Par Guillaume Cohonner

Originaire du sud de la Russie, Motorama revient avec un troisième album qui creuse un peu plus son post-punk tendance cold-wave. Encore trop peu connus dans nos contrées, on a voulu en savoir plus au près de son leader, Vlad, qui nous a également concocté une playlist 100 % russe.

Poverty est un album plus sombre…
Ce n’est pas une nouvelle chose pour un groupe comme nous d’être plus sombre. On a toujours fait des chansons dans ce registre. C’est notre tasse de thé.

Tu peux nous parler du poète russe Ilya Kormiltsev ? Tu le cites en référence pour les paroles de cet album.
Oui, c’est un de mes poètes préférés. Il a écrit une tonne de lyrics pour des groupes soviétiques dans les années 80, il a même fondé sa propre boite d’édition, Ultra Culture, où il traduisait et publiait des auteurs à la fois rare, intéressant et provocateur. C’est une figure très importante de la contre-culture russe.

Côté musique, vous avez été influencé par d’autres musiques ?
Peut être des influences inconscientes : on écoute toujours les albums C86, du krautrock, du gothique américain et des classiques comme Nico, Lee Hazzlewood et beaucoup d’autres. C’est dur de parler de nos influences, on a digéré pas mal de genres différents.

 

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Comment vois-tu évoluer la scène musicale indépendante russe depuis les débuts de Motorama ?
Ça n’a pas vraiment évolué. Ce n’est pas compliqué pour un jeune groupe de débuter en Russie. C’est facile d’enregistrer un album chez toi, d’acheter de bons instruments grâce aux magasins de musique et à Internet. Le gros problème, c’est que nous n’avons pas de bonnes salles de concert. Il y a quelques salles à Moscou et St Petersburg, mais seulement quelques personnes sont intéressées par des groupes comme nous. Donc c’est compliqué d’organiser des tournées. Et puis, nous n’avons quasiment pas de critique musical professionnel, pas de bons magazines, ni de blogs sans parler des radios ou des télévisions.

Que penses-tu de la situation politique de ton pays ?
C’est une question compliquée. Nous ne sommes pas un groupe politisé, mais on voit pas mal de problèmes dans notre pays. C’est une honte car la Russie se rend célèbre à cause de toutes ces conneries politiques en ce moment. Ils devraient plus investir dans quelque chose d’autre que l’armée ou leur propagande idiote.

Peux-tu nous décrire l’atmosphère de ta ville, Rostov-on-Don ?
Hm, c’est un peu déprimant parfois. Mais grâce à nos amis et nos familles, nous sommes toujours heureux là-bas. Je pense que l’atmosphère de cet endroit influence notre songwriting.

Vous avez d’autres projets en parallèle de ce nouvel album ?
Oui, on est mal occupé avec ces nouvelles chansons de Motorama et aussi par celles de note deuxième groupe, Ytro, où je chante en russe. Et je compose aussi d’autres chansons pour un autre groupe : Bergen Kremer. Pas mal de trucs donc.

Un dernier mot ?
Merci de continuer à nous soutenir et meilleurs vœux froid et enneigé de Rostov-on-Don.

Motorama nous livre sa sélection des dix groupes et compositeurs russes préférés :

MOTORAMA – Poverty (Talitres)
En concert le 14 février à la Laiterie – Strasbourg

www.wearemotorama.com