Le quatrième album studio de Scratch Massive emprunte son titre à un poème de William Blake et s’inscrit comme une petite révolution où Maud Geffray s’impose comme la voix du duo et où le duo prend définitivement les rênes de toutes les étapes du processus de production avec la création de leur label bORDEL. Garden Of Love s’impose comme une “mise à nu émotionnelle” où l’hybridation sonore est le maître-mot et où le duo joue sur la confusion des sentiments entre douce violence et mélancolie glacée.

Rencontre avec le duo formé par Maud Geffray et Sébastien Chenut qui nous livre sa dernière playlist en date et répond aux questions de Modzik concernant leur nouvel opus :

Quelle est la genèse de ce nouvel album ? Son point de départ et son idée maîtresse ?
Lorsque nous nous sommes mis à travailler sur l’album, nous étions à Los Angeles, nous venions de terminer la BO du film Day Out Of Days de Zoe Cassavetes dans notre nouveau studio, nous avions plein de ces ambiances planantes et sombres dans la tête. Une fois la BO terminée, nous avions déjà pas mal de matière sonore que nous voulions développer sur ce nouvel album. Nous voulions aussi resserrer tous les points du processus de production sur nous, nous voulions que Maud soit plus présente avec sa voix, que ce disque devienne très intime. Nous avions également restructuré notre studio au niveau des synthétiseurs, boîte à rythme etc.. Nous voulions avoir un son commun aux tracks de ce disque pour lui donner une patte globale, une atmosphère unique.

– Vous êtes dorénavant basés entre Paris et L.A. : qu’est-ce que cela implique par rapport à votre musique ? Quel a été l’impact de la “Cité des Anges” sur la composition de l’album ?
En ce qui concerne Scratch Massive, nous travaillons dorénavant notre musique à Los Angeles, pour l’anecdote, nous avons récupéré le tout 1er studio des Beasties Boys ou la pièce a été insonorisée par Money Mark, il y a beaucoup de vibe dans cette pièce.. Nous sommes bien là bas pour composer, tu es à 9h de décalage de l Europe ce qui fait que passer midi, plus personne te sollicite c’est le soir en Europe, et tu peux te concentrer sur ta musique, c’est très agréable ce sentiment d’ailleurs, d’isolement pour la création..
Ensuite, LA nous a apporté beaucoup de choses, nous avions fait la plupart de nos disques dans des studios en sous sol, sans fenêtre donc, à LA nous sommes au premier étage avec vue sur les montagnes, le soleil qui rentre dans le studio, les couchers de soleil incroyable, ça peut paraitre naïf mais ça a certainement apporté plus d’espace, peut-être même plus de luminosité dans nos compositions, meme si notre univers reste finalement assez sombre.

– Qui sont les invités vocaux sur Garden Of Love ? Pourquoi les avoir choisis ?
Nous avons fait appel à 3 voix sur cet album, comme nous te le disions plus haut, nous ne voulions pas trop de featurings pour rester avec la voix de Maud le plus possible et rester dans une ambiance très personnelle entre nous deux.
Néanmoins, nous aimons aussi les featurings pour ce côté collaboration et échange avec d’autres artistes.
Sur “Numéro 6” nous avons fait appel à Tobi Ernest, qui avait déjà chanté avec nous sur le single “Turn Away” que l’on trouve dans la BO de Day Out Of Days, sur “Sunken”, c est un duo entre Maud et Leonie Pernet, puis nous avons fait 2 chansons avec Romain Thominot échappé de son groupe Rémois, Grindi Manberg.

– “Garden of Love” est à la fois doux et mélancolique mais aussi dense et ténébreux : ce mélange fait-il partie de votre ADN musical ?
Oui surement, nous avons toujours fait une musique assez sombre, et sur ce disque, cela reste le cas. mais il y a peut être une couche de lumiere sur cette noirceur, un rayon lumineux dans le notre tunnel, mais la mélancolie reste très ancrée dans notre ADN musical effectivement.

– Travailler sur des BO de films a-t-elle une influence sur votre musique ?
oui, travailler des BO c est le meilleur terrain d expérimentation pour notre musique. Il n’y a pas d’obligations d avoir des morceaux construits, des structures pops dans la musique de film, il s’agit plus de plages d’ambiances, de moods, et en ce sens c est le meilleur moyen pour trouver et travailler de nouvelles matières sonores, c est un vrai champ d’expérimentation pour nous.

– Désormais patrons de votre label bORDEL, cela vous donne-t-il une autre perspective sur votre propre musique ?
Cela nous donne surtout une liberté totale, et voir comment d un point vue artistique on peut gérer le développement de notre musique. Nous pouvons maintenant la penser de À à Z sans avoir à faire des compromis avec un DA extérieur. je pense qu’on était prêts a se lancer sur cet album là.
L’autre point positif, c’est la signature et le développement d’autres artistes, comme ceux que nous avons découvert à LA: Turbotito, DA, Baby Alpaca plus les projets solos de Sébastien Chenut, les BO de Maud Geffray. Avoir un label c’est comme construire une grande famille, on partage beaucoup entre nous tous, on grandit, et cela amène à de belles choses qui oscillent entre techno, musique électronique, BO, ambient, rap.. Nous n’avons pas vraiment de frontière sonore à part celle de l’émotion et de la qualité musicale

– D’autres vidéos géniales comme “Last Dance” sont-elles prévues ? Travailler à la fois sur l’image et la musique c’est primordial pour vous aujourd’hui ?
Oui nous allons décliner la plupart de nos singles en clips avec cet album. Sebastien s’est aussi mis à la réalisation de clip depuis qu il est à Los Angeles, il y aura d ailleurs trois clips fait par lui sur cet album : “Chute Libre”, “Pray” et “Sunken” (qui a déjà été publié).
Pour les autres nous travaillons avec de très bons réalisateurs qui nous pondent des clips comme “Last Dance”, le prochain d ailleurs est prévu pour fin novembre sur le titre “Fantome X”.
Nous avons une musique très cinématique, notre univers fonctionne bien à l’image, nous avons fait tout les deux des études de cinéma et c est je crois un juste retour logique des choses que de travailler et penser toujours notre musique avec de l’image..

– Vous êtes également connus pour produire des live puissants et magnétiques : que peut-on attendre de votre prochaine tournée autour de cet album ?
Comme la plupart de nos albums précédents nous retravaillons les versions albums en version live, nous leur donnons un peu plus de muscle pour arriver à quelque chose d’assez dense et dancefloor, nous aimons bien aussi mélanger nos tracks entre eux, surprendre l’audience et aussi de nous rapprocher de notre travail de mix en tant que DJ en arrivant a quelques chose de très fusionnel.

Scratch Massive : Garden of Love track listing
01 – Last Dance
02 – Numero 6
03 – Fantome X
04 – Dancer In The Dark
05 – Chute Libre
06 – Sunken
07 – Mono Arch
08 – Pray
09 – Another Day
10 – Feel The Void

Scratch Massive en concert à la Gaîté Lyrique à Paris le 7 mars 2019