Alors qu’elle était plutôt adepte du DIY pour ses derniers albums, la bande de Faris Badwan a fait appel à Paul Epworth pour la production de son cinquième album sobrement intitulé V. Si le précédent Luminous oscillait entre perles planantes et morceaux un peu poussifs, ce nouvel opus de The Horrors affiche un son tonitruant et des compositions très efficaces, fortement influencées par la transe et la pop des années 80.


Pourquoi avoir travaillé avec un producteur sur ce nouvel album ?
On avait produit les deux albums précédents nous-mêmes et on avait l’impression d’être allés au bout de ce qu’on pouvait faire seuls. Pour ce nouvel album, on voulait pousser les titres au maximum et, comme Paul Epworth avait produit un morceau de Luminous, il nous a semblé être la personne parfaite. Travailler avec un producteur sur l’ensemble d’un album nous a également semblé un bon challenge pour nous.

Comment s’est déroulée votre collaboration ?
On a composé pas mal de notre côté, puis on lui a apporté les morceaux et travaillé avec lui dessus. Mais on a aussi écrit des morceaux dans son studio. Paul a poussé les morceaux au maximum en les améliorant de manière vraiment significative. Il n’est pas du genre à vous dire exactement quoi faire ; il vous pousse à essayer de nouvelles choses, à repousser vos propres limites mais de manière indirecte. Tout s’est fait assez spontanément. Cela reste donc bien un album de The Horrors, même s’il a fait un peu de programmation, joué quelques synthés.

Saviez-vous déjà quelle direction musicale prendre avant de vous embarquer dans ce nouvel album ?
On n’avait rien envisagé au préalable et on était vraiment prêts à tout – ou presque. On a eu deux sessions d’enregistrement avec Paul avant de vraiment décider de réaliser tout l’album avec lui. Ces deux sessions ont vraiment été productives et cela nous a galvanisé. Même si on est venus avec des démos, Paul nous a poussés à composer de nouveaux titres lors des sessions pour avoir du matériel complétement neuf. Du coup, nous avons ressenti quelque chose de vraiment différent par rapport à tout ce que nous avions enregistré auparavant, et particulièrement par rapport à notre dernier album. On était super excités à l’idée d’explorer de nouvelles choses avec lui. Après ces sessions, on est retournés là où on avait composé les deux derniers albums mais avec dans l’esprit l’énergie nouvelle que nous avait insufflé Paul. C’est là qu’on a commencé à entrevoir ce que l’album allait donner.

Quelles sont les influences présentes sur cet album ?
Par le passé, on avait des influences un peu industrielles. Cette fois, c’est plus de la pop, de la transe et de la danse des années 80 qui transparaissent dans cet album. On voulait un disque dansant et qui fonctionne en live. Mais tu sais, quand on est en train de composer, on ne pense pas à telle ou telle influence, on écrit et on joue. Ce n’est qu’une fois le morceau terminé qu’on se rend compte d’où cela peut provenir.

Ce qui surprend aussi c’est le son qui assez énorme…
On voulait avoir cette impression de puissance. On a publié notre premier album en 2007, il y a dix ans, et on ne veut pas se répéter. Je crois qu’on a réussi.

The Horrors est certainement l’un des groupes anglais les plus inclassables, mêlant autant sonorités industrielles, dance et pop, tout cela avec un look de corbeaux gothiques étonnant aujourd’hui. Mais en dix années de carrière et cinq albums au compteur, ils ont réussi à repousser leurs propres limites sans avoir peur du résultat. Ce cinquième album V est certainement leur album le plus cohérent et réussi.

THE HORRORS
V
(Wolf Tone / Caroline)
thehorrors.co.uk