Modzik

En une poignée de morceaux, la jeune Suédoise Anna Leone a créé le buzz avec sa musique au charme désarmant. Si elle est de nature réservée, ses compositions comme « My Soul I » ou « If You Only » frappent en plein cœur. Sa voix rauque et voilée, immédiatement reconnaissable, alliée à de solides mélodies et des accords qui résonnent, lui assurent déjà une solide signature musicale qui ne peut vous laisser impassible.

La musique n’a pas été ton tout premier domaine de prédilection ?
Non, je suis accro aux jeux vidéo depuis toute gamine, surtout les jeux de RPG comme Dragon Age, Fallout, The Witcher 3 ou encore Dishonored. J’ai d’ailleurs écrit pour un site suédois (fz.se), je faisais des chroniques et des tests de jeux, c’était assez marrant.

C’est plus tard que tu découvres la musique ?
Ado, je me suis rendu compte que la musique pouvait faire passer des émotions. J’ai débuté en faisant des reprises avec la guitare acoustique de ma mère. Mais assez vite, je me suis mise à écrire ma propre musique et j’ai enregistré mes premiers titres sur mon smartphone. J’ai appris la guitare seule (avec quelques conseils de ma mère) et n’ai jamais fait de solfège ni suivi de formation musicale. Je suis une vraie autodidacte.

As-tu un moment plus propice à l’écriture ?
C’est à la faveur de la nuit que l’inspiration me vient le plus facilement. C’est un moment où je peux me concentrer sur mes pensées sans interférences extérieures. Mes morceaux sont assez sombres et abordent le sentiment d’isolement, la nuit est donc parfaite pour me plonger dans cet état. Je me souviens avoir écrit « If You Only » vers 4h du matin… Lorsque je compose, j’ai l’impression ne pas avoir de contrôle sur mes chansons : c’est comme si elles s’imposaient à moi.

Écrire des chansons t’a donc permis de mieux exprimer tes sentiments ?
Cela a facilité ma compréhension de certaines choses et m’a également donné la possibilité de les verbaliser. C’est un peu comme tenir un journal.

Quelles sont tes influences musicales ?
Je peux citer Sufjan Stevens, Lana Del Rey ou Laura Marling. Aujourd’hui, j’écoute aussi des choses plus uptempo ou positives mais quand il s’agit d’inspiration je reste fidèle à mes fondamentaux.

Comment définirais-tu ta musique ?
Je suis toujours en train de chercher ma voix et d’apprendre de nouvelles manières de m’exprimer. En ce moment, je me situe dans un mélange entre le son acoustique et quelque chose de cinématographique. Ma musique va encore évoluer, je n’en suis qu’à mes débuts.

Photo Julien Soulier / Maquillage et Coiffure Delphine Goichon @ Backstage Agency

Tu es signée sur un label français je crois ?
Oui, j’ai signé sur le jeune label Wide Awake (en licence chez Believe via sa branche AllPoints, ndlr) et je collabore avec le D.A. Mica Elig. C’est grâce à lui que j’ai pu travailler avec le producteur Brian Wilson (Florence & The Machine, Wolf Alice, Arctic Monkeys, Lianne La Havas) qui a su habiller les cinq morceaux de mon premier EP Wandered Away d’un écrin sonore parfait. Travailler avec lui a été une super expérience pour moi et on s’entend vraiment bien. Il a souvent des idées de sonorités assez étranges mais une fois incluses dans le morceau, cela fonctionne à chaque fois.

En plus d’avoir une production irréprochable, ta musique s’accompagne d’un univers visuel simple mais fort à travers des vidéo à la très belle photographie.
Mes vidéo sont simples mais collent avec la sobriété de mes compositions, elles sont le reflet de ma fragilité et des aléas de ma vie d’ado. Dans « My Soul », on me voit la nuit attendre le ferry sur un parking et on découvre les superbes paysages de ma région natale qui s’éclairent dès les premières lueurs du jour. Dans « If You Only », cette fois, on a tourné de jour et on me voit déambuler comme n’importe quelle ado de mon âge entre ma chambre, mon école et le stade, mais aussi près d’un échangeur routier, sur un quai de gare ou en train de courir dans les champs. Ce sont des scènes simples, comme l’est ma musique, mais qui ont un pouvoir visuel très évocateur. Les trois vidéo qui forment une sorte de triptyque sont toutes signées du duo Victoria Lafaurie et Hector Albouker.

Comme « My Soul I », tes morceaux sont à la fois mélancoliques et pleins d’espoir…
Mes chansons parlent de sentiments, de solitude, des difficultés à exprimer sa pensée et à s’accepter tel qu’on est, de l’acceptation de ses émotions… Beaucoup de gens se déconnectent de la réalité et trop souvent se concentrent uniquement sur ce qui manque au lieu de voir qui est réellement là.

Peux-tu nous avouer un plaisir coupable ?
Pendant très longtemps j’étais fan de Tobey Maguire dans Spider-Man mais chutt !