Mercredi dernier Allo Floride eut la bonne idée d’inviter Allan Kingdom, le rappeur canadien exilé en Minnesota qui venait clôturer une tournée d’une soixantaine de concerts pour la sortie de son album Lines. C’était au Candy Shop à Paris, et c’était bon.

Le Candy Shop n’est pas grand. Sa sono l’est encore moins. Ce soir du 24 mai, une quarantaine de personnes, grand maximum, se tassait dans la pénombre de ce petit club de la rue Saint Maur. Un certain Allan Kingdom devait venir s’y produire. La première partie était assurée par les No Wyld, un groupe néo-zélandais qui a suivi le rappeur américain sur toute la tournée jusqu’à ce dernier soir à Paris. Le chanteur de la formation est jeune, métisse, beau et chante surtout très bien, accompagné par un type aux machines et un autre à la guitare (peine t-on à s’en rendre compte tant le système son du club est l’un des pires de la capitale). Qu’à cela ne tienne, le trio nous présente son album Nomads, un juste mélange entre R’n’B, bass music et hip-hop le tout enveloppé d’une humeur vaporeuse qui ravit la vingtaine de personnes dans la salle, l’autre vingtaine fumant des clopes dehors.

Puis Allan Kingdom fait son entrée, tout sourire, en compagnie de son DJ, un jeune blanc enturbanné et moustachu qui parfait le tableau qui se dessine sous nos yeux. Allan démarre sur les chapeaux de roue, bougeant comme un dément. Tout le professionalisme de l’homme qui a déjà travaillé avec les plus grands, à commencer par Kanye West, ressort à cet instant précis : la scène, minuscule, ne lui permet pas les sempiternels allers-retours du public de gauche vers le public de droite, le pauvre canadien, condamné à être planté au milieu de la petite scène n’a pas d’autre choix ; il ponctuera chacun des morceaux de son set d’une chorégraphie proche du voguing. L’ambiance est d’une rare intensité malgré le volume sonore trop bas. L’homme nous gratifie des morceaux de Lines, son dernier album, ainsi que de sa mixtape parue en 2016, Northern Lights. A la fin de son set, Kingdom salue son DJ, lui laisse la main et descend dans la foule pour une danse et une transe collective. Le public exulte.