Isaiah Rashad était de passage hier à Paris pour son Lil Sunny Tour. Produit par Free Your Funk, l’événement initialement prévu au Trabendo avait été déplacé au Trianon pour cause d’un succès prévisible.

Il est un peu plus de 20h30 lorsque je déboule dans la magnifique salle du Trianon, la musique se développe déjà à plein régime et deux énergumènes s’activent derrière les decks au fond de la scène. Il me faudra 5 minutes pour comprendre que nous n’en sommes qu’à la première partie qui prend la forme d’un DJ set hip-hop/rap et nous gratifie des derniers morceaux de Kendrick Lamar, des précédents projets de Isaiah Rashad, et qui se terminera même par un bon vieux « Niggas in Paris » de Jay-Z et Kanye West. La salle est comble, et le public déjà chauffé à blanc. Le plancher de la salle fait des rebonds sous les assauts des 1100 paires de jambes présentes et qui dansent en rythme. Angoissant au premier abord, on se laisse vite emporter par la houle en attendant l’abordage de la scène par le petit soleil du soir.

Il est un peu plus de 21h15 quand à la demande de son MC l’homme pointe le bout de ses dreads sur les planches, le regard un peu flou, la voix enfumée. Laissant très souvent le back-up finir ses phrases, le petit gars originaire du Tennessee profite un peu de la folie qui a gagné les travées du Trianon pour se mettre en jambes. La courte déception qui m’assaillait durant les deux premiers morceaux, Rashad paraissant mou et à côté de ses pompes, fait finalement place à l’admiration lorsqu’il finit la plupart de ses morceaux a capella, non sans avoir fumé un petit joint sur scène histoire de se remettre les idées en place en rentrer pleinement dans son concert. Les morceaux s’enchaînent, la température monte et le sol du Trianon se transforme littéralement en un trampoline géant (on pouvait sentir le premier plancher toucher à intervalles réguliers le second) quand entre deux morceaux un gars au premier rang se met à lancer des « Ici c’est Paris! ». Ni une, ni deux, Isaiah Rashad lui tend le micro et métamorphose, le temps d’un chant, la salle du 18ème arrondissement en une tribune nommée Auteil d’un certain Parc des Princes du 16ème. Nul doute que le rappeur gardera longtemps en tête son passage dans la capitale française.

Isaiah Rashad Trianon Modzik

Il est un peu plus de 22h30 lorsque le concert se termine. Une ovation spectaculaire accompagne la sortie de scène du prodige américain. La soirée fut belle, chaude, rebondie, américaine, mais un peu parisienne aussi, longue et bouillante comme un après-midi à fixer le soleil, mais courte comme un concert qu’on attend depuis des mois. Merci pour ça Isaiah.