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Sous son nom emprunté au titre culte des Smashing Pumpkins, Annie-Dog s’impose peu à peu comme l’une des voix émergentes les plus remarquées de la scène musicale irlandaise. Entre textures électroniques, accents grunge et mélodies pop, la chanteuse originaire de Dublin trace un sillon libre et instinctif, loin des carcans d’un genre ou d’une étiquette. Révélée avec son premier single Pressures of the Heart, elle continue sa mue avec son dernier EP 15, sorti cette année, et s’y dévoile dans une écriture introspective, sincère, parlant d’amour et de désillusion, et où la vulnérabilité semble se transformer en force motrice.
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À l’occasion de son passage au Pitchfork Music Festival à Paris, Annie-Dog nous a donné rendez-vous à la Mécanique Ondulatoire (où elle performera ensuite dans la soirée) pour nous parler de son rapport à son pays d’origine, de ses inspirations (de Sky Ferreira à Blood Orange), de son envie d’indépendance et de la légèreté avec laquelle elle aborde sa carrière. Modzik part à la rencontre d’une artiste qui avance sans calculs, guidée par son seul instinct de la création./
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Tu es d’origine irlandaise, et plus spécifiquement de Dublin. Comment cela a-t-il influencé ta musique et le récit de tes chansons ?
Je suis sûre que cela a inconsciemment nourri ma musique, mais je ne porte pas vraiment d’attention à ce qu’il se passe autour de moi. C’est peut-être une mauvaise chose, mais je ne me rends pas vraiment compte de tout ça. En tout cas, ça me fait très plaisir d’être témoin de cette nouvelle scène musicale émergente en Irlande (l’artiste fait référence à de nouveaux visages tels que CMAT, KingFishr, Soft Launch, NDLA). On est une petite île et cette reconnaissance dernièrement, c’est vraiment cool.
Pour en revenir à ton premier single Pressures of the Heart, tu combines plusieurs textures musicales : drum and bass, une énergie pop et des influences grunges. Comment approches-tu cette fusion des genres ?
Je n’ai pas d’approches, je suis très surprise quand on me parle de fusion de genres, ce qui est très cool ! Mais pour moi, je veux juste faire une chanson, c’est le premier single que j’ai sorti, j’ai juste ouvert mon ordinateur et j’ai commencé à faire simplement ma musique. J’ai juste utilisé les instruments que j’avais, il n’y a pas tant de pensées derrière tout ça, c’est simplement sorti d’une manière assez naturelle.
Dans tes chansons, tu parles beaucoup d’introspection, d’amour-propre, de relations romantiques mais aussi de la mémoire. Quel est-ce que tu considères être le thème prévalant dans la construction de tes chansons ?
Je parle beaucoup de mes sentiments la plupart du temps, d’amour et de la vie en général. Cela semble très vague quand on en parle, mais cela permet d’explorer beaucoup de choses autour de notre existence et de ce que l’on traverse. Je pense que dans ma musique, j’ai l’habitude de parler de l’amour ou des ruptures, tout ce que l’on est amené à traverser quand on aime quelqu’un. Ce sont des histoires très personnelles.
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Au Pitchfork Festival, les gens découvrent et écoutent de nouveaux artistes de la scène musicale émergente. Comment as-tu fait ta place dans cette industrie, spécialement en tant que femme ?
Je ne crois pas que mon genre, mon âge ou ma sexualité aient façonné ma manière de faire ma place dans cette industrie. Je veux juste que les gens aiment écouter ma musique, s’ils aiment, tant mieux. Je ne veux pas que les gens en fassent tout un plat juste parce que je suis une femme… s’ils n’aiment pas je m’en fous. J’aime qu’on ne s’attarde pas sur ce à quoi je ressemble et sur qui je suis, j’aspire à ce que les gens soient seulement là pour ma musique. J’essaye de ne pas remarquer ces choses-là, ni les opinions qui sont dites ensuite après le show.
Tu as rejoint le label Dance to the Radio, avant de le quitter et de t’auto-produire à nouveau. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?
J’ai bien aimé faire partie de ce label, mais aujourd’hui le contrat est fini. Je leur faisais confiance, mais je me fais tout autant confiance aussi. C’est juste la vie, j’aime quand les choses changent, sinon je m’ennuie. Maintenant je reprends les rênes à nouveau et ça me plait. C’est l’occasion d’essayer de m’amuser, j’en profite pour prendre un peu de temps pour être tranquille, écrire, explorer. Je n’aime pas me presser, je n’essaie pas d’aller quelque part particulièrement en réalité. Je veux juste prendre le temps d’écrire.
Comment te sens-tu à l’idée d’être ici à Paris et d’y performer face à un nouveau public ?
C’est super ! C’est ma première scène ici, j’étais déjà venue enfant en vacances mais je suis contente d’y revenir. C’est magnifique, j’adore, j’aimerais définitivement vivre ici ! Je suis arrivé plus tôt avec mon copain, on est arrivé il y a deux jours. Quand on est arrivé, il devait être minuit et on a juste décidé d’aller voir la Tour Eiffel. C’était censé être à 40 minutes à pied mais finalement on a pris 2 heures… Mes genoux sont KO ! Mais j’aime vraiment cette ville. Je veux faire les magasins ici, me balader et découvrir la ville sans me prendre la tête. Je ne veux pas faire de liste… J’ai bien essayé d’aller au Louvre mais au final j’y suis même pas allé; une prochaine fois j’espère.
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Comment te sens-tu à l’approche de cette première scène française, face à ce public inédit ?
Je ne suis pas vraiment anxieuse à l’idée d’être devant un nouveau public, parce que j’ai l’impression que l’ambiance va être cool. On est tous dans le même panier dans ce festival, c’est un jeu équitable. En Irlande, j’ai l’habitude de jouer en étant parfois jugée selon ma popularité et je ne suis pas confortable avec ça. Je préfère ne pas avoir cette pression et pouvoir simplement jouer ma musique. Et puis être ici, c’est très excitant, je n’ai jamais été aussi loin avec ma musique ! Je suis né et ai grandi à Dublin, donc c’est la première fois que je m’éloigne de tout ça, donc ça devrait être marrant. Et puis j’adore la musique électronique ici, j’aime beaucoup Oklou bien sûr. Je me sens honorée en fait. Et puis il y a Blood Orange en line up du festival, je l’adore ! Il y a aussi A.G. Cook, Sara Gray, donc je suis contente d’être incluse.
Quelles sont tes plus grandes inspirations ?
Sky Ferreira, je l’adore. Blood Orange l’a produite, je l’ai toujours trouvé très cool, et puis elle formait un duo génial avec Dev (Dev Hynes, connu sous le nom de Blood Orange, NDLA). Je l’ai connue adolescente et j’ai eu envie de faire de la musique après, donc j’ai commencé avec un groupe de musique pas longtemps après, un an après peut-être, elle doit être à l’origine de tout ça inconsciemment.
Et quelle est la place que tu accordes à The Smashing Pumpkins dans ta musique ? (Annie-dog est le titre de l’un de leurs morceaux cultes, NDLA.)
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C’est évident qu’ils représentent beaucoup pour moi et pour ma musique. C’était mon groupe préféré quand j’étais ado : c’est un groupe grunge mais très mélodieux en même temps et puis ils écrivent des paroles très touchantes. Je les aime beaucoup ! C’est pour ça que j’ai choisi le nom d’Annie-Dog.
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15 est disponible via Dance To The Radio.
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Texte Antoine Caudebec
Image de couverture Omero Mumba
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