Depuis 2008, le duo nantais Elephanz défend une pop ravageuse. Après un EP en 2010 et un album en 2013, le groupe publie son second album, Elephanz. Les textes ont mûri et le propos s’obscurcit à l’image du titre «The Catcher in the Rye», terriblement rempli de désespoir.
Salut les gars ! Tout d’abord, racontez nous un peu vos rôles respectifs dans votre duo.
Jonathan : Bonjour! Nous avons le même rôle au sein de ce duo. Nous l’avons créé ensemble, nous composons, écrivons et produisons ensemble. La différence réside dans les instruments que nous maîtrisons, Max est pianiste donc il fait la majeure partie des claviers sur les disques et sur scène. Je fais les basses et les guitares.
Maxime : Nous nous sommes répartis certains rôles également en fonction de nos timbres de voix. J’ai une voix assez particulière qui nous plaît pour les refrains, tandis que Jon, qui a une voix un peu plus grave et plus chaude, chante assez souvent les couplets et les parties en français.
Comment vous avez commencé la musique au juste ?
J : On en a fait depuis tout petit. Solfège, classique etc… mais ce n’est qu’à la découverte de certains albums qui ont marqués notre enfance et notre adolescence que c’est devenu une sorte d’évidence – on sera d’accord pour placer Abbey Road des Beatles tout en haut.
M : Jon a crée un premier groupe à ses 20 ans, il faisait des chansons dans une sorte de rap/pop à la française.
J : Cela m’a pris quelques années, j’écrivais, je jouais dans des clubs assez déserté des chansons ultra confidentielles, bref quand on s’est mis à faire des titres de pop avec Max ça a été extrêmement récréatif et de ce plaisir est venu certaines réussites immédiates. Notre premier concert était dans un club de Nantes, et il était complet. J’ai réalisé qu’il se passait quelque chose.
Comment on passe de quelques morceaux publiés sur internet, «comme ça», à deux albums et un EP ainsi que des sollicitations à tout va ?
M : Probablement avec une base solide. Nous sommes de gros bosseurs et nous travaillons beaucoup la composition. Certaines de nos chansons on voyagé assez instantanément et elles nous donnent du crédit pour faire la suivante. Maintenant, je dirais que c’est un mélange de travail, d’acharnement et de chance.
J : Notre premier EP en 2009 a été repéré par les Transmusicales de Rennes qui ont fait la part belle à notre morceau « Do You Like My Song », puis nous a fait gagner le prix Chorus des Hauts de Seine. Ce prix nous a permis d’acheter du matériel et de partir dans une tournée digne de ce nom. En 2011, le single « Stereo » a été repéré par la radio Nova qui nous sa beaucoup joué et à un peu plus installé le groupe dans le paysage. Puis vient l’album et sa chanson éponyme « Time For A Change » qui nous a fait connaître encore un peu plus. Nous procédons par étape. Une marche après l’autre.
M : Nous avons surfé sur nos tracks depuis 8 ans parce que nous avons toujours considéré qu’elles étaient plus importantes que nous. Aujourd’hui « Time For A Change » est plus connue qu’ « ELEPHANZ ». C’est une réaction qu’on a souvent : « Elephanz ? Non je vois pas. Time For A Change? Ah mais je connais ça!!! »
Tout le monde parle de votre évolution musicale, en l’expliquant par la simple découverte d’un clavier analogique. Mais c’est certainement plus complexe que ça?
M : On a du mettre ça dans une biographie un jour. Oui, c’est évidemment plus complexe, mais en même temps ce monde des synthétiseurs est un monde qu’on a découvert au fil de ce groupe. On en avait quasiment pas touché avant, et leurs noms barbares ( SH, JUNO, D-60, Moog…) restaient une langue inconnue. Et si on a depuis longtemps composé des chansons on a découvert à quel point la musique qu’on aimait utilisait ces petites choses. Donc on a appris, pris goût et modifiés notre façon de produire nos morceaux.
J : Pour ce nouvel album nous sommes partis dans une démarche encore plus radicale. Nous avions envie d’un son maîtrisé par nous à la limite de la forme d’onde. Il y a très peu de guitares, les batteries sont toutes produites par nous et les basses sont soit jouées par moi soit par Maxime sur des synthés comme le Moog ou le Roland SH. Nous avions envie de pouvoir le jouer, le concevoir et le produire dans l’intimité d’un home studio en opposition avec le précédent disque enregistré dans 3 grands studios différents. Celui ci est enregistré entre chez nous à Paris et au Good Boy Studio de Pierrick Devin qui l’a co-enregistré et mixé.
En quoi l’implication nouvelle de Maxime dans la rédaction des textes vous a permis d’étoffer votre musique ?
M : Je ne pense pas que cela ait un impact sur la musique. C’est plutôt un signe que nous prenons confiance en nous et en ce que nous faisons. Nous faisons sauter nos propres barrières, que ce soit en terme de langue, de style musical ou d’écriture.
J : Ce disque est une vraie création en duo, avec ses affres aussi, parce qu’on a aussi eu des discussions mouvementées sur certaines choses. Nous avions une vision commune, mêlée à deux visions propres à chacun. Il y a sur ce disque du ELEPHANZ et en même temps du Maxime et du Jonathan. C’est ce qui fait que le disque est plus riche à notre sens, que le premier album.
Comment s’est passé la tournée ? Vous comptiez beaucoup sur la date parisienne au Trianon, il me semble?
J : La tournée n’en est qu’au début, nous avons fait une quinzaine de date et attendons les rendez-vous de 2018. Nous l’attendions vraiment celle là. Le confort du studio peut vraiment se transformer en enfermement. Et sur la fin nous n’avions qu’une hâte, c’était de repartir sur les routes avec les copains de tournée.
M : La date au Trianon a été magique pour nous. On se met toujours une pression folle avant une date pareille et l’échange qu’on a eu dès le début avec le public a tout transformé en plaisir rageur. Et le lieu est tellement beau! Lorsque nous sommes arrivés dans le Trianon vide pour faire les balances, nous avions été hyper émus. Comme si les ados au fond de nous se demandait encore ce qu’ils avaient fait pour en arriver jusque là. On a mis quelques jours à redescendre.
Vos morceaux sont souvent utilisés dans des publicités (et même dans un film, Les Profs 2), est-ce que vous le prenez en compte quand vous composez maintenant ?
J : C’est absolument impossible de prendre cela en compte à la composition. Ces utilisations sont tellement aléatoires. Je pense que c’est l’inverse, nous composons probablement une musique qui se prête assez bien aux images. Quand on a composé “Time For A Change” on se voyait bien la mettre sur un auto-radio pour traverser de grandes plaines. C’était assez cohérent (même si ça reste toujours un heureux hasard) qu’on l’ai entendu dans la publicité pour une voiture.
M : On aime bien penser que nos chansons sont propices à accompagner des voyages, qu’elles peuvent être la bande son d’un road trip et je pense que c’est ce qui confère à ELEPHANZ une petite vocation a être accompagné d’image.
J : On a, par contre, déjà travaillé à composer de la musique pour des séries ou des court-métrages et c’est quelque chose qu’on adore. Et qu’on refera à l’avenir.
Pourquoi dit on que votre musique s’est assombrie selon vous ?
J : Probablement parce que ce disque est moins pop. Du moins pas celle qu’on faisait sur le premier album qui était une explosion d’enthousiasme effervescent. Je pense qu’on a pris plus de temps sur ce disque, et rien qu’au sein même des chansons. Le tempo est globalement plus bas, le français sur certaines rend la musique plus chaude, plus intime et parfois plus impudique. Enfin les thèmes abordés vont de l’amour dingue, à la jalousie ou l’impossibilité d’être ensemble. Il n’est pas plus sombre pour nous, il est juste plus intérieur. Disons qu’il serait comme une conversation alors que le premier était une manifestation au mégaphone.
M : La cover le rend probablement plus sombre! Nous avons travaillé avec Joachim Roncin qui a fait la direction artistique de la pochette ainsi que le logo et après une longue discussion avec nous il a décidé de s’inspirer d’un film de 1979, assez culte, qui s’appelle « The Warriors » à propos d’une guerre des Gangs dans le New York du début des années 80. Tout cela confère au disque une atmosphère moins solaire que sur le premier album c’est certain. Mais je pense qu’il se laisse quand même écouter en plein soleil!
A part le film de Gus Van Sant, citez nous cinq œuvres qui vous inspirent.
Abbey Road – The Beatles
Bonnie & Clyde – S. Gainsbourg
Koyaanisqatsi – G. Reggio (musique de Philip Glass)
Hunky Dory – D. Bowie
L’insoutenable Légèreté de l’Être – M. Kundera
Vous pouvez nous proproser cinq morceaux pour illustrer votre univers ?
C’est quoi la suite pour Elephanz ?
J : Des concerts, jusqu’à épuisement! et travailler avec d’autres artistes avant de repartir en studio pour le 3e album. On travaille en ce moment à plusieurs collaborations pour des versions de nos titres ou des inédits avec des chanteuses de pop et des gars qui viennent de la musique urbaine. Par ailleurs il arrive qu’on produise ou qu’on remixe d’autres artistes.
M : Je pense qu’on va aussi se remettre à faire de la musique à l’image, suivant les propositions qu’on nous fait. On a une folle envie en 2018 d’échanger avec d’autres, de se challenger sur des projets qui sortent de notre zone de confort. Ce sont les résultats d’un tête-à-tête prolongé à l’extrême avec son frangin!
Le mot de la fin ?
M : Nantes nous manque!
Merci Elephanz, on vous retrouve donc sur les routes en 2018!
Elephanz
Elephanz
(Blackbird/Affection London)