Depeche mode et The Human League ne sont pas les seuls vieux briscards issus des eighties à profiter de notre fascination collective pour la pop synthétique : les Petshop Boys et Visage ont, tous deux, annoncé la sortie d’un nouvel album. Pour le meilleur ou pour le pire ?

Si Visage n’est pas le groupe le plus connu du mouvement Nouveaux Romantiques, qui a défini l’Angleterre du début des années 80, il n’en reste pas moins l’un des pionniers. À sa tête, on trouve Steve Strange, qui est, en 1978, un habitué du Blitz, ce club chic de Soho où les branchés arborent volontiers des maquillages et des costumes à la Ziggy Stardust. Influencé par la bande sonore habituelle du lieu (David Bowie, Kraftwerk, Roxy Music), Strange emprunte quelques membres à des groupes new wave de l’époque (Ultravox et Magazine) pour enregistrer, en 1980, le premier album éponyme de Visage. Celui-ci contient un tube énorme, « Fade To Grey », dont les synthétiseurs lancinants et le manié- risme deviendront des marqueurs du genre. Hélas, après deux autres albums (The Anvil et Beat Boy) en demi-teinte, le groupe finira par se dissoudre en 1984. Malin, Steve Strange a ressuscité Visage en 2005, ce qui a fini par conduire à la sortie d’un nouvel album, Hearts and Knives. Si l’on en juge par le très bon single « Shameless Fashion », Strange est, incontestablement, resté fidèle à ses jeunes années, aussi bien en termes de synthétiseurs analogiques que de maquillage.

Du côté des Pet Shop Boys, on peut difficilement évoquer un retour opportuniste, étant donné que le duo anglais a réussi la performance de ne jamais se séparer depuis sa création en 1981. Composé de Neil Tennant et de Chris Lowe, le groupe publie, en 1984, son premier single « West End Girls », qui introduit sa synthpop à la fois sèche et exubérante. Influencé par le hip hop, le morceau substitue au minimalisme des Nouveaux Romantiques, un beat plus travaillé, et introduit le recours au sampler. Le groupe enregistre, par la suite, une quinzaine d’albums d’une qualité quasi constante, qui lui vaut de figurer dans le Guinness Book, en tant que duo le plus couronné de succès de toute l’histoire de la pop anglaise. Adeptes d’une ironie post- moderne à la fois kitsch et romantique, les Pet Shop Boys sont un peu les Gilbert et George de la pop. Pris, depuis 2005, d’une frénésie productiviste (en moyenne un album live par an), le duo sortira, en juin prochain, son nouveau rejeton Electric qui, comme son nom l’indique, s’annonce particulièrement remuant. 

Par Thibault Goehringer