La Fashion Week est l’événement mode le plus attendu de l’année, entre l’attente des nouvelles collections des grandes maisons, et l’émergence de nouveaux créateurs talentueux et prometteurs. Le Tokyo Fashion Award, équivalent japonais du Prix LVMH, donne de l’élan aux designers nippons. Cette année, les lauréats ont eu l’opportunité d’exposer leurs collections au Showroom Tokyo lors de la semaine de la mode parisienne.

 

 

 

Tokyo Fashion Award – 22 janvier 2025

 

 

Le Tokyo Fashion Award sélectionne quelques marques tokyoïtes, ayant un potentiel de croissance sur le marché international en soutenant leur expansion à l’étranger. L’objectif du prix est de promouvoir ces créateurs de mode, dans le monde entier en soutenant activement leurs activités. Le prix met à disposition des réunions d’affaires entre les créateurs et acheteurs afin de développer leur activité à l’échelle mondiale. Pour donner plus de visibilité aux jeunes talents, leurs collections ont été exposées au showroom.tokyo le temps de la semaine de la mode parisienne. C’est donc pour cette occasion, que Modzik s’est rendu le 22 janvier dernier au showroom.tokyo pour découvrir les collections des créateurs vainqueurs du Tokyo Fashion Award. La saison Automne/Hiver 2025-2026 est consacrée aux vêtements masculins, catégorie peu mise en avant. Sept marques de mode masculine y étaient exposées : Kanemasa Phil, Paratrait, Tamme, Tokio, FAF, Kota Gushiken, SOSHIOTSUKI. Zoom sur nos coups de cœurs Paratrait et SOSHIOTSUKI.

 

 

 

 

Paratrait 

Paratrait est lancé en 2023 par Shunta Sakai, dont le concept de la marque est de « diviser des vêtements et de les faire évoluer en créant différents portraits de mondes parallèles ». Shunta Sakai a étudié la mode à l’université de Bunka au Japon, avant de s’installer au Royaume-Uni où il obtient un master à l’Institut Marangoni de Londres. Il travaille ensuite comme styliste de mode féminine chez Alexander Mc Queen et Burberry dans le domaine des « vêtements traditionnels ». De retour au Japon après son expérience londonienne, il fonde son propre bureau de création à Tokyo. En tant que designer, il se spécialise dans le vêtement de sport et la conception de produits, collaborant avec des marques nationales et internationales, dont Daiwa.

 

Paratrait

 

Paratrait Instagram

 

Paratrait

 

Paratrait est propulsé « dans le but de créer de nouvelles valeurs qui ne peuvent être créées qu’à l’ère moderne, à la fois sur le plan fonctionnel et visuel, en utilisant mes deux expériences différentes ». La marque modernise les vêtements traditionnels en adoptant une approche technique caractéristique. « La marque crée une histoire réaliste et parallèle en utilisant les fonctions créées dans le processus et leurs effets visuels ». Pour cette collection, Shunta Sakai s’est rendu à Katmandou pour faire des recherches sur le bouddhisme indien ancien, le shintoïsme japonais et d’autres cultures qui constituent la base des coutumes japonaises actuelles. Il a été  influencé par l’idée de réincarnation, le concept de libération (de la souffrance en atteignant la plénitude ultime), que l’on trouve dans le bouddhisme et dans d’autres religions, qui, selon lui sont une forme de sagesse transcendant les histoires.

 

 

 

 

SOSHIOTSUKI

 

Soshiotsuki

SOSHIOTSUKI est en fait le nom et prénom collé de son créateur, Soshi Otsuki. Il est né à Chiba au Japon en 1990, il obtient en 2011 son diplôme de mode de l’université de Bunka, catégorie vêtements pour hommes, il fréquente également l’école privée Kokono Gakko pendant ses études dans le but de participer à l’ITS ( International Talent Support), mais il n’est pas sélectionné. Il essaie de nouveau quatre années supplémentaires, mais sans succès. S. Otsuki a alors l’occasion d’organiser une exposition avec le soutien de Parco. La collection présentée lors de ce défilé est devenue la base de sa marque. Il lance officiellement SOSHI OTSUKI (avec un espace à l’époque) grâce à cette collection automne-hiver 2015 comme première collection. La philosophie du design provient d’un intérêt personnel pour les arts de la scène classiques japonaise. Soshi Otsuki a transformé cette idée de traditions japonaises vers la mode, avec un savoir-faire artisanal détaillé pour la technique de couture. Officiellement créer en 2015 la marque est présélectionnée pour le prix LVMH des jeunes créateurs mode en 2016.

Soshiotsuki

 

Le concept de la marque est de « proposer un dandysme issu de la spiritualité japonaise et des techniques de confection ». L’identité est définie par trois éléments clés : une sensibilité japonaise distincte, l’utilisation de techniques de confection raffinées, et une vision claire du type d’homme que la marque souhaite représenter.

SOSHIOTSUKI

La collection automne/hiver 2024-25 Good Memory, est produite après avoir rencontré les travaux des collections Fushikaden d’Issei Suda, et inspirée des réflexions sur l’élégance et la vision de la vie et de la mort. Une élégance qui contient la compassion que possèdent fondamentalement les Japonais. La vision japonaise de la religion et de la moralité qui sous-tend cette élégance, ainsi que l’existence de Dieu dans la vie de tous les jours, sont incorporées dans les vêtements et dans les détails des vêtements.

La collection s’inspire de la bulle spéculative des années 1980 et 1990 au Japon. En 1989, l’éclatement de cette bulle sur le marché boursier fait entrer le Japon dans une ère de stagnation économique. Elle entraîne une récession et une déflation qui durent plus de dix ans. Généralement appelé les « 30 années perdues », le Japon connaît un déclin économique constant depuis son effondrement économique. S. Otsuki né en 1989 n’a connu le Japon qu’en décroissance. Pendant cette période, le Japon est tout de même salué comme « numéro un », car en comparaison avec d’autres pays de l’OCDE, la situation du Japon n’est pas la plus dramatique, en raison notamment d’un taux de chômage très bas, résultat du choix du pays préférant la stabilité de la société avant les exigences de productivité. Il était donc courant de voir des personnes héler un taxi avec des lasses de billets. C’était aussi une époque où les vêtements se vendaient rapidement, simplement parce qu’ils portaient l’étiquette « Made in Italy ». Cette collection reflète cette époque d’un point de vue satirique, capturant à la fois l’extravagance et l’ironie de cette période.

Si la première partie de la Paris Fashion Week est désormais clôturée, les collections de Paratrait et SOSHIOTSUKI sont disponibles sur leurs sites officiels. La présentation au showroom Tokyo, donne un avant-goût de la mode japonaise alliant élégance et tradition.

 

 

Texte Sandra Inack