Originaire de San Francisco, ce trio exilé à Brooklyn nous propose une électro-pop très “summer” qui nous replonge dans les années 90. Ce deuxième album intitulé “Diver” sorti le 19 juin dernier sera notre allié cet été. 

Rencontre avec le groupe qui nous en apprend un peu plus sur eux et leur album…

Pourquoi avoir choisi ce nom ? 

Calab Clendenin : Un ami avait demandé à Alex s’il avait un groupe et si c’était le cas, s’il souhaitait jouer. Il a répondu oui, delà il m’a demandé le nom du groupe. J’ai proposé Limonade car c’était simple et dénué de sens. Après avoir fait de la musique ce nom s’est révélé aussi accessoire que la musique que nous faisions puisqu’elle était improvisée à partir de boîte à rythmes. 

Vous êtes de San Francisco. Pourquoi avoir voulu vivre à Brooklyn ? 

Nous avons quitté cette ville environ 4 ans avant de commencer les tournées. On voulait vivre ailleurs car nous avions tous grandi dans la baie de San Francisco et nous ressentions ce besoin de partir. Si je suis resté si longtemps à San Francisco c’était parce que j’appréciais beaucoup les débuts de Lemonade donc j’ai voulu voir ce que ça pouvait donner mais nous sommes arrivés à un stade où nous ne tenions plus en place donc nous avons décidé de vivre tous ensemble.

Pourquoi aimez-vous cette ville ? Que n’aimez-vous pas chez elle ? 

Perso, je deviens anxieux quand les choses sont calmes et quand les rues sont vides, surtout quand les commerces ferment tôt ou toute la journée. Dans ces cas là je me sens très seul et vulnérable. A New-York, je ne me sens jamais seul, je peux bouger et apprendre sans cesse. En gros, si tu viens de SF ou de la côte Californienne, vivre ici c’est un peu le paradis. Le seul truc c’est que ça devient un peu difficile de rentrer à New-York quand je suis devant un coucher de soleil en Californie mais ça explique peut-être aussi pourquoi il y a tant de ballades sur l’album… 

Etes-vous proches d’autres groupes ? 

Nous connaissons bien Elite Gymnastics, Teengirl Fantasy, How to Dress Well, Kollaraven, Blood Orange, Delorean, Glasser, et  Blondes. 

J’aime quand les artistes libèrent quelque chose de puissant qui change la donne. 

Quelles sont vos influences pour cet album ? 

J’avais besoin d’écrire des chansons d’amour. Cela faisait un peu partie de mes objectifs. J’avais aussi besoin d’une chanson comme “Neptune” qui envahit le coeur. Nous avons été fortement influencés par les mélodies R&B et la musique dance.  Je suis également très influencé par les couleurs et les images.  J’ai toujours en tête cet aquarium avec ses lumières bleues qui se reflètent sur le plafond grâce au mouvement de l’eau, un peu comme les lumières des piscines. Si une chanson me fait apercevoir cette image cela signifie alors qu’elle correspond à l’album. Sinon, nous écoutons principalement de la musique électronique mais nous avons fait en sorte de proposer des morceaux un peu plus pop pour pouvoir les jouer plus facilement en live. 

Vous avez enregistré cet album dans trois différents lieux ( à New-York, durant une tournée brésilienne et dans votre studio en dessous d’une école catholique), pourquoi ces lieux ? 

Nous avons en effet enregistré cet album dans un studio avec le producteur Le Chev (Frankie Rose, Fischerspooner, SSION) à Fort Greene (Brooklyn) mais nous avons créé les chansons dans divers lieux. Nous avons toujours eu l’habitude de partager notre lieu de répétition avec Janka Nabay, Glasser, Skeletons et d’autres groupes qui se trouvait dans le sous-sol d’une école catholique fermée qui a d’ailleurs été occupée par des Boy Scouts. 

Nous avons fait beaucoup de démos la-bas pour cet album. La principale raison pour laquelle nous avons écrit des chansons comme “Ice Water” au Brésil ou ailleurs était parce que nous les inventions sur directement sur nos ordinateurs durant notre temps libre sans clavier ni synthétiseur. Ces différents contextes étaient juste le résultat de nos voyages ou une question de hasard lié à notre mode de vie. 

Selon vous, quelles sont les différences entre le 1er et le 2ème album ? 

Le premier album a été écrit il y a 6 ans et il comprend beaucoup de nos premières tentatives de musique dance. Il a aussi été enregistré en 2 ou 3 jours. Notre second album quant à lui comprend beaucoup d’essais vers la musique pop. Beaucoup de choses ont changé, quand on a commencé la musique, on proposait quelque chose de beaucoup plus instrumental et sombre mais aujourd’hui on utilise davantage les voix avec des mixes plus doux. Quand je chante j’essaie de faire au mieux mais avant cela tout est une question d’abstraction et d’intensité. Cet album est aussi une façon pour nous de donner libre cours à notre amour pour la musique pop. C’était un peu désemparant au début mais au final c’était très bon. 

Pour cet album vous avez donc travaillé avec Le Chev. Pourquoi ce choix et comment c’était ? 

En fait cela faisait un moment qu’on en parlait. C’est un de nos amis et excellent producteur, nous lui faisons confiance car il sait rendre les choses meilleures à l’écoute, comme si nous avions produit l’album nous-mêmes. Nous avons vraiment apprécié enregistrer avec lui et nous avons beaucoup appris de lui. 

Quels sont les 5 meilleurs albums de tous les temps ? 

C’est très difficile de répondre car j’ai passé des heures dans des magasins de disques depuis que je suis adolescent. D’ailleurs je passe désormais ce temps sur internet. “Moments in Love by Art of Noise” est l’une de mes chansons préférées et je ne m’en lasse jamais quelque soit la version ! Tout ce qu’à fait Burial Untrue est très sacré pour moi, This = Everything avec National Skyline’s m’a laissé une profonde impression quand il est sorti il y a 10 ans. Si je pouvais faire un best of, Vladislav Delay et Luomo en feraient partie. Quant à Dizzee Rascal avec “Boy in Da Corner”, il a changé ma façon de voir à propos du rythme, ce qui m’a rendu totallement obsédé par le grime. 

Que faites-vous quand vous le jouez pas ? 

Alex essaie de vivre de la musique et Ben a des parts dans un magasin de disques avec Mike Sniper des Captured Tracks. A part ça New-York use beaucoup de mon temps. On voyage aussi un peu. On essaie juste d’en voir le plus possible tant que l’on peut profiter de notre liberté. 

Comment s’est passée votre dernière tournée ? Vos meilleurs souvenirs ? Les pires ?

Nous avons fait la première partie de Neon Indian et c’était vraiment excellent, même le temps était au beau fixe. Sinon on a connu une bagarre catastrophique avec le mec du son qui a ruiné notre mixe. A part ça il faut dire que nos expériences ont toutes été positives dans la plupart des cas, on s’est fait beaucoup de nouveaux amis. 

Est-ce facile d’être 3 mecs dans un van en tournée ?

Parfois on se chamaille comme des frères mais personne n’est rancunier ou reste énervé trop longtemps. On adore voyager, faire des tournées et jouer tout en allant à des afters party, ce n’est pas comme si on voulait faire autre chose. 

Penses-tu que la musique est indissociable avec la mode ? 

Complètement ! J’ai toujours été inspiré par la mode et notamment par le début des années 90 avec Calvin Klein et leurs fameuses pubs. Je pense que beaucoup de personnes font le lien entre Limonade et les tenues de plage comme les marques Gotcha ou Ocean Pacific et cela ne me dérange pas. J’ai même pour projet un jour de faire des serviettes de plage. Mais quelques part c’est un peu flippant d’être associé à la mode surtout quand elle prend le dessus car les tendances de mode changent très vite alors que les groupes non. 

Quels sont vos créateurs préférés ? Pourquoi ? 

En ce moment j’aime beaucoup la marque allemande Bless. J’aime aussi beaucoup les imprimés de Christopher kane. J’ai remarqué qu’il y a beaucoup d’imprimés floraux inspirés de “Byrds of Paradise”. J’adore aussi le Moschino vintage des années 80-90 et la vieille gamme sport de Missoni. Sinon il y a Jil Sander et Comme des Garçon que j’apprécie beaucoup. J’ai aussi un petit faible pour les créateurs suédois et je porte beaucoup la marque Acne. Je pense que mon style est très nordiste ! J’adore mélanger les couleurs dans un esprit assez conceptuel c’est pourquoi les designers qui proposent des tenues et des baskets monochromes m’attirent plus particulièrement, je peux ainsi jouer sur les mélanges. Je me rends d’ailleurs compte avec le temps que je n’aime plus porter du noir.

Selon toi, quelle est la pop star la mieux habillée ? Pourquoi ? 

Personne n’a un look plus  intriguant que Nikki Minaj depuis ces dernières années mais je sais qu’elle ne s’habille pas toute seule. Je pense que si elle n’était pas entourée par autant de stylistes, elle aurait un style beaucoup plus simple. J’apprécie quand les gens s’habillent eux-même et non pas en fonction du star system. Sinon j’adore la façon dont s’habillait le groupe Orange Juiced. 

La pire ?

Je dirai Jared Leto mais je dois avouer que sa façon de s’habiller est si choquante qu’il y a une partie de moi qui reste intriguée par son audace. C’est un peu le cas avec la plupart des pop stars de ces derniers temps. Riff Raff n’a pas un style qui me correspond et pourtant j’aime ses vêtements et ses absurdes tatouages. 

Avez-vous d’autres projets pour la suite ? 

Nous avons tous des envies de faire des choses séparément et j’adorerais reprendre la peinture mais cela fait des années que je dis ça ! Si nous pouvions déjà juste terminer les chansons que nous venons d’écrire et les sortir sans attendre aussi longtemps serait parfait. Je m’attends quand même à ce que l’on sorte bientôt nos projets solo, c’est juste une question de temps. 

Propos recueillis par Joss Danjean et Alexia Garric