Depuis quelque temps, un phénomène étrange se produit, des vidéos à base de musique survoltée et de chorégraphies millimétrées atteignent les millions de vues en quelques heures à peine. À l’origine de ce record, un genre musical qui s’exporte à vitesse grand V : la K-pop. Devant le dernier clip de BTS on se frotte les yeux face aux chiffres, du jamais vu, même pour les artistes les plus en vue. La pop coréenne s’est carrément faite une place pour la première fois à Coachella cette année avec la performance du girls band le plus en vogue : Blackpink. Derrière ce joli monde hyper coloré, une industrie qui ne compte plus les zéros et dont les dérives commencent à peine à faire surface. Décryptage.

Dans les rues de Séoul, les magasins qui sont ici ouvert quasiment 24/24 ont tous des mégaphones sur leurs devantures qui passent de la musique.  9 chansons sur 10 est de la K-pop. C’est omniprésent, tous les 3 mètres, il y a une musique qui se mélange à une autre, il y a aussi énormément de gens qui font des covers dans la rue“. Depuis quelques mois, Tiffany, étudiante en lettres de 22 ans a quitté la région parisienne pour vivre son rêve coréen pendant une année. Installée dans la capitale, elle vit au rythme de cette K-pop ambiante qui se mêle à la vie quotidienne. ” J’ai découvert le genre sur internet par hasard. J’ai regardé la vidéo d’un groupe puis une autre en suivant les suggestions Youtube, je suis tombée dedans et je n’en suis jamais sortie.” (rires)

” La K-pop ne s’écoute pas. La K-pop se vit”

Mais comment expliquer que la K-pop arrive à atteindre des chiffres astronomiques et même à s’exporter dans la vallée californienne de Coachella ? La pop coréenne est en réalité une musique difficile à capturer. Bien sûr on y retrouve la fraicheur de la pop, quasi candide parfois mais la musique vit surtout par ce qui l’entoure: les chorégraphies sans défaut ou encore la mode qui habille ces groupes :” Impossible d’écouter de la K-pop sans regarder le clip, chaque titre est un show. C’est pour cela qu’on ne compte plus les concerts” explique Tiffany.

Si aujourd’hui encore Alicia Keys ou Madonna font leur retour aux cotés d’artistes latino s’assurant ainsi l’adhésion du public latin et les centaines de millions de vues qui vont avec, les collaborations avec des artistes K-Pop se multiplient également comme Nicky Minaj ou Halsey avec BTS, Missy Elliott ou Skrillex & Diplo avec G-Dragon et même Kanye West & Malik Yuself avec JYJ !

Un genre qui fait vendre

Nostalgiques de l’époque de girls et boys band des 90’s, beaucoup d’étrangers y trouvent une certaine madeleine de Proust. Il faut dire que ces groupes s’inspirent directement de la culture américaine, du rap et du RnB notamment, jusqu’à inclure des parties en anglais dans leurs sons. Bien plus qu’un simple clin d’oeil, une stratégie pour mieux vendre à l’international. La K-pop est en effet une musique de consommation et de consommateurs à l’image de ses stars qui pourrait faire vendre n’importe quoi. Tout y passe, beauté, mode, alimentation et même Soju, l’alcool traditionnel coréen: ” Hier en passant dans un quartier très animé, il y avait sur les buildings une publicité géante d’une des membres de Blackpink pour une marque de chaussures“.

Un succès éphémère pour beaucoup

Outre le phénomène de pression sociale déjà bien abordé autour de la K-pop ( ces personnes prêtent à tout pour ressembler à leurs idoles quitte à passer par la case chirurgie!), la pop coréenne reflète plus généralement un malaise profond. Depuis quelque temps, de nombreux scandales ont éclaté dans ce milieux d’apparence pourtant lisse et parfait. Le chanteur Seungri, membre du boy’s band Bigbang, a été inculpé dans un scandale de prostitution. Depuis, d’autres membres de groupes voient leurs carrières s’arrêter net pour des raisons similaires. Le vernis commence à craquer…

La K-pop est aussi synonyme de désillusion. Face à un tel succès, les écoles proposant des formations pour devenir les futurs EXD, Mamamoo ou encore MCT127 ne cessent de se remplir les poches. Après cette formation de nouveaux groupes sont constitués mais la majorité ne parvient pas à percer ou font un tire au mieux pour retomber dans l’oubli par la suite : ” On ne peut pas réellement compter le nombre de groupes des K-pop en Corée mais ce qui est sûr, c’est qu’ils sont une centaine seulement à être en tête d’affiche” laissant la majorité en proie à leurs espoirs déçus…