Nous vous en parlions en début de semaine, Jeff Mills venait présenter ce mardi soir son nouveau projet Spiral Deluxe, un quatuor de jazz-fusion créé à la suite d’une session à Kobe au Japon. Japon comme le pays d’origine de la moitié du groupe, en les personnes de Kenji Jino Hino et Yumiko Ohno. Ajoutez à ces deux maîtres de leurs domaines le claviériste Gerald Mitchell et Jeff Mills, tous deux amis d’enfance à Detroit, et vous obtenez Spiral Deluxe, le groupe le plus intéressant qu’il m’est était donné de voir cette année.

Il y a des années mon histoire débutait avec le jazz-fusion à Detroit. Et c’est avec un immense plaisir que je viens ici vous présenter le retour à mes racines. Débuter cette tournée mondiale par Paris est quelque chose qui me tenait vraiment à cœur et je suis heureux d’être ici ce soir. Laissez moi vous présenter mes compagnons…

C’est avec une excitation palpable que Jeff Mills discoure devant l’audience après une introduction du groupe qui annonçait la (très belle) couleur de ce qui nous serait proposé ce soir. Honneur aux dames, Mills nous présente donc Yumiko Ohno, spécialiste du Moog et musicienne de renom au pays du Soleil Levant et qui enthousiasme la critique avec son groupe Buffalo Daughter depuis quelques années maintenant. Ayant partagé l’affiche avec Radiohead, Sonic Youth ou les Beastie Boys, la petite nippone a d’ores et déjà travaillé avec les premiers ainsi que l’ineffable Aphex Twin, c’est dire.

Vient le tour de Kenji Jino Hino, le bassiste de la formation et fils du quasi-trésor national vivant Terumasa Hino, jazzman de génie et qui a su, de part un environnement propice, inculquer à son fils une maîtrise de son instrument incomparable, mais nous y reviendrons. Jeff Mills allant même jusqu’à prétendre lors de son discours introductif que pour un projet comme celui-ci il avait besoin d’un bassiste au minimum correct, doux euphémisme.

Gerald Mitchell sera le dernier introduit, compagnon d’école et d’armes de Jeff Mills depuis les balbutiements d’Underground Resistance, et certainement l’un des seuls à réellement le connaitre. Fort d’une éducation soul, funk et gospel, on lui doit notamment le titre phare de Rolando, Jaguar.

Les présentations faites, le maître de cérémonie retourne à la hâte à l’arrière de sa TR-909 qu’il, il nous le démontrera tout au long de la partition, connait sur le bout des doigts.

La particularité du concert fut bien évidemment l’interaction perpétuelle des protagonistes, dans une improvisation magistrale et inspirée voguant entre sonorités jazz, rythmes techno, nappes électroniques denses et aura céleste. Des plages improvisées d’un quart d’heure chacune ont eu raison petit à petit des quelques 400 personnes présentes, incapables de résister à l’appel de la danse. Ceux qui y étaient vous le diront : il s’est passé quelque chose dans cette salle.Et il risque bien de se passer la même chose dans toutes les salles disséminées sur le parcours de la tournée mondiale du groupe, qui débutait donc ce soir là à Paris.

Spiral Deluxe étaient à la Belle Electrique à Grenoble le 19 octobre et seront au Silo à Marseille le 21 octobre avant de se lancer sur les routes d’un succès assuré. On vous laisse avec la face A de la Kobe Session en vous invitant vivement à aller prendre votre leçon si vous en avez l’occasion.