Avec un look à la Mia Farrow en petite tenue arborant une sorte de maquillage kabuki, Petite Meller est à la fois chanteuse, mannequin, globe-trotteuse et promène un regard acidulé sur le monde. Après un passage au sein du groupe electro-pop Terry Poison basé à Tel Aviv, elle prend son envol en solo et développe son propre style musical, le nuovo jazzy-pop, avec notamment son tube « Baby Love ».

Nous avons rencontré ce personnage aussi fantasque qu’énigmatique quelques heures avant son concert au Silencio et son shooting pour la nouvelle campagne Vivienne Westwood à Paris, histoire de dissiper quelque peu le mystère qui entoure cette chanteuse pleine de fantaisie…

Ta mère est française, ton père est polonais, tu as vécu à Tel Aviv et tu es désormais basée à Londres, tu es une vraie citoyenne du monde !

Oui, le projet est complètement international. Mon producteur est scandinave et je tourne mes vidéos un peu partout dans le monde ! J’aime voyager et mes vidéos sont comme des guides touristiques pour les pays que je visite ! Il y a eu New York, le sud de la France, Nairobi au Kenya. Je projette de tourner ma prochaine vidéo en Mongolie ! Dans l’époque actuelle, les distances se sont raccourcies et le monde est devenu tout petit. La Suède a les meilleurs producteurs. Mon manager se trouve à Londres…

Il paraît que tu as un album fétiche…

Oui c’est Graceland de Paul Simon : j’adore ce disque ! J’aime aussi Fela Kuti. Et puis les artistes français que ma mère écoutait comme Brassens, Brel, Gainsbourg, Vanessa Paradis… Et puis le jazz de Dizzy Gillespie, Duke Ellington…

Tu as un petit faible pour les Français aussi ?

Oui j’aime bien Justice, Daft Punk, Cassius, Phoenix…

Quels sont tes modèles ?

J’aime le cinéma italien comme celui d’Antonioni, les grandes actrices comme Monica Vitti, Anita Ekberg. J’aime les femmes qui crèvent l’écran !

Ta carrière de mannequin fonctionne plutôt bien, rien ne te prédisposait à faire de la musique n’est-ce pas ?

Quand j’étais petite j’avais un enregistreur audio et j’enregistrais les chansons que j’inventais. Et alors que je suivais mes cours de philosophie, j’écrivais des chansons ! J’ai rencontré des producteurs et j’ai fait partie du groupe Terry Poison mais je voulais faire mon projet solo avec ce mélange inédit que j’ai appelé nuovo jazzy-pop.

D’où te vient ce personnage de Petite Meller ?

Mais c’est n’est pas un personnage, c’est bien moi !

Mais pourtant ce teint pâle avec ce make-up particulier, ce n’est pourtant pas commun !?

Je me souviens quand j’étais plus jeune, j’ai eu beaucoup de coups de soleil, alors je devais porter des chapeaux et éviter le soleil. Quant au maquillage, je ne me souviens plus quand ça m’est venu mais cela fait des années que je porte ce make-up partout et en toute occasion.

Ta styliste est japonaise et habite Londres, peux-tu nous en dire plus ?

Elle m’a contactée via Facebook après avoir vu ma première vidéo en me disant qu’elle aimerait travailler avec moi. Nous sommes alors parties à Garabit, dans le sud de la France, là où Henri-George Clouzot a tourné son film L’Enfer avec Romy Schneider. Nous avons shooté la vidéo de « Backpack » et dans une scène, je porte un maillot de bain style 1930 en faisant du ski nautique en hommage à ce film que le réalisateur ne finira jamais. Elle comprend tout à fait mon style et nous avons beaucoup en commun.

En parlant de stylisme, tu portes souvent les créations d’un designer français.

Oui, j’adore Jacquemus. Il est d’ailleurs venu sur le shooting pour Modzik. Je suis vraiment heureuse de l’avoir rencontré ! Son style me fait penser à la liberté, la joie, les couleurs… J’adore sa façon d’utiliser le rose, le jaune et le blanc. Je crois qu’on a une sorte de connexion inconsciente lui et moi. J’espère qu’on pourra travailler ensemble dans le futur. J’ai utilisé presque toute sa collection dans mes vidéos !!!

Pourquoi as-tu choisi de travailler avec un producteur suédois ?

Parce que ce sont les meilleurs en ce moment ! Mon management m’a donné le choix entre une dizaine de noms de producteurs et j’ai choisi Joakim Ahlund car c’était le plus mignon [Rires !]. Plus sérieusement, on s’est rencontrés et on a écrit plusieurs chansons ensemble et cela fonctionne bien. J’ai aussi travaillé avec Craig Dodds, un producteur basé à Brixton et qui a grandi en Afrique du Sud, il a travaillé sur Graceland de Paul Simon qui est pour moi une grande référence.

En plus de ta musique et de ton personnage haut en couleur, tu te démarques par tes vidéos…

Chaque fois que j’écris une chanson, j’ai immédiatement des idées pour la vidéo qui l’accompagnera. Musique et image vont de pair pour moi. Et je suis autant inspirée par la musique que par le cinéma comme celui d’Andreï Tarkovsky mais aussi les réalisateurs de la Nouvelle Vague comme Roger Vadim.

Alors que le ton de tes chansons semble pour le moins léger, on peut néanmoins déceler une autre intention…

Oui, ce n’est pas si simple, J’essaie d’infuser les pensées de Freud, Lacan, Deleuze ou Kant dans mes chansons. Pour « Backpack », par exemple, je parle d’utiliser les symptômes de ton enfance, qui t’empêchent habituellement d’avancer, dans une attitude productive et positive, comme une sorte de traitement. Pour « Baby Love » c’est autre chose, cette idée de danser de manière un peu hystérique comme dans le film de Vadim Et Dieu… créa la femme et évacuer ainsi sa peine. C’est une chanson pour les filles au cœur brisé. J’aime l’idée de parler de choses sérieuses mais d’une manière légère. J’aime à penser que ma mission est d’aider les gens à aller mieux à travers ma musique.

Si tu devais vivre une scène de cinéma ?

Je choisirais sans hésitation la scène avec Anita Ekberg dansant dans la fontaine de Trevi dans La Dolce Vita de Fellini !

PETITE MELLER

Big Love

(Barclay/Universal)