Deux gamins afro-américains du New Jersey nourris au gangsta rap de DMX et aux films d’épouvante qui se découvrent une vocation pour les concerts de punk. Depuis 2014, theOGM et Eaddy font dans le brutal et ne s’en cachent pas, heureux de cultiver leur singularité.

Conjuguer rap et punk, c’est un peu pour faire court ce que s’est fixé comme objectif le duo Ho99o9 (à prononcer “horror”), et ce sur deux EP, une mixtape, et un premier album, United States of Ho99o9, paru en mai 2017. Les paroles sont rapides et énervées, rappées sur un fond de mélodies hardcore punk – tout aussi énervées que les textes – assurées en grande partie sur scène par le batteur Brandon Pertzborn. Un style à part qui leur a permis entre autres d’atterrir en première partie de Marylin Manson, Avenged Sevenfold, Prophets of Rage, The Prodigy… Et d’apparaître sur l’album No Tourists de ces derniers, avec le titre “Fight Fire with Fire”.
D’ailleurs, en live, inutile de préciser qu’un bon jeu de jambes (et de coudes) est nécessaire pour survivre au mosh pit. Entra saltos arrières sur scène cris gutturaux pour chauffer la foule, les deux showmen tatoués ne sont pas là pour rigoler.

Visuellement, la baffe est aussi violente que peut l’être la musique. Inspiré de tout ce qui a pu se faire dans les domaines du film d’horreur (surtout de Rob Zombie), du glauque et du malsain, l’univers d’Ho99o9 est disons “graphique”. Composé de gore gratuit, de masques de boucher, de têtes de cochon et de peintures corporelles qui ne rappellent pas vraiment celles que pouvaient porter les membres de KISS. Tout ce qu’il faut pour faire de l’ho99o9core et mettre carrément mal à l’aise.

Malgré les Bad Brains et D.H Peligro (batteur des Dead Kennedys et ex-batteur des Red Hot), on n’est pas vraiment habitués à voir – ou même s’imaginer – des punks noirs. C’est d’ailleurs un cliché auquel s’attaque de front le mouvement/festival Afropunk, qui promeut depuis le début des années 2000 la diversité culturelle au sein de la mouvance punk. Prenant source aux Etats-Unis, la cause s’est peu à peu étendue au Vieux Continent et au reste du monde, avec des éditions de l’Afropunk Festival en dehors des frontières américaines (par exemple à Paris, avec justement theOGM et Eaddy en tête d’affiche) . Une dimension politique jamais matraquée, mais souvent traitée par Ho99o9 comme dans “City Rejects” et ses images façon “banque d’images gratuites”.

Ils font peur et ils crient fort, mais il faut bien reconnaitre que leur univers a ce quelque chose de particulier. Cette chose qu’on ne trouve pas ailleurs,  et qui leur a permis en seulement quelques années de se bâtir un culte presque religieux. Le HO99O9 DEATHKULT, en somme.