En six albums studio,The Black Keys sont devenus un groupe incontournable du rock américain. Mêlant habilement riffs fédérateurs, tradition blues rock et production contemporaine (Danger Mouse en tête), le duo d’Akron revient avec l’énergique El Camino. Rencontre avec le guitariste/chanteur Dan Auerbach.

Ce titre, El Camino (le chemin), c’est le souvenir nostalgique de tout le temps que vous avez passé dans un van en tournée ?

Oh mec ! On a passé des années dans un van… oui, c’est un peu un hommage à la vie en tournée quand tu es un jeune groupe.

Vous avez enregistré cet album dans votre propre studio, ça a changé beaucoup de choses ?

L’endroit où nous sommes pour enregistrer n’a pas vraiment d’importance. Mais on a pu prendre plus de temps pour ce disque, même si on préfère enregistrer vite. on s’est beaucoup concentrés sur les mélodies et les voix.

Cet album est plus direct que le précèdent…

Oui, c’est une réponse à Brother qui était plus lent et mid-tempo. C’était plutôt un disque à écouter chez soi, au casque… on l’avait composé dans ce sens. avec El Camino, on a voulu revenir à une formule live, afin qu’on puisse le jouer à deux sur scène, même si la configuration est guitare/basse/batterie/clavier. C’est l’album le plus uniforme qu’on ait fait, il est énergique du début à la fin, plus homogène.

Le trailer de l’album est présenté comme une petite annonce pour acheter ce fameux van avec lequel vous tourniez à vos débuts. C’était votre idée ?

Non, ce sont les mecs du site funny or Die qui ont eu cette excellente idée. On est très fan de l’acteur Bob Odenkirk (l’avocat saul Goodman qui joue dans la série Breaking Bad, n.D.l.r.), on adore vraiment ce gars. La super idée qu’ils ont eue, c’est de mettre un faux numéro de téléphone où les fans peuvent laisser des messages pour acheter le van, mais on n’a pas encore eu le temps de les écouter. Il y en a des centaines apparemment !

En 2009 est sorti l’album Blakroc, fruit de plusieurs collaborations entre The Black Keys et des artistes R’n’B et hip-hop.Tu penses que vous allez donner une suite au projet?

Non… en août dernier, quelqu’un a posté un trailer en ligne qui annonçait la sortie de Blakroc 2, mais sans notre permission. On a dû démentir l’info. C’est triste pour les fans car nous n’avons pas de nouveaux projets pour Blakroc.

L’été dernier, vous avez joué le même soir que Muse lors d’un festival. Pas trop étrange, comme programmation ?

Ils sont complètement à l’opposé de ce que l’on fait musicalement (sourire). avoir un show son et lumière complètement mégalo, c’est leur truc. ils ont même des flammes qui jaillissent de la scène, et une tête d’indien qui prend feu (rires) ! C’est incroyable ! ah oui, et j’oubliais les lasers qui inondent le site de lumière… Je me demande de combien de techniciens ils ont besoin pour chaque concert.

Pour cet album, y a-t-il des artistes qui ont été des sources d’inspiration pour toi ?

J’ai écouté beaucoup de rockabilly, the Cramps, the Clash, the Cars, Jonathan Richman, des groupes assez énergiques. et des groupes plus récents comme Jeff the Brotherhood. J’écoute toujours de nouveaux groupes, pas que des oldies…

Que penses-tu de tous ces nouveaux groupes à esthétique Lo-fi qui viennent de la côte ouest, comme Ariel Pink ou Holy Shit ?

Ce sont des bons groupes, mais je n’ai jamais vrai- ment compris cette notion de lo-fi… une bonne chanson reste une bonne chanson, ça n’a pas d’im- portance si c’est lo-fi ou pas. Comme Jay Reatard. Ce mec était vraiment doué même si ces productions étaient faites avec trois bouts de ficelle. C’était un super compositeur. Et the Growlers, ce groupe de Californie qui oscille entre la surf music et le garage : ils sont géniaux ! Ils ne sont pas encore connus en europe, je crois…

Tu t’es vraiment imprégné de culture américaine. Quels sont le livre, le film et le musicien américains qui t’ont marqué dernièrement ?

Le dernier livre que j’ai lu, c’était sur le peintre Jack- son Pollock mais mixé à une écriture à la Bukowski, c’est un livre qui est paru il y a quelques années déjà… un film… il y en a tellement qui m’ont marqué ! J’adore Inglorious Basterds de tarantino, je l’ai vu quand j’étais à Berlin. et un disque : sûrement les pre- miers singles de Dick Dale paru entre 1962 et 1965. Ce n’est pas encore tout à fait de la surf, mais presque, les chœurs féminins en plus !

Où vis-tu actuellement ?

À Nashville, tennessee depuis un an maintenant. C’est une super ville, il ne fait pas trop froid l’hiver et il y a une vraie communauté artistique. Tu peux vraiment y passer du bon temps. et puis, c’est plus au centre des états-unis, c’est plus facile pour aller sur la côte ouest ou la côte est.

Tu penses refaire un album solo ?

Sans aucun doute, même si la priorité numéro un, c’est la tournée des Black Keys qui va suivre. J’ai déjà des compositions, je compose tout le temps, histoire de ne pas perdre la main.

Black Keys, El Camino (Warner)
www.theblackkeys.com
www.thegrowlers.com 

Propos recueillis par Guillaume Cohonner
Photo : Matias Indjic