«  Un duo qui a du nez  »

Couple de créateurs de parfums de renom ayant travaillé pour les plus grandes maisons (Tom Ford, Burberry, Comme des Garçons..), ANTOINE & SHYAMALA MAISONDIEU tiennent une place à part parmi les ‘nez’, ces faiseurs de nouvelles senteurs. Leur dernier challenge en date   ? Ils se sont attaqués à la tâche ardue de donner une suite à l’aventure Only The Brave de Diesel avec ce nouveau parfum intitulé Wild. Pas facile de suivre une ligne olfactive si marquée tout en y apportant une vraie touche personnelle. Nous avons cherché à en savoir plus sur leur processus de création…

Vous êtes un couple de créateurs de parfums   : comment se déroule l’interaction entre vous   deux   lors de la création ? Vous êtes complémentaires? Dans quelle mesure?
Nous sommes très complémentaires, mais nous avons une chose un commun   : nous sommes tous les deux très curieux, nous aimons essayer et associer des choses différentes sans avoir peur, expérimenter, oser, être un peu «   wild   ». Sinon, Antoine a un style très raffiné, sophistiqué, et délicat de création, alors que j’ai (Shyamala) un style plus brut, puissant, coup de poing et exotique.

Vous avez travaillé avec de nombreuses marques (Comme Des Garçons, Tom Ford, Burberry..): qu’est-ce que Diesel a de particulier que vous deviez infuser dans cette création?
Diesel est une marque audacieuse, osée, qui s’adresse à un public jeune, en âge ou en esprit, ouvert, «   fun   », libre. Et la création est induite par cette liberté d’expression et cette audace.

Plus généralement nous avons vécu de nombreuses années où les parfums étaient assez semblables mais depuis quelques temps, les jus semblent de nouveau plus marqués et différents. Êtes-vous d’accord avec cette analyse et pouvez-vous nous en dire plus? Quelle est pour vous la dernière tendance?
Si nous regardons bien l’histoire, il y a toujours eu des parfums qui ont cassé les codes de l’époque et encore plus de parfums qui ont suivi la tendance, et d’ailleurs assez semblables entre eux. La seule différence c’est que, aujourd’hui, nous avons beaucoup plus de lancements, du coup plus d’opportunités et de pression aussi pour être innovateurs, créatifs, mais aussi vendeurs. C’est une question de référence, il y a plein de jus marqués et différents lancés récemment, grâce aux marques qui osent comme Diesel, aux niches, au fort besoin de différentiation et d’identité au milieu de ce tourbillon de lancements, au consommateur lui-même qui cherche de son côté à réaffirmer son identité et individualité avec des parfums uniques et qui lui ressemblent, mais c’est aussi vrai qu’il y a toujours beaucoup de parfums similaires. Pour nous la dernière tendance c’est d’élargir les champs olfactifs pour les deux sexes   : les parfums masculins qui évoluent sur des facettes traditionnellement plus féminines, fruitées, et les parfums féminins qui évoluent sur des facettes traditionnellement plus masculines, boisées ambrées. Du coup, sans être unisexe, la parfumerie masculine et féminine apprennent l’une de l’autre ce qui fonctionne pour l’assimiler. Tous deux deviennent de plus en plus sensuels.

 Le fait que la marque Diesel possède un ADN assez subversif était-il à prendre en compte? Dans quelle mesure? Comment cela se traduit-il dans ce jus?
Oui, bien sûr   ! Le côté subversif de Diesel nous a inspiré pour créer un parfum qui casse les codes de la parfumerie classique à travers une nouvelle fougère, originale, rebelle, insolente. Mais aussi la senteur de l’accord noix de coco – citronnelle – bois de cèdre, choisi pour son originalité, côté sauvage, et sensualité avec une facette brute.

Comment avez-vous réalisé l’équilibre entre le coté nature et le coté urbain de ce parfum?
En laissant chaque côté vivre autant que l’autre, en donnant la même importance aux deux. Nous avons travaillé le côté nature à travers l’accord bois de coco qui structure le parfum, très brut, vert somptueux, mélangé à plusieurs autres matières premières naturelles   ; et le côté urbain à travers des bois vibrants et des notes citriques, comme le pamplemousse et la citronnelle, qui ensemble apportent énergie, dynamisme et puissance au parfum.

Vous avez choisi d’innover avec une nouvelle forme de “jungle fougère”. Cela avait-il déjà été fait auparavant   ?
Antoine Maisondieu:
Pas que je sache (rires). La fougère traditionnelle contient généralement de la lavande, du géranium, de la fève tonka, de la coumarine et de la mousse d’arbre. La «   jungle fougère   » offre une coumarine crémeuse, twistée par le lait de coco   ; un cœur de géranium et de lavande twisté par la citronnelle et le pamplemousse   ; et son côté boisé remplace la mousse d’arbre par du bois de cèdre et du santal australien. Donc c’est une fougère avec de beaucoup de nouvelles facettes sauvages.
Shyamala Maisondieu:
Je veux dire c’est une fougère parce qu’il contient de la lavande et du géranium, qui sont globalement les codes de cette famille, mais d’une manière différente des fougères traditionnelles, il apporte la fraicheur par les épices plutôt que par des notes aromatiques. En tête il a une overdose de bois de cèdre plutôt que de la mousse, le tout twisté par le lait de coco. Le résultat est une fougère essentiellement sensuelle, très unique et boisé.

Qu’est-ce que vous préférez dans le parfum en lui-même   ? Et dans le projet  ?
Shyamala Maisondieu:
Ce que je préfère dans ce parfum c’est l’accord lait de coco qui me rappelle mon pays, mais aussi son originalité et sa sensualité avec une facette brute.
Ce que je préfère dans ce projet c’est son côté sauvage et la liberté d’expression.
Antoine Maisondieu:
La liberté d’expression avant tout, parce que créer un parfum est un processus créative, c’est notre art, et ça me rend heureux quand une marque comme Diesel, respecte et stimule l’originalité d’une création, tout le monde y gagne : le parfumeur qui peut exprimer ses sentiments, son art, la marque qui se démarque sincèrement pour ses valeurs d’originalité et de créativité, et les consommateurs qui ont la chance de pouvoir essayer quelque chose de vraiment nouveau, de pouvoir se surprendre et sortir de l’ordinaire.