Pour sa 33e édition, lesTransmusicales de Rennes nous ont offert comme à leur habitude leur lot de surprises et de découvertes. Du dubstep à la folk en passant par le hip-hop ou le krautrock, les nouveaux talents ne manquaient pas. L’occasion pour nous de rencontrer sept groupes prometteurs sur lesquels il faudra compter pour cette nouvelle année.

Kim Novak

Désormais affiliés à la tribu clermontoise Kutu folk, les français délaissent quelque peu les chemins tortueux de la cold-wave et publient un second album The Golden Mean, au rock urgent et au son plus chaleureux qui évoque à la fois the Walkmen et les premiers Beach Boys. les quatre garçons impressionnent aussi par leur écriture poignante et poétique, qui prône autant l’évidence que la complexité amoureuse :

« Ce nouvel album est avant tout un album de chansons. Il y a quelque chose de très français dans cette conception. On voulait avant tout raconter des histoires ».

Ils resteront en tout cas dans l’histoire comme le premier groupe français non auvergnat à avoir rejoint la famille Kutu. Si les normands espèrent en mettre plein les mirettes à l’aire libre accompagnés d’une chorale spécialement invitée pour les trans, ils viennent aussi pour en prendre plein les oreilles : « L’année dernière, on avait pris une claque avec Connan Mockasin et Wu Lyf ».

www.kim-novak.com

Kim Novak

Breton

Breton n’est pas breton, même pas français d’ailleurs. ils sont anglais et aucun d’eux ne joue du biniou. il n’est pas impossible que leur patronyme soit en l’honneur d’un autre Breton, André. Mystérieuse et mystique, leur musique, vraisemblablement inspirée par le trip-hop vaporeux, se nourrit autant de hip-hop brumeux que des évolutions plus récentes du dubstep opérées par James Blake. leur electronica obsédante et insaisissable est une sorte de « musique électronique soul, d’indie-twitch (qui provoque des convulsions) », s’amuse le groupe. elevés au son de Wu-tang Clan, Portishead, Jesus lizard ou encore moving units, les garçons s’apprêtent à sortir en début d’année un premier album sur le label fatCat (animal Collective, Black Dice…) intitulé Other People’s Problems et enregistré dans les prestigieux studios de sigur ros. Hypnotique et solennelle, leur musique a des airs de possible révélation.

www.myspace.com/bretonbretonbreton

Breton

Evening Hymns

Evening Hymns n’est pas sans évoquer les grands espaces, ceux qui courent le long du Canada dont est originaire le songwritter Jonas Bonetta. l’an dernier, il s’acoquine avec sylvie smith sous le pseudonyme evening hymns et sort Spirit Guides, un premier album hanté par la disparition, refuge d’un folk cotonneux tout en préciosité. sorti en france sur le label Kutu folk, il offre des ballades aux relents boisés qui ne sont pas sans rappeler le folk sauvage et aérien de Bon iver. ses influences ? « Neil Young est une grande inspiration pour moi, mais aussi Tom Petty. C’est le premier concert que j’ai vu, la première cassette audio que j’ai achetée », affirme Jonas. en attendant leur second album Spectral Dusk qui devrait illuminer les premiers mois de l’année 2012, le groupe était présent aux transmusicales dans le cadre des soirées consacrées au label clermontois. Le Canadien confie : « Kutu Folk, c’est un peu comme une famille. Je me sens vraiment proche des artistes qu’il signe. C’est un des seuls labels où tu te retrouves invité à diner chez la mère d’un des fondateurs ! ».

www.myspace.com/eveninghymns

Evening Hymns

GhostPoet

Peu sont ces artistes qui associent des beats dubstep à un hip-hop lent, nonchalant. Ghostpoet, de son vrai nom obaro ejimiwe, londonien d’origine nigérienne est de ceux-là. Passé maître dans l’art de poser son flow poétique et désabusé sur des instrumentations digitales diaphanes presque fantomatiques, le mC britannique se dit dans l’expérimentation :

« On pourrait me définir comme un artiste électro hip-hop, mais ce que j’aime c’est expérimenter de nouvelles choses ».

Ghostpoet ? il dit aimer l’association des deux mots, et « la poésie est loin de l’image que l’on se fait du hip-hop, et ça me plait bien ». son premier album Peanut Butter Blues And Melancholy Jam, sorti en 2011 et signé chez le label Browswood du génial Gilles Peterson, tire ses influences d’artistes comme the streets ou roots manuva. il nous y conte les méandres de sa pensée, des histoires modernes du xxie siècle portées par une voix suave, puisque c’est dans la vie elle-même qu’il puise toutes ses inspirations.

www.myspace.com/ghostpoet

Ghostpoet

Juveniles

Ils sont jeunes et ils en sont fiers. avec leur premier titre intitulé “We Are Young”, les trois jouvenceaux ont littéralement affolé la toile. Il ne leur aura pourtant fallu que trois mois pour composer et enregistrer leur premier eP. À rennes, un membre de the Wankin’ noodles rencontre deux ex russians sextoys, ajoutez à cela des synthés bien plus vieux qu’eux, et vous obtiendrez une pop glacée, qu’ils qualifient volontiers de « synthpop ». Ils avouent :

« Manchester, c’est notre ville de cœur ».

Rien d’étonnant à l’écoute de leur musique qui tire ses racines des premiers new order. Fiers d’être programmés aux trans, comme des gamins qui ne tiennent plus en place, ils précisent : « Jean-Louis Brossard a été un des premiers à suivre le projet. Il nous a fait confiance. Il va falloir qu’on assure maintenant ». Déjà en préparation d’un nouvel eP, « qui devrait sortir en début d’année », ces juvéniles nous prouvent que l’immaturité a parfois du bon.

www.juveniles.bandcamp.com

juveniles

 

Par Charlène Salomé & Guillaume Cohonner
Photos ; Piotr Niepsuj
Réalisation : Mari David