Enchaîner deux festivals à la suite s ‘est avéré plus difficile que prévu. Mais comment passer à côté de cette édition de la Route du Rock ? Depuis plus de vingt ans, le festival breton fait battre le cœur et les tympans des amateurs et professionnels de la musique, venus de France et d’ailleurs. Cette année encore, le line-up avait de quoi les enthousiasmer. De grosses têtes d’affiches comme Nick Cave & The Bad Sees, God Speed You ! Black Emperor, aux révélations 2013 à l’instar de Orval Carlos Sibelius et Allah-Las, l’édition estivale de la route du rock a une nouvelle fois fait danser les foules sous  le ciel bipolaire de la Bretagne.

saint-père

À peine arrivé au Fort Saint-Père où se dérouleront les évènements des trois prochains jours, on installe le campement. Le côté positif d’arriver dès l’ouverture du festival, c’est de pouvoir prendre une vraie douche avant l’arrivée de l’escadron de sauterelles qui rendra impossible l’utilisation des sanitaires sauf si l’on est prêt à faire la queue pendant trente minutes. Le mercredi soir, le coup d’envoi est lancé par Domino Record et la soirée à la Nouvelle Vague, salle de concert qui a ouvert ses portes en janvier dernier et honore l’amour de Saint-Malo pour la musiqué indé. La soirée commence avec Clinic qui nous sert un rock percutant aux balbutiements érotiques. Les chirurgiens du rock ont frappé et commencé à sortir le public du coma auditif dans lequel les avait plongé Julia Holter. King Lion, See Saw, chaque chanson est un prétexte à la danse. On pensait retrouver un calme onirique avec l’arrivée d’Austra sur scène mais  les canadiens se déchaînent sur scène. Avec une grosse énergie, le groupe nous fait terminer la soirée en beauté. 

austra

15 août, soleil de plomb et paresse sur la plage accompagnée de la musique d’Orval Carlos Sibelius. Si l’album avait déjà convaincu, l’écoute live avec un coca frais ressemble à la perfection. L’heure tourne et il est temps d’assister aux premiers concerts. On arrive pile poile avant le début de Local Natives. On joue les anguilles à travers un public déjà conquis. Si certains ont critiqué leur passage, nous, nous avons été plutôt agréablement surpris. Avec énergie et sincérité, les californiens nous présentent Hummingbird et semblent émus par l’engouement du public. Difficile de ne pas jouer les groupies et de reprendre en cœur les paroles de Heavy Feet. C’est Nick Cave et ses mauvaises graines qui reprennent le flambeau. Le Papa de la scène indé attire les foules qui se prennent en plein fouet ses riffs de guitares sur des classiques tels que The Mercy Seat autant que sur les nouveaux titres extraits de son dernier album Push The Sky Away. La messe est dite. Après une petite bière ou deux, on arrive à se placer en première ligne pour le concert de (!!!) Chk Chk Chk. Nic Offer débarque sur scène en caleçon et se déhanche au rythme du son post punk de son groupe. Un croisement entre Mick Jagger et Freddy Mercury qui réussit à convaincre pendant un moment mais fini par lasser avant la fin du concert. On quitte le festival, prêts à s’endormir, au rythme d’une chanson paillarde quelconque et après un appel général à l’apéro.

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Réveil groggy au petit matin, nos voisins de camping sont encore debouts et dans un état second (pour faire soft), prêts à continuer le Zapoï qu’est devenu pour eux le festival. On pleure devant la queue de 30 minutes pour accéder aux toilettes et on peine à estimer le temps que nous qu’il nous faudrait pour prendre une douche, attente incluse. On se rabat sur l’idée du pique-nique en bord de mer et de la balade dans les rues de Saint-Malo. Repus on partage une gueule de bois avec Cankun, suffisamment sympa pour nous proposer d’accompagner notre sieste et notre digestion. On perd presque un orteil en entrant dans la mer alors que les malouins donnent l’impression d’entrer dans leur bain. Avec un moral de touriste, on retourne sur les serviettes pour profiter du dj set du montpelliérain que l’on avait déjà pu voir à Baléapop la semaine précédente.  On loupe Jackson Scott à cause de l’apéro mais on réussit à venir avant la fin d’Efterlang. La musique est belle mais on peine à se laisser emporter. La nuit s’annonce pleine de promesses.

Il nous faut louvoyer pour s’approcher un minimum de la scène des remparts. Trop petite pour la foule qu’elle attire, on peine à bouger et à prêter attention à ce qui se passe sur scène, quand on arrive à la voir. On est un peu frustrés mais les premières notes de Catamaran parviennent à nous détendre. On s’essaie à God Speed You ! Black Emperor mais on n’accroche pas vraiment. Le groupe donne l’impression de jouer pour lui, comme si un mur le séparait de son public. Il ne se passe rien sur scène, les gens s’ennuient et la pause bière s’impose comme une évidence. Dernier concert de la nuit avec TNGHT. Lunice au top de sa forme rappant autant qu’il ajuste les morceaux tandis qu’Hudson Mohawke joue les techniciens. On regrette que la foule soit composée de gens trop ivres pour profiter du concert et on se retient d’étrangler la fille d’à côté qui ne reconnaît aucun des morceaux et ne comprend pas que le passage de Nina Simone est extrait du Blood On Leaves de Kanye West. Les références se multiplient mais l’ambiance peine à monter. Retour au campement pour un débrief des concerts, on se fait des copains  et on retourne se glisser sous le duvet.

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C’est seulement lors des premiers morceaux de Trésors que l’on émerge. On vous avait déjà parlé du duo parisien et le live confirme notre pensée : Trésors, un talent à suivre. Les passionnés de percussions font résonner leurs mélodies sur la plage du Bon Secours captivant suffisamment la foule pour que les adeptes de Oops et Public les rangent dans leurs sacs de plage. Retour au Fort, c’est Junip qui agite le public. La musique des suédois à l’album éponyme résonne à travers tout le festival. La foule écoute avec une ferveur non feinte la voix enveloppante de José Gonzales sur Line Of Fire. On se croirait en apesanteur, hors du temps et lorsqu’ils quittent la scène, la bulle éclate. Et le relais est pris par Concrete Knives qui vient nous rappeler le slogan du festival « Pop Is Not Dead ».  Le groupe originaire de Caen nous sert sa pop anglaise au rythme endiablé pendant plus d’une heure.  L’album ne rend définitivement pas justice à la prestance qu’ils ont sur scène. Leurs refrains entêtants continuent de nous animer bien après le concert.

On entend dans la foule quelqu’un qui se demande si le groupe sait que leur chanson est devenue une musique de pub. Sur scène les Tame Impala jouent Elephant. Le groupe et son folk psychédélique étaient l’un des passages les plus attendus de cette 23ème édition de la Route du Rock. Un passage carré qui ne manquait pourtant pas d’émotions. C’est Hot Chip qui retiendra notre attention par la suite. Un concert aux accents pop qui se fait devant un public de fans. On remarque cependant un côté un peu coincés. Si la musique est géniale, la présence sur scène laisse un peu à désirer. Une critique que l’on ne pourra pas faire aux frères de Disclosure qui clôture le festival avec un dj set endiablé. Le public reprend les chansons en cœur et oublie sa fatigue. Le duo a suffisamment confiance pour passer Fire Start To Burn dès le second morceau et nous fait découvrir de nouveaux titres au passage. Et c’est sur Latch que finit le festival laissant chacun sur sa faim. Mais pas pour longtemps, les affaires reprendront en décembre, avec l’édition hiver du festival. Le rendez-vous est pris.

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À bientôt Saint-Malo !