souvient :

« Le projet Havana Cultura m’a donné l’opportunité de pénétrer dans un pays qui m’avait longtemps intrigué puisque je cherchais des disques latins dès mes débuts de DJ. Depuis la première sortie jusqu’à maintenant, j’ai travaillé par le prisme de cet esprit Buena Vista Social Club pour montrer une nouvelle génération d’artistes en l’ouvrant à un public aussi large que possible. En choisissant les pistes pour cette anthologie, je voulais montrer le Cuba moderne aux côtés des remixes, le mettant dans le contexte d’une club culture globale. »