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Cette saison à la Fashion Week de New York, de grands noms manquaient à l’appel. Cependant, des designers émergents nous ont montré la pertinence toujours d’actualité du plus grand évènement de mode américain.
Une Fashion Week remise en question
En cette fin de Fashion Week, des doutes s’immiscent et les critiques se font entendre. En effet, plusieurs marques qui faisaient la renommée de l’évènement new-yorkais ont décidé de déserter le calendrier officiel, présentant leur collection aux dates et endroits de leur choix. Sur la liste des absents figuraient Marc Jacobs, qui a présenté sa collection automne/hiver 2026 en juillet à la New York Public Library, Ralph Lauren, qui a organisé un défilé privé dans son studio de création un jour avant la date officielle du calendrier, et enfin Carolina Herrera, qui a opté pour un show à Madrid le 18 septembre.
Ces absences notables impactent le rayonnement et la popularité de l’évènement, comme le souligne la directrice mondiale de Vogue Runway et Vogue Business, Nicole Phelps : « Lorsque de grands créateurs comme eux s’en vont, cela signifie inévitablement que moins de gens feront le déplacement ». Les critiques les plus vives questionnent même la pertinence de la Fashion Week de New York, pointant son manque de cohésion et mettant en lumière l’idée qu’elle devrait être réduite à une saison seulement.
Il est vrai qu’en comparaison avec les Fashion Week européennes, la NYFW semble en perte de vitesse dans sa mesure à créer des tendances. Ainsi, l’institution s’est récemment associée avec le Council of Fashion Designers of America (CFDA), dans le but de redynamiser l’évènement en mettant l’accent sur de nouveaux talents.
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Un air de légèreté chez les grands labels
Le premier à avoir officiellement ouvert le calendrier de la NYFW en ce début de semaine fut Michael Kors. Le créateur américain a proposé une collection sur le thème du voyage et de l’évasion pour l’été 2026. On a pu voir des coupes larges et légères pour les pantalons et chemises, tandis que les robes avaient un effet drapé autour des hanches comme si l’on y avait noué un sarong balinais. Le ton oscillait sur camaïeu de beiges, allant du blanc cassé au marron terracotta, avec des touches de jaune et d’orange. En accessoire on a observé des sacs portés à la main, style paper bag, ainsi que des porte-cartes en collier, aussi vus chez Coach. C’est avec une élégance casual que Michael Kors nous emmène dans son tour du monde en passant par la Norvège, l’Afrique du Sud et le Maroc.
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Bilan plus mitigé pour Calvin Klein. Cette saison, Veronica Leoni présentait sa deuxième collection pour la marque avec la responsabilité de mettre en valeur la ligne luxe de Calvin Klein appelée Calvin Klein Collection. L’accent est mis sur un minimalisme moderne et élégant. On a ainsi pu voir sur le catwalk, de jolis ensembles de tailleur légèrement oversize, de longues robes à manche ballon fluide, mais également des pièces plus avant-gardistes comme cette robe blanche à effet froissée. Look par look, les silhouettes fonctionnent : certaines sont simples mais efficaces, d’autres plus mode, sont un peu too much comme ces pompoms accrochés en bas des robes. Néanmoins, la diversité de ces propositions crée un manque de cohérence dans l’ensemble, et la collection finit par être un peu difficile à lire. En tant que nouvelle directrice artistique de la marque, Leoni devrait se concentrer sur le développement d’une esthétique forte, capable de marquer sa signature au sein de la maison Calvin Klein.
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Le cool kid de la saison c’est Coach. Stuart Vevers a proposé une collection inspirée de la jeunesse new-yorkaise en insufflant un air de 90s sur le catwalk. Avec des baggy taille basse, des foulards autour du cou, et des gilets sans manches, la jeunesse avance main dans les poches dans un monde qui ne semble déjà pas fait pour elle. On notera les It-bags de la saison signés Coach, comme le sac barrel en cuir ou en denim, ainsi que les sacs baguette, pour nous replonger dans l’ambiance 90s de Sex and the City.
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Des designers engagés
Le show Collina Strada Spring/Summer 2026 s’est déroulé sur un héliport situé au sud de Manhattan. Intitulé The Shadow Behind Us (en français « l’ombre derrière nous »), le défilé explore le thème de la dualité : entre lumière et obscurité, entre ce que l’on porte et ce que l’on cache. Les mannequins défilaient par paires, portant un look identique. Seule différence : la mannequin de droite portait une version noire du look original et marchait juste derrière sa partenaire. La directrice artistique Hillary Taymour justifie cette mise en scène saisissante par une volonté de transmettre un message politique fort, elle explique : « Les pulsions les plus sombres de l’humanité ne se cachent plus dans l’abstraction ; elles prennent forme concrètement ». Une déclaration faisant référence à la situation politique américaine actuelle, où différents droits humains sont remis en question par la présidence Trump. Côté style, Taymour travaille un streetwear chic, avec des jupes ballon et des robes à volants. Un coup de génie qui lui a valu un tonnerre d’applaudissement.
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La designer qui était sur toutes les lèvres lors de cette NYFW, c’était Rachel Scott. Lauréate du prix de designer de l’année 2024 par la CFDA, elle présentait cette saison la collection Spring/Summer 2026 de sa maison Diotima, ainsi que sa première collection pour le label Proenza Schouler, suite au départ de ses fondateurs Jack McCollough et Lazaro Hernandez, partis diriger la maison Loewe. Chez Diotima, c’est une standing innovation méritée. La créatrice s’est inspirée du Carnaval de Trinidad pour créer des silhouettes à la croisée du sportswear et de la haute couture : bodies à paillette et robes en résille. Elle perçoit le Carnaval dans les traditions caribéennes, comme une forme de résistance néocoloniale heureuse, exubérante et fière. À travers Diotima, la designer souhaite rendre hommage à son héritage jamaïcain tout en dénonçant les oppressions que subissent encore les peuples des Caraïbes. Du côté de Proenza Schouler, le résultat est moins flamboyant mais tout aussi prometteur. Dans la collection, on retrouve un travail subtil sur les couleurs et les volumes, fidèle à l’esprit Proenza Schouler, mais désormais teinté de la sensibilité de Scott. Malgré quelques critiques, on a hâte de voir ce que la créatrice nous réserve pour la suite.
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/Texte Alizée Morais
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