Etre rétrograde n’est pas 2014. Et pour preuve, ces deux groupes issus d’une mouvance rock indé débroussaillent les 70’s dans toute leur complexité. Mais le plus éblouissant c’est cette simplicité à faire dévier le psychédélisme vers des lignes pop enchantées. Sur le ring fleuri, empestant le Febrèze agrume, je présente à ma droite, le groupe le plus dandiesque de la chemise brocart et du cocktail marron et orange ; les Temples. Un brin de Jim Morrison et une pilosité de Bob Dylan, les garçons se targuent de faire le buzz en ce début d’année, enchainant les singles inédits comme « Mesmeries » et le plus folk « Keep in the dark », pour annoncer leur album prévu pour le 10 février sous le titre Sun Structures . A ma gauche, les plus assagis Tame Impala, dont on n’a cessé de parler ces dernières années pour leur album « Lonerism » et bien avant déjà : « Innerspeaker » marquant d’une pierre blanche le retour de ce rock sous acide dont on se moquait bien pour ses auditeurs très « flower power ». Sans stress, allongé sur une natte et dénudés, on se demande tranquillement qui remportera ce voyage sous acide sponsorisé par Charles Duchossois ?

Tame Impala a fait un choix. Celui d’annoncer la couleur. Dans la légende même on nous dit que ce serait le Dalai Lama qui aurait adoubé le combo en descendant du Kilimanjaro…Même si l’histoire est romantique, la vérité ne sort pas d’un buvard. Moins glamour, ce serait en réalité plutot le doux nom d’une petite « impala » : une petite antilope. Si le groupe ne sort pas de « 7 ans au Tibet », malgré ce nom très « world music » effet : cheveux longs – amour et partage, c’est entre l’Australie et la France (où ils ont enregistré leur deuxième opus) que le combo a fait ses armes. En rappelant un road movie de vie antérieure mêlant expérimentation et rythmiques imparables, Tame Impala installe un groove planant dès les premières notes. Un génie farfelu qui nous laisse coi peu importe nos maisons musicales genrées. Parcourue de fouillis, de nappes voluptueuses et à la fois d’une inventivité sonore et visuelle colorée, Tame Impala réveille plus qu’il n’endort. On pourrait facilement se laisser hypnotiser tellement la grace de ce sinueux bordel de percussions tribales et de pop électronique détaillée et fragmentée nous happe dans un monde à l’explosivité intérieure. Avec, à leur côté quelques patrons du rock comme Dave Pridman à la production, on ne s’étonne plus de reconnaître chez Tame Impala, des touches synthétiques MGMT ou une aura très Flaming Lips. En écoutant le dernier opus, « Lonerism » on a presque envie également de prendre un sabre lazer et de recouvrir une peau de mouton avant de jeter sur le monde une bombe pleine de bulles de savons aux reflets brillant. L’univers  paraitrait-il plus grisant sous la houlette du combo ? Sur des voix angéliques qui nous susurrent le chemin à suivre, la pop de ces « impala » aux mélodies et grooves rêveurs et sidérante s’attrape comme un virus indéfectible. Voire torride. Une journée devient un an et l’espace temps ne se réfère plus en heures, ni en secondes mais bien aux mouvements de basse et aux harmonies (“Endors-toi”). Si vous n’aviez jamais été ensorcelé, méfiez-vous ces australiens-là qui ont donc tout d’un marabout congolais, qui fait de sa poupée vaudou un métronome affolant.

 

Mais voilà pour Tame Impala après le départ du batteur  (vite remplacé tout de même) …rien de nouveau sous le soleil de 2014…Le mystère reste entier. Il est bien vrai qu’on aime à l’entretenir surtout autour de compositions aussi oniriques que ce combo jazz, rock et psyché mais il ne faudrait pas que les jeunes et frais Temples viennent à prendre cette place très convoitée, que Leonard Cohen n’a toujours pas quittée. S’ils sont jeunes et fringuants, cela va sans dire que le voyage en tri-dimension prévu sur Mars en 2025 par la NASA aura comme bande originale, le morceau de Temples :  « Colours to life », sur recommandation de Walter White, qui l’a enregistré dans son Ipod au niveau “playlist pour fabrication de Meth Bleue”, ndrl. Car si leurs mélodies vaporeuses embarquent aussi bien pour les cimes du Kilimandjaro qu’une journée aventureuse dans le désert, c’est bien parce que ces belles gueules ont aussi un appétit sensuel façon surf qui swing. “Ca balance !” Comme dirait Johnny H.. Et c’est cela qu’on aime justement dans ce combo tendre ou double d gagnant : dansant et doux. Leurs rythmiques langoureuses en deviennent caloriques à force d’écoute. Mais l’obésité à son charme avec Temples, surtout lorsqu’elle est sous leur soleil, celui déjà tant annoncé en ce début d’année, éblouissant de basses heavy plus rock halluciné. Un brin Beatles, un brin Led Zepplin aussi, l’eau du temple est claire et limpide mais s’agite aussi sous leurs impulsions innocentes. Pop-rock, un tantinet mais surtout produit pour la scène et l’écoute radiophoniques, plus qu’un temple Indou, les Temples ont cet avantage d’être accessibles. Moins touches à tout que Tame Impala, ils parviennent avec simplicité à reprendre les fusions jazz rock et électroniques sans trop se compliquer la vie. Car quand on monte trop haut, garre à la descente! Plus prudents avec Temples j’entends déjà ma grand-mère crier : « c’est dans les meilleurs pots que l’on fait de bonnes confitures ». Et si mamie avait bouffé un LSD ?