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À l’occasion de sa toute première scène parisienne pour le Pitchfork Festival, l’artiste Yaeger, révélation venue de Suède, nous a accueillis pour un moment privilégié, quelques minutes avant de monter sur scène. Détendue et rieuse, elle aura sincèrement prit le temps de répondre, créant un échange authentique tout en nous imposant dès les premiers instants cette aura singulière où excentricité assumée et sensibilité profonde s’entremêlent.

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Entre indépendance, affirmation de soi et collaborations, la jeune artiste construit peu à peu une carrière artistique déjà solide d’une pop en mouvement que l’on retrouvera dans son prochain album, en avril 2026. En attendant, Yaeger continue de partager des singles à son public petit à petit, dont la sortie récente de Hazy Eyes, qu’elle nous a d’ailleurs interprété en exclusivité sur scène. Une rencontre intense, où l’on découvre autant la musicienne que l’univers qui la façonne.

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Écrire pour soi… et pour les autres

 

Tu as écrit ou coécrit pour des artistes comme Afrojack, Icona Pop et bien d’autres. Comment ces collaborations sont-elles nées ?

Oh, quand j’écris pour d’autres personnes… en fait, je collabore parfois avec d’autres gens, et quand les chansons ne sont pas censées être pour moi, je les envoie à d’autres artistes et je les leur propose tout simplement !

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Lorsque tu entends tes paroles interprétées par quelqu’un d’autre, t’arrive-t-il de regretter de ne pas les chanter toi-même, ou apprécies-tu parfois de rester simplement en coulisses ?

Pour l’instant, je n’ai jamais regretté, c’est très différent. Quand tu vas en studio en sachant que tu écris pour quelqu’un d’autre, c’est très libérateur. Tu ne te mets pas de pression : dès le départ, tu sais que ce n’est pas pour toi, donc tu ne t’attaches pas (rires). Et même si la chanson devenait un hit, beaucoup de gens me posent la question,  je pense que ça ne me dérangerait pas qu’elle soit interprétée par quelqu’un d’autre.

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L’amour de soi au cœur de sa musique

 

Dans une autre interview, tu disais : « L’amour de soi, c’est tout ce dont j’ai envie de parler ». Quel conseil donnerais-tu aux personnes qui t’écoutent et qui cherchent aussi à atteindre cet estime et confiance en soi ?

Oh, wow. Je dirais : trouve des personnes que tu admires, qui t’inspirent, et qu’auprès desquelles tu sens que tu peux avoir une voix. C’est ce que j’ai beaucoup fait. Il faut comprendre que tu n’as pas besoin d’être « comme ceci » ou « comme cela », ni de rentrer dans un moule. Tu peux juste être toi. Et je sais que c’est vraiment difficile, surtout à un certain âge. C’est dur, surtout quand tu es une femme ou une adolescente. Je pense qu’on a besoin d’autres femmes pour nous montrer qu’on n’a pas à écouter ce que les autres disent de nous.

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Justement, à propos des femmes, tu disais dans une autre interview : « J’étais en studio chaque semaine avec des femmes, ce qui m’a permis de créer un espace sain et vraiment propice pour écrire sur ce sujet ». Tu as aussi évoqué le manque de respect auquel elles font souvent face dans l’industrie musicale. D’après ton expérience, que faudrait-il changer pour faciliter les choses pour la prochaine génération d’artistes féminines ?

Les femmes avant nous ont déjà fait un travail incroyable. Mais il faut continuer à partager, à se soutenir. Être bienveillantes, ne pas être mesquines. Parce que ça ne nous aide en rien d’être comme ça, les hommes le font déjà suffisamment. Nous, on doit se soutenir pour pouvoir dire : « Non, toi aussi tu peux produire, tu peux faire bien plus que ce qu’on te dit de faire ». Et oui, parfois, tu finiras par avoir des discussions compliquées, voire des disputes avec des hommes, mais… parfois, il faut un peu « contourner le système » : utiliser les règles à ton avantage. Genre, « ok, tu me trouves séduisante ? Très bien. Dans ce cas, je vais m’en servir pour avancer ». On n’a peut-être pas encore le contrôle total, mais on peut faire bouger les choses en transformant nos faiblesses en force.

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Son processus créatif

 

Tu écris toutes tes paroles toi-même. Et pour la composition, comment ça se passe ?

Je travaille souvent avec un seul producteur : Sebastien Furrer, on collabore beaucoup. En ce moment, on écrit un album, qui sortira très bientôt. En général, j’écris toutes les paroles et les mélodies moi-même, parce que c’est toujours inspiré de ma vie et des trucs un peu idiots que je fais (rires). Parfois, je m’assois au piano, je cherche des mélodies, la bonne émotion, les bons accords. Ensuite, il reprend tout ça, construit autour, et on avance ensemble. C’est vraiment un processus collaboratif.

 

D’ailleurs, tu parlais d’un album. Cette année, tu as déjà partagé plusieurs singles. Souhaites-tu continuer à sortir tes morceaux un par un avant la sortie officielle de ton album ?

Oui, on va continuer à sortir des singles, un par un, avant l’album. Mais je peux vous dire que l’album sortira en avril prochain !

 

Et pour terminer, il s’agissait de ta première apparition sur la scène française. Reviendras-tu bientôt à Paris ?

Oui, à 100 %. J’adore Paris. J’ai d’ailleurs signé dans un label français : RCA en France, et j’aime vraiment la culture ici, la mode, la nourriture… tout est tellement vivant. C’est génial, vraiment. En plus, on revient en janvier, donc oui, je reviens très bientôt !

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Hazy Eyes est disponible via Yaeger AB/Sony Music.

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Texte Marie Landais

Image de couverture DR

 

Remerciements : Pitchfork Music Paris Festival