Empruntant son patronyme à un film des sixties, où elvis Presley y tenait la vedette, le duo mixte, Blue Hawaii, ne fait pas dans le ukulélé ni dans le rock’n’roll. Son créneau est plutôt celui de la pop synthétique. Ils viennent tout juste de sortir un premier album lumineux et addictif. On vous fait les présentations.

Il s’en passe des choses du côté de montréal. En ce moment, le label qui monte en puissance dans la sphère indie, c’est Arbutus Records, une petite entreprise à l’ambition grande. Dans son catalogue, on y retrouve l’électro-pop de Doldrums, le garage allumé des frères White de Tonstartssbandht, la pop eighties de Tops, le meilleur crooner du québec, alias Sean Nicholas Savage, mais aussi les premiers faits d’armes de Grimes. Dernier arrivé en date, le duo mixte, Blue Hawaii, ensemble à la ville comme à la scène. Après un premier eP en 2010, ils reviennent avec leur premier véritable album, Untogether. Mais, c’est d’abord une rencontre amoureuse qui s’est transformée en projet musical : «On s’est d’abord donnés rencard, avant de tomber tous les deux amoureux. La musique est venue assez rapidement. Je ne sais pas si c’est essentiellement un love project, mais il y a de cela, j’imagine. En tout cas, nos chansons parlent beaucoup du fait d’être bon envers quelqu’un et de le respecter, mais aussi des interrogations que l’on peut avoir par rapport à notre couple, à la fragilité que compose une relation entre deux personnes… Ce ne sont pas que des chansons d’amour», confie la chanteuse à la voix cristalline, agor. Quant à leur nom, qui fait référence à un film dans lequel joue Elvis Presley, le groupe ne revendique aucune influence du chanteur de Graceland : «Ma mère chantait tout le temps ses chansons dans la cuisine, quand j’étais plus jeune. Mais honnêtement, j’ai seulement vu des extraits de ce film. Je ne peux pas te dire si mon groupe est à l’image de ce film. C’est un ami qui a trouvé ce nom, en fait», explique Ryan. Ce qui marque à l’écoute de Untogether, c’est la contradiction entre ses deux univers. D’un côté, des chansons, comme le single «Try To Be», sont d’une fragilité et d’une mélancolie qui nous renvoient à nos propres interrogations amoureuses («But I’m supposed to be you, and I try to be you, but I thought I’d be you, but I’ll never be, May as just be me»). De l’autre, Blue Hawaii tend vers une deep house sexuelle et exubérante (l’excellent enchaînement entre «In Two Part I» et «In Two Part II»). Des contradictions qui forment la base de l’inspiration de ce duo : venant du milieu underground de leur ville, ils ont choisi d’osciller entre leur appartenance à l’alternatif et leur ambition internationale. En effet, ils ont vu leur ancienne compatriote, Grimes, quitter les bas-fonds de Montréal pour partir vivre à Los Angeles et embraser sa carrière. Mais aussi d’autres, comme Sean Nicholas Savage, ce génie méconnu, qui a décidé de garder l’anonymat à Montréal. Tous ces éléments, tant musicaux que sociaux, servent Untogether, un album fascinant.

Blue Hawaii, Untogether
(Arbutus/Modulor)
www.bluehawaii.bandcamp.com

Par Guillaume Cohonner.