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On a passé le week-end dernier à se balader dans l’indie pop DIY de Canty, son premier album dans les écouteurs.
Unifié par des performances live dans des lieux underground, Dim Binge est un voyage dans l’atmosphère des quartiers arty et branchés de l’East London dont Canty est un ambassadeur.
Au fil des dix tracks, l’artiste protéiforme déploie toute l’étendue de son imagination. Danser ou planer ? Pas besoin de choisir. Tantôt minimaliste ou au contraire très structuré, il envisage ce premier opus – accompagné d’un livre de dessins – comme « un cocktail de soins personnels, de psilocybine et d’auto-enregistrement ». On adore !

La ligne de Dim Binge dessert dix stations.
Mirrorball « ouvre le bal » – au sens propre, car il donne envie de se déhancher sur une pop électro groovy aux accents de Metronomy. Paradoxalement lié à la découverte de la sclérose en plaques de l’artiste, ce titre dépeint « un paysage intérieur écrasant qui frôle l’euphorie ».
St Marks, est un chemin de l’obscurité vers la lumière, dans la galaxie d’Alt-J. La voix de Canty y tient toutes les notes de la gamme mélancolie, pour faire place à un final spirituel aux chœurs soul.
Enchaînement de chœurs – avec des voix féminines cette fois-ci – pour Followers. Au détour d’une ligne de basse remarquable et d’harmonies vocales suspendues, on rencontre une sensibilité et une certaine grandeur d’âme qui ne sont pas sans évoquer Rover. Un troisième morceau magnifique et aquatique – oui, on entend des bruits d’eau – qui est en fait une chanson d’amour sur la surveillance de masse (!). Douceur, « planance » absolue…
Blah Blah Blah est ironiquement une ballade électro sans paroles, avec juste quelques bruits de voix enregistrés çà et là par une radio vintage… et qui se termine subitement dans un scratch de vinyle.
Pipps Hills constitue un moment d’authenticité, guitare-voix en acoustique, avec juste une fine nappe électro en fond… Le morceau se termine lui aussi abruptement, sans s’excuser.
Being it est une expérience méditative, une pause au milieu du voyage. À la fois relaxant, introspectif et ténébreux, ce morceau pourrait être le bonus track d’un album du Velvet Underground (c’est ici qu’on comprend pleinement la référence à la psilo). À considérer pour sa séance de yoga du dimanche matin…
Hahaha, est aussi fun que Blah Blah Blah était bavard. Il s’agit d’un élégant live jazzy avec une batterie jouée au balai.
Entre le grunge de Kurt Cobain en unplugged et The Pirate’s Gospel d’Alela Diane en mode downtempo, Estuary Pig est un moment suspendu à la profondeur bouleversante.
Mercy St. est une descente de trip sur fond de piano-voix en live… mais pas un bad trip pour autant.
Pour terminer ce voyage, Zino se révèle être une excellente chute d’album, en live, et avec les applaudissements !
Canty nous embarque ainsi dans une virée souterraine, où chaque station dévoile une facette inédite de son univers. Entre tunnels brumeux et éclats de néons, Dim Binge file sur les rails de l’underground londonien. On a déjà envie de monter dans le prochain Tube !
Dim Binge est disponible via Full Time Hobby.
Texte Anne Vivien
Image de couverture Lara Laeverenz