Si Paris est toujours une fête, Bruxelles n’a rien à envier à la capitale de la mode car derrière ses grandes façades Art nouveau se cachent de jeunes créateurs prêts à en découdre. La preuve en est avec le duo Leo By Leo, une jeune marque basée dans la capitale belge, composé de Leonneke et Joelle qui créent une mode pour des femmes confiantes en l’avenir, empruntant au passé ce qu’il a connu de meilleur, sans jamais tomber dans la mélancolie.
Dites m’en plus sur vous et votre passé dans l’industrie de la mode…
Leonneke Derksen : Leo By Leo se compose de trois personnes : Leonneke Derksen et Joelle Laederach qui s’oc- cupent de la création et Matthias Medaer qui gère la communication. Nous avons décidé de créer notre marque après nos études dans différentes écoles de mode et nos passages dans des maisons telles que Balenciaga, Chloé et Car- ven. Notre devise est de tout faire avec passion et notre mode mélange différentes inspirations, domaines et communautés dans le but de créer des silhouettes hybrides teintées de nostalgie.
Quand avez-vous décidé de créer votre propre marque Leo By Leo et pourquoi?
LD : Quand nous étions à Paris, nous avons rencontré beaucoup d’autres jeunes créateurs et des idées ont commencé à émerger à ce moment. Nous avions notre propre communauté créative, nous étions une génération de nouveaux créateurs, motivés par le désir de changer le paysage de la mode. Leo By Leo revoit les codes du vestiaire féminin en y injectant des références sportswear et des matières sensuelles.
Comment définis-tu la féminité selon Leo By Leo ?
LD : Les vêtements d’une femme expriment ce qu’elle représente et ce qu’elle ressent. Sans nécessai- rement parler de « féminin » ou de « masculin », nous pensons qu’il est important de donner une attitude aux vêtements car ils transmettent des émotions. Nous voulons rendre les femmes fortes et confiantes sans qu’elles perdent en confort.
À quoi ressemble la fille idéale Leo By Leo, quel genre de personnalité a-t-elle ?
LD : La vision de Leo by Leo n’est pas uniquement basée sur l’apparence extérieure. Elle s’attarde sur l’histoire de la personne dont le caractère rayonne à travers nos pièces car nos vêtements représentent et mettent en valeur sa personnalité. Je ne sais pas si elle est blonde, brune ou rousse ; ce qui est certain c’est qu’elle peut être n’importe quelle fille indépendante et maladroite.
Est-ce que le monde de la musique vous inspire ?
LD : Nous écoutons beaucoup de choses différentes et cela a certainement une influence sur nos créa- tions. La musique donne du pouvoir à l’atmos- phère générale de nos collections. Nous admi- rons des gens d’horizons divers, même si les gens célèbres d’aujourd’hui ont rarement leur place sur nos moodboards et sont souvent remplacés par des célébrités d’avant comme les TLC ou des anciennes photos de Jennifer Lopez.
Une époque qui vous inspire plus qu’une autre ?
LD : Nous tirons la majeure partie de notre inspiration des années 1990-2000 – même si nous piochons aussi des références d’autres époques. À cette période, nous étions des jeunes adolescents. Forcément, cette attirance est due à la nostalgie toujours présente dans nos cœurs. La créativité est meilleure quand vous travaillez avec des souvenirs agréables, que vous conjuguez le passé au présent afin de créer des choses inédites – et cela nous permet de revivre des moments intenses.
Comment procédez-vous pour introduire des notions du passé dans vos collections tout en restant moderne ?
LD : Tout est une question d’équilibre. Quand nous voyons quelque chose qui nous plaît, naturellement, cela nous intéresse. Mais quand nous voyons quelque chose de peu attrayant, cela nous intrigue encore plus. Très souvent, nous retravaillons des élé- ments dits « moches » et nous leur donnons une seconde vie. C’est pourquoi nous aimons la recherche « vintage » : nous trouvons un top et nous en faisons une jupe. Rien n’est nouveau car tout a déjà été fait mais la créativité est à son apogée quand elle est dirigée vers quelque chose qui semble étrange de prime abord.
Quels sont vos défis aujourd’hui ?
LD : Aujourd’hui, tout va pour le mieux ! Nous avons de plus en plus de points de vente à travers le monde et l’intérêt pour notre marque grandit. Bien évidemment, tout n’est pas rose, nous travaillons énormément et nous ne pouvons pas prendre de vacances mais personne ne vit de success story en passant ses journées devant la télé.
Quel élément passé aimeriez-vous voir revenir dans la mode et qu’est-ce qui ferait mieux de rester dans les archives voire les oubliettes ?
LD : Tout ce que nous aimerions voir revenir dans la mode, nous essayons de le retravailler à notre manière. Vous verrez quelques retours en force dans notre nouvelle collection SS18 « Evolution ». Concernant les choses que nous n’avons pas envie de voir revenir, elles seront probablement dans nos futures collections !
Quelles ont été vos influences pour la collection FW 17-18 « Visitor » ?
LD : Notre principale inspiration est le film Subway de Luc Besson pour son ambiance et ses couleurs. Cette collection explore plus que jamais le conflit entre le luxe et le confort grâce à des silhouettes célébrant une forme divergente du glamour. La scène de la rencontre improbable dans une station de métro déserte a été notre point de départ. L’actrice y incarne le chic grâce à sa robe à volants et ses boucles d’oreilles en diamants et l’acteur, lui, représente la rue avec un look nonchalant et underground. Nous avons voulu adapter ce choc des styles à notre époque. Nous avons aussi regardé beaucoup de films sur la fête dans les années 2000, puis nous avons imaginé une fête souterraine dans une station de métro d’un nouveau genre pour cette collection.