Captivant et fourmillant de détails, le documentaire de Céline Danhier dresse le portrait du cinéma underground new yorkais des années 80. L’occasion d’une plongée fascinante dans les décombres de la grosse pomme.

De la fin des années 70 juqu’au milieu des années 80, New York était une ville au bord de la faillite. Entre les terrains vagues et les rues parfois désertes, un petit groupe de réalisateurs et d’artistes ont arpenté la ville sans relâche afin de tracer les contours d’un cinéma nouveau et avant-gardiste qui préfigurait avec rage et élégance le futur cinéma indépendant américain auquel le grand public est désormais habitué. Blank City tombe donc à point nommé et rappelle qu’avant d’être un adjectif utilisé comme une option, l’indépendance était surtout une nécessité qui semblait aller de soi pour des artistes comme Amos Poe, Lydia Lunch, Jim Jarmusch ou Richard Kern. Car c’est dans les confins ombrageux de l’underground que s’agitaient ces cinéastes sans matériel vidéo, sans argent, sans acteurs, mais avec une impertinence et un sens de la débrouille qui posait alors une alternative viable aux sourires vernis des grosses productions hollywoodiennes. « Si ce n’est pas transgressif, ce n’est pas underground » déclarait d’ailleurs Nick Zedd, ce qui occasionne ici une belle parenthèse accordée au cinéma de la transgression, digne héritier de ces expérimentations new-yorkaises.

Tout au long de ce superbe documentaire de Céline Danhier se croisent donc des adolescents alors inconnus (John Waters, Deborah Harry, Steve Buscemi ou John Lurie) qui sont mis en perspective avec le regard des artistes reconnus qu’ils sont entre temps devenus. Un témoignage poignant de la génération No Wave et d’une époque où créativité, rébellion et radicalité formées une triade magistrale.

En salle depuis le 11 décembre.

Par Simon.