Future Islands, groupe de synth-pop / post-wave de Caroline du Nord, revient avec son cinquième et certainement meilleur album à ce jour, The Far Field. Après le succès retentissant de Singles en 2014 et la tournée extensive qui s’en est suivie, le groupe a gagné une popularité incroyable et considérablement élargi une fan-base pourtant déjà solide.

Future Islands revient ici avec ce qu’ils savent faire de mieux : des chansons d’amour désarmantes ou en proie au doute mais aussi des odes à ce qu’il connaissent le mieux, la route, comme eux seuls savent la décrire car il la connaisse si bien. L’écriture de The Far Field a débuté en plein hiver dans leur maison en bord de mer en Caroline du Nord. L’album s’est poursuivi dans leur salle de répétition à Baltimore ainsi que chez Gerrit Welmers (synthés/programmation) et Samuel T. Herring (parolier/chanteur). Le groupe a même allé jusqu’à tester leur nouvelles chansons en apparaissant sous un pseudonyme ! L’album a ensuite été au studio Sunset Sound à Los Angeles sous la houlette du génial John Congleton, producteur émérite à qui l’on doit des albums de St Vincent, Angel Olsen, Sigur Ros ou encore Unknow Mortal Orchestra (et auréolé d’un grammy). Comme pour leur second album In Evening Air paru en 2010, c’est à nouveau l’artiste Kymia Nawabi qui signe le visuel très poétique de la pochette.

Future Islands : The Far Field

Rencontre avec Samuel T. Herring, William Cashion er Gerrit Welmers dans les locaux parisiens de leur label 4AD (Beggars Group) :

Votre dernier projet Singles était un peu éloigné de vos albums classiques, comment s’est déroulé ce retour aux sources avec ce nouvel album ?
Comme on a chacun eu des projets musicaux à part (Hemlock Ernst pour le chanteur Samuel Herring, Peals pour la bassiste William Cassion ou encore Moss Of Aura pour le clavier Gerrit Welmers), ça nous a vraiment fait du bien de revenir ensemble, composer et enregistrer de nouvelles chansons. D’habitude on compose entre deux tournées mais la tournée de Singles a été tellement longue qu’on a mis plus de temps cette fois-ci. En juillet 2015 on a fêté notre millième concert et célébré le dixième anniversaire du groupe en février l’an dernier.

Et vous avez vraiment joué sous divers pseudonymes afin de tester vos nouveaux morceaux ?
Notre manager nous a booké en première partie d’un groupe de nos amis, et sous un nom different chaque soir dans une petite salle de moins de 200 personnes : ça a bien fonctionné le premier soir et on ne nous a pas reconnus mais ensuite la nouvelle s’est su et les gens ont commencé à venir exprès pour nous. On a fait quatre shows comme cela. On a pû voir ce que donnait nos chansons en live avec un public : c’est bien avant d’enregistrer en studio. On essaie de faire ça à chaque fois : c’est fun et ça nous permet de vraiment tester les chansons. Même ma façon de chanter a changer entre notre maison au bord de mer et une fois sur scène où chaque chanson a enfin pris son ampleur.

Quelle a été l’apport de votre producteur John Congleton ?
Il nous a apporté quelque chose qui nous manquait : une certaine façon d’ajouter plus de reliefs et de couleurs dans nos attaques de chansons. On a choisit quelques producteurs à qui on a envoyé quelques chansons afin d’avoir leur sentiments et c’est l’avis de John qui nous a semblé le plus intéressant et cohérent par rapport à notre musique ; il trouvait notamment que le son de notre dernier album Singles était trop polissé et on était d’accord avec lui : on ne voulait pas de quelqu’un qui change notre musique mais qui l’a comprenne. On ne voulait pas de quelqu’un qui essaie de rendre le disque parfait au risque de perdre la magie de l’album. Avec John on est parvenu à un son atmosphérique tout en conservant les qualités de l’enregistrement.  C’est aussi la première fois que les basses/batteries sont vraiment intégrées dans le processus d’enregistrement dès le départ sur des bandes et non ordinateur.

Une invitée surprise s’est glissée dans l’album…
Il a pas mal de noms qui ont été proposés mais personne ne nous a semblé approprié. “Shadows” est est une ancienne chanson qui aurait dû se trouver sur Singles mais elle ne correspondait pas au reste de l’album. John a avancé le nom de Debbie Harry : on a été immédiatement été emballés par l’idée. Car pour chanter cette chanson-là il ne fallait pas n’importe mais une légende! Et Debbie est de cette trempe-là. Elle s’est appropriée la chanson comme personne.

The Far Field est définitivement un album taillé pour la scène où la voix rugueuse et inspirée de Samuel Herring est la pierre angulaire évoluant sur des textures plus chaleureuses qu’à l’accoutumée : un album teinté moins 80’s que le précédent Singles tout en conservant des éléments. A la fois romantiques et kilométriques, les Future Islands n’ont pas fini de tourner…