Le créateur Shangguan Zhe présente cette semaine son quatrième défilé parisien pour la saison printemps/été 2018. Passionnés par ses créations, nous l’avions interviewé lors de son précédent défilé baptisé “Destroy” à l’occasion de la Fashion Week Homme automne/hiver 2017-2018. Tout droit sortie d’un futur post apocalyptique avec ses manteaux flanqués de slogans sombres comme « Sélection naturelle », cette collection de Sankuanz allait bien plus loin qu’une vision terrifiante d’un avenir dystopique à souhait. Les punks de sa collection n’annonçaient pas la fin des temps mais la survivance de l’homme grâce à la chimie. Si la science permet de construire des armes de destruction massive, elle est désormais capable de fournir des matériaux propres à la création. Rencontre avec celui qui imagine la renaissance après la destruction.
Destroy, c’est un nom radical pour une collection qui l’est tout autant. Ce n’est pas un pari un peu risqué quand on est jeune créateur ?
En fait, le nom de cette collection se réfère principalement à la manière dont la politique et la chimie ont changé notre monde aujourd’hui. Mais avant tout, le mot « Destroy » est là pour signifier la direction actuelle suivie par Internet et la politique, c’est-à-dire la destruction. Cependant, avec ce mot, je ne veux pas parler de destruction à proprement parler dans le sens négatif que l’on connaît, pas de manière active. C’est plutôt une manière de changer le monde que j’envisage ainsi.
Les matériaux utilisés cette saison sont assez techniques. Est-ce ta réponse pour lier la philosophie de Destroy à une création concrète ?
La collection est principalement centrée sur la chimie, du coup nous avons choisi de la mettre au cœur même des matériaux, par exemple sur les manteaux de cette nouvelle collection. En plus de ça, nous avons utilisé de nombreuses matières produite par l’entreprise DuPont, plus souvent utilisées dans le domaine de la science et dans l’industrie chimique.
Hormis le vêtement, quelle est ton ambition en tant que créateur ?
J’ai commencé à faire de la mode en 2008 et j’ai lancé ma marque Sankuanz depuis maintenant trois ans. La mode est pour moi un moyen de m’exprimer, de vous raconter des histoires. Ce qui est important pour moi, c’est de parler de quelque chose qui a vraiment du sens et d’apporter un point de vue unique sur des sujets qui parlent au public.
Ta collection faisait passer des messages très forts, voire politiques…
Je ne dirais pas que ma collection est « politique », car nous avons déjà abordé des sujets aussi forts dans nos précédentes collections. Je vois plutôt cette démarche comme un état d’esprit, un regard porté sur ce qui se passe actuellement dans le monde, ainsi que la relation entre les êtres humains. Je ne pense pas m’inscrire réellement dans le créneau politique.
Comment imagines-tu ton futur ?
Pour la suite, je souhaite continuer à interroger la relation entre l’être humain et la société. De manière plus générale, je ne sais pas si je peux vous dire exactement à quoi ressemblera le futur : sera-t-il positif, ou négatif…? Mais en tant que designer, je me vois comme un miroir. Je reflète en quelque sorte le monde dans lequel j’évolue, ce qui s’y passe actuellement. Que ce soit dans l’immédiat ou dans dix ans, j’ai envie de continuer à faire des collections et de construire de nouveaux projets qui pourront rester dans l’Histoire. Je ne veux pas faire des choses éphémères
Article originellement publié dans le numéro #51 de MODZIK, disponible ici.