Dans un numéro dédié à la mémoire de son fondateur, Hugh Hefner, Playboy immortalise sur sa couverture la modèle transgenre Inès Rau. Retour sur un geste redéfinissant les standards du genre.

Ines Rau pour Playboy

Une jeune femme habillée de sous-vêtements blancs et d’une paire de tennis assortie se détache d’un fond rouge. Le regard dirigé vers nous, sa plastique et sa pose nous rappelle les top models des années 90. Il s’agit d’Inès Rau — mannequin française d’origine maghrébine — qui pose pour la couverture de Novembre du magazine Playboy. Et ceci est loin d’être anodin pour ce numéro en hommage à son fondateur disparu le mois dernier — et qui en profite aussi pour suggérer un futur progressiste. Reprise par son fils Cooper Hefner, la publication montre qu’elle est prête à mettre en avant des individus loin des normes cisgenres (ou quand le genre est en adéquation avec le sexe assigné à la naissance). En effet, face à un public viriliste traditionnel, cet acte n’en est que plus audacieux. Rappelons que ce qu’on appelle la « trans-panic » est un terme utilisé dans le domaine juridique — encore appliqué dans 48 états aux États-Unis — servant de justification aux crimes envers les personnes trans. Autrement dit, un meurtrier peut légalement l’invoquer pour justifier son harcèlement ou crime envers un(e) individu(e), dont il ignorait la transition. Violence que connait bien Inès Rau : elle confiait sur le plateau de “Salut les Terriens” de Canal + qu’elle se fit immédiatement et brutalement rejeté par son compagnon, suite à sa révélation.

Heureusement, Playboy a bien compris cet enjeu. En 1991 déjà, figurait en couverture la mannequin anglaise transgenre Caroline Cossey. Elle était la première…et la dernière jusqu’à Inès. Dès lors, le célèbre magazine continue sur sa lancée. À la sortie de la dite couverture, les noms d’auteurs de commentaires transphobes sont rendus publics et leur désabonnement exigé. Tout est donc mis en oeuvre pour soutenir Inès Rau, qui a d’ailleurs conclu : « La nudité ne devrait être pas taboue. Cela signifie beaucoup pour moi, car je suis passée par une transition pour être qui je veux être. Cela n’a rien à voir avec la sexualité, la nudité concerne simplement la beauté du corps humain, qu’il soit féminin ou masculin ».