Avec l’arrivée d’un duo d’Américains super branchés à la tête de la création, Kenzo brigue à nouveau la couronne du cool et part à la conquête des States – et de la planète.

Les maisons de luxe sont devenues de véritables portes à tambour, et il est rare qu’un designer convainque dès son premier essai (on ne lui laisse d’ailleurs souvent plus de seconde chance). C’est pourquoi la ravissante collection Kenzo dessinée par les américains Carol lim et Humberto leon, fondateurs de la boutique opening Ceremony, restera un des moments les plus forts de cette fashion week été 2012. leur happening ultra hype, (Jason Schwartzman aux platines, Spike Jonze à la caméra, Chloé sevigny en clou du défilé, et Solange Knowles en dJ à l’after party) a eu l’effet d’une injection de glucose dans la marque, la repositionnant comme fournisseur d’un prêt-à-porter féminin, jeune, hédoniste et accessible.

Vifs color blocks et imprimés animaliers étaient endurcis par des pièces urbaines, fonctionnelles et sportives (blousons zippées, combinaisons, larges pantalons coulissés). les accessoires étaient dans la même mouvance joyeuse : casquettes recouvertes de filet, larges bracelets multicolores, guêtres bouffantes en taffetas. la marque a aussi revu ses tarifs à la baisse, et une robe en taffetas réversible, par exemple, sera commercialisée à 390 euros – une gamme de prix qui se rapproche de labels comme Carven.

Le profil de ces deux Californiens de 33 ans, ex-étudiants à berkeley, est atypique. Carol Lim a étudié l’économie avant de travailler dans une banque d’affaires et de s’occuper du merchandising chez Bally. Humberto Leon, lui, s’essaya à la psychologie avant de se consacrer à l’art. Il sera ensuite en charge de l’identité visuelle chez Old Navy et Burberry. lorsqu’ils ouvrent leur boutique opening Ceremony à New York en 2002, sorte de caverne d’ali baba regorgeant d’objets cheap ou chic, de pièces de designers établis ou obscurs, de collabs, ou de créations venues de pays lointains, ils révolutionnent le paysage du « retail » à l’américaine, devenant une sorte de Colette ou de dover street Market local.

Mais ce CV révèle en fait pourquoi ils ont pu, dès ce premier show, capter une partie de l’esprit Kenzo : ils partagent avec lui une vision totalement mondialisée, jeune, pratique et optimiste de la mode.

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Par Stéphane Gaboué