La nuit dernière se déroulait en live sur CBS la 42ème cérémonie des People’s Choice Awards présentée par Jane Lynch, notamment connue pour son rôle dans Glee. La cérémonie est censée récompenser les artistes, films, séries et musiques ayant le plus marqué la culture populaire l’année précédente, et franchement, ça fait flipper.

Qu’on se le dise d’emblée, les People’s Choice Awards n’ont rien à voir avec une cérémonie de récompenses basée sur la critique, si vous aimez le grand cinéma, les intrigues fines ou la musique inde, passez votre chemin. Il s’agit purement et simplement d’un concours de popularité basé sur les votes du public. A partir de là, on peut commencer à envisager le palmarès avec un peu plus de recul.
Bien sûr tout n’est pas à jeter, on salue notamment la victoire de Priyanka Chopra dans la catégorie de meilleure actrice dans une nouvelle série TV avec Quantico, elle devient ainsi la première femme d’Asie du Sud à remporter l’award. On applaudit également la longévité des Simpsons, récompensés dans la catégorie de meilleure série TV animée, qui après 27 saisons arrivent toujours à se renouveler et garder les faveurs du public. L’excellente Orange Is The New Black remporte quant à elle la victoire dans la catégorie meilleure série streaming.

priyanka chopra

On ira pas jusque dire que les américains ont des goûts de merde, mais quand même, quand le meilleur film de l’année ET le meilleur film d’action de l’année n’est autre que Fast & Furious 7, on a le droit de se poser des questions. Du côté des comédies, c’est la comédie musicale Pitch Perfect 2 qui a remporté le précieux sésame devant Ted 2 ou The Duff. On a rien contre ces films, qui au passage s’apparente bien plus à des teenmovies que des comédies, mais on s’est plus marré devant la vidéo d’une chèvre qui crie comme un humain. Et c’est là que le constat est inquiétant, le fait de récompenser les succès populaires n’a rien d’outrageant en soit, quoique les millions empochés au box-office et en ventes d’albums devraient se suffire à eux-mêmes. Non, ce qui nous hérisse un tantinet le poil, et ça n’a rien de nouveau, c’est que toute une génération d’adolescents préfèrent consommer avec leurs hormones plutôt que de faire fonctionner leurs esprits critiques, qu’on soupçonne enterrés dans une boite à chaussures H&M elle-même probablement enfouie sous une pile bordélique de magazines people.

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Le choix de récompenser Dakota Johnson et son charisme d’huître en tant que meilleure actrice dramatique est une hérésie, celui de Johnny Depp (qu’on adore, ne vous méprenez pas) comme meilleur acteur dramatique est plus que discutable tant l’acteur sort d’une année creuse, celui de Supergirl comme meilleure série dramatique est tout à fait incompréhensible, quant à la catégorie meilleure série Sci-fi/Fantasy, c’est simple, elle n’est composée que de teen-séries (Beauty And The Beast, Once Upon A Time, Supernatural et The Vampire Diaries), on pourrait continuer longtemps. On n’a pas compris non plus la pertinence d’une catégorie comme meilleur jeu mobile, remporté au passage pas Candy Crush (who cares ?). En ce qui concerne la musique, les puristes pourront s’insurger de la victoire de Nicki Minaj dans la catégorie meilleur artiste Hip-Hop devant un Kendrick Lamar dont l’album “To Pimp A Butterfly” a littéralement changé la donne tant pour sa qualité musicale que pour son impact sociétal. Les autres lauréats dans les catégories musicales sont sans grandes surprises Justin Bieber, Meghan Trainor, Taylor Swift, Fifth Armony ou The Weeknd.

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Nous ne remettons bien sûr pas en cause le travail de tous les artistes nominés et récompensés pour autant, nous savons que toutes productions quelles qu’elles soient demandent un certain courage et une dose de travail considérable. Certains d’entre eux méritent même complètement le succès qu’on leurs porte. Ce qu’on questionne en revanche, c’est le choix du public de ne récompenser que le clinquant, le jeune et le sexy au détriment du talent. Alors oui, nous ne sommes pas dupes et savons pertinemment que le monde de l’entertainment est ainsi fait ; ce constat n’a rien de révolutionnaire, il est déjà établi depuis fort longtemps que la plupart des succès populaires sont forgés à coups de matraquages marketing plutôt qu’à coups de critiques sensées, mais la cérémonie, qui est supposée être la vitrine de notre culture populaire, nous laisse un goût franchement amer.

Retrouvez le palmarès complet ici.