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Lorsque l’on croise Lewis Evans, une envie irrésistible de lui offrir un câlin s’empare de nous. Il y a quelque chose de l’enfance dans ses yeux, cet émerveillement sur la vie qui semble ne jamais le quitter, comme un rêveur qui refuse de se réveiller. Né à Liverpool dans une famille de policiers, son destin bascule le jour où ses parents plaquent tout pour s’acheter une caravane, embrassant la vie nomade à la manière de New Age Travellers. C’est à Saint-Lô, en Normandie, que Lewis passera son enfance, dans une scolarité un peu chaotique. Viré de son lycée, il rejoint les Beaux-Arts de Cherbourg, sur les traces de son père devenu peintre brocanteur. Mais c’est la musique qui l’appelle, omniprésente, comme une mélodie en toile de fond.
C’est en jouant dans la rue que Lewis fait ses premiers pas, répétant en boucle l’unique accord qu’il connait tout en improvisant des paroles. Deux ans plus tard, il dort devant la salle de musiques actuelles Le Normandy, déterminé à ne pas manquer le rendez-vous donné par Marc Brendel des Lanskies. Ce moment marque un tournant. Très vite, le groupe est repéré, à la fois par les professionnels et les médias. Trois albums et une tournée internationale (Chine, États-Unis) plus tard, les Lanskies navigueront entre pop rock, new wave et hip hop, Lewis prêtant sa voix et ses mots à leur univers. Mais l’aventure collective touche à sa fin. « J’avais besoin de prendre du recul, de faire mes propres trucs. J’ai commencé à composer sans les Lanskies avec le projet du groupe Lewis After Sex, un projet plutôt folk dans lequel je proposais une musique simple », confie-t-il en évoquant son départ. L’expérience soit brève (six mois). Lors des Francofolies, Lewis croise le chemin du label Belleville Musique. Avec eux, il enregistre son premier album solo, Halfway to Paradise, sous la houlette de David Sztanke (aka Tahiti Boy). Parmi les treize titres, deux sont interprétés avec Gaëtan Roussel, rencontré aux Trois Baudets, et un autre avec Keren Ann. Malheureusement, l’album disparaît des radars lorsque le label fait faillite, introuvable en streaming.

Installé à Granville, en Normandie, Lewis vient de publier son quatrième album, Cœur Céleste. Enregistré dans cette ville côtière, cet album est un hommage à ses racines liverpudlians, avec un son brut, simple et parfaitement addictif. Treize titres cohérents malgré leur disparité stylistique. Sous la direction experte de Clive Martin (Queen, Talking Heads…), Cœur Céleste s’imprègne d’une énergie à la fois intemporelle et profondément intime. Sur Only The Strong, les sœurs rappeuses LBLK viennent célébrer son amour pour le Crossfit, qu’il pratique quatre fois par semaine. Frédéric Lo partage sa voix sur Heather, dédié à son amour d’enfance, et la chanteuse bretonne Nolwenn Korbell l’accompagne sur Pardon l’Amour, son titre préféré, une sorte d’hommage à son grand père gallois. Au mastering, Mike Marsch (Oasis, Erasure), apporte une touche finale, subtile mais décisive. « Toutes mes chansons parlent de moi, je m’y projette entièrement », explique-t-il avec cette sincérité désarmante.

Très attaché à sa Normandie d’adoption, Lewis est un terrien. Il a même affrété un bus pour sa première date à la Maroquinerie, afin que les Normands et les Bretilliens puissent assister à la fête. Ce concert s’est transformé en une improvisation joyeuse, portée par un Lewis rayonnant, entouré de ses musiciens, les Saphyres : Émilie, Jean-Baptiste (Aka Jahen), Alexandre, et Axel à la basse et à la « valise kick » que Lewis a lui-même bricolée à partir d’un tom basse. Frédéric Lo et Frédéric Buchet, son arrangeur et compositeur, étaient aussi de la partie, rejoignant le micro pour quelques chansons. La soirée, empreinte d’une chaleur humaine contagieuse, s’est achevée en apothéose, avec une chenille géante traversant la salle, dans un échange de cœur à cœur, porté par le trémolo de Lewis, si touchant lorsqu’il s’élève en voix de tête. Un moment suspendu. Nous étions là, enveloppés dans une parenthèse douce, à savourer cet instant qui nous échappait déjà.
Nous repartirons de la Maroquinerie avec un vinyle de Coeur Céleste où chaque morceau semble conçu pour embarquer l’auditeur dans un aller simple pour une introspection musicale où la sincérité de Lewis nous touche droit au cœur.
Cœur Céleste est disponible via ZRP.
En tournée en France et Liverpool (Leaf On Bold Street) le 26 novembre.
Texte Lionel-Fabrice Chassaing