Découvert en 2016 avec “Blue Asphalt”, Royaume, duo parisien électropop composé de la chanteuse franco-japonaise Yumi et du producteur Moon Boy vient de publier son premier EP de 5 titres (“Again”, “Do You now”, “Miho Beach”, “Empty Hearts” et “If We”). Si leur musique est envoûtante, les vidéos qui les accompagnent le sont tout autant, avec des messages forts comme “If We” et son coté Girl Power et “Again” où ils renversent le principe du bondage japonais traditionnellement appliqué aux femmes  sur un garçon cette fois… Tout un programme ! Rencontre avec un duo pas comme les autres et son étonnante playlist.

Quand et comment vous êtes-vous rencontrés Yumi & Moon Boy ?
Il y a 3 ans, à une soirée bien arrosée ! On a parlé musique et on s’est découvert beaucoup de goûts et d’envies en commun.

Partagez-vous les mêmes influences tous les 2 et quelles sont vos spécificités musicales (ou autre) à chacun?
Yumi : Pour Royaume c’est certain ! Après on cultive chacun nos références personnelles. Je suis plutôt dans l’italo disco, l’ambient, pas mal de house, tout ce qui a trait à la new wave et bien sûr de la bonne pop mainstream.
Moon Boy : Je suis plus dans l’electropop, le hip hop des années 80 et 90, le rock à très grosses guitares de la fin des années 60 jusqu’aux années 2000, et la pop.

Qu’est-ce qui a été le déclic pour faire de la musique ensemble ?
Notre premier morceau « Blue Asphalt », il s’est passé une vraie connexion le soir où on lui a donné vie. L’émotion a envahi la pièce où on était, c’était magique et du coup faire un groupe nous a paru évident.

Quelle a été la genèse de votre premier morceau “Blue Asphalt » ?
Yumi : J’ai envoyé à Moon Boy une voix a capella, c’était un simple mémo vocal sur Iphone. J’étais en vacances et je vivais un moment compliqué avec mon mec de l’époque.
Moon Boy : Ensuite elle est venue chez moi et j’ai cherché les accords sur lesquels poser sa mélodie de voix. J’ai commencé la prod direct et en deux heures on avait la base du morceau.

Comment définiriez-vous votre style musical ?
Il englobe toutes nos influences, donc pas facile pour nous de le définir, mais on le résume en général par indie electropop.

Votre premier EP Again sort en 2018 : vous aimez prendre votre temps ?
Yumi : Moonboy aime prendre le temps de peaufiner la prod de chaque morceau et c’est très important pour nous deux.
Moon Boy : Aussi, avant de sortir If We, on a perdu pas mal de temps en discussions avec des boites de prods de clips qui ne voyaient pas l’intérêt de faire un clip féministe, raison pour laquelle on a décidé d’écrire ce clip nous-mêmes et je l’ai co-réalisé avec un ami. Sans ça, le titre serait sorti 4 mois plus tôt, et l’EP aussi.

Vous composez et écrivez vos chansons tous les 2 mais quid de la production, est-ce vous aussi ?
Moon Boy : Je produis, arrange et mixe nos morceaux. A différentes étapes, Yumi vient au studio et me dit “ça ouaip, ça non, ça c’est cool mais ça pourrait être mieux de telle manière”. Sur l’EP j’ai aussi joué tous les instruments.

Quels sont vos sources d’inspiration concernant votre musique mais également les textes de vos chansons ? Le cinéma et par extension les images/la vidéo sont-ils une source d’inspiration également ? Quelle est à chacun votre musique de film préférée et pourquoi ?
Yumi : Pour la compo, je me nourris de tout ce qui me touche, du souvenir que les images ou les bruits me laissent, et c’est souvent empreint de mélancolie. Pour les textes, j’ai pour référence John Cooper Clarke et les styles d’écriture très métaphorique. Après, chaque texte est en prise avec des choses déjà vécues comme une sortie de boîte en plein hiver ou des gens observés dans le métro. Il y a bien sûr l’influence du cinéma et même des séries. Par exemple, The Handmaid’s Tale qui m’a inspiré pour le texte de Do you know, que j’ai écrit après avoir maté la série en mode marathon de 48h.
Sinon, ma musique de film préférée c’est dans Totoro, « The Huge Tree in the Tsukamori Forest » de Joe Hisaishi, cette musique remue des choses étranges en moi.
Moon Boy : La vie avec tout ce qu’elle comporte de bon et de moins bon. Et la musique que j’écoute.
Mes deux musiques de film préférées sont très opposées : les chants mélanésiens dans The Thin Red Line de Terrence Malick, que je trouve superbes et me procurent un effet de plénitude. Et celle de Conan le barbare de John Milius, composée par Basil Poledouris, pour le sentiment d’invincibilité qu’elle procure.

Vos deux clips « If We » et « Again » sont très forts en terme d’images et de message avec un coté féministe “Girl Power” pour le premier et le renversement de position de la tradition rituel shibari (bondage japonais) pratiqué sur un homme : relier votre musique à des images fortes comme cela est-il important pour vous ?
Clairement, c’est même fondamental, car même si ce n’est qu’une goutte d’eau dans la mer, c’est notre petite contribution pour des représentations plus diverses de la femme par exemple. Le pouvoir des images sur l’esprit est énorme, si on peut en faire usage avec du sens c’est encore mieux.

Vous préparez votre premier album : à quoi peut-on s’attendre sur ce long format par rapport à votre EP ?
Yumi : On va encore beaucoup parler d’amour, toujours avec des textes à sens multiples. Et puis essayer de proposer quelque chose de très pop et en même temps de mélancolique.
Moon Boy : Et divers types d’émotions suivant les morceaux ! Je trouve ça hyper important au fil d’un album.

Avec quels artistes / vocalistes / producteurs aimeriez-vous collaborer dans le futur ?
Yumi : Myth Syzer ou Lewis OfMan pour la prod et dans mes rêves les plus fous un feat avec Rihanna mon love pour toujours.
Moon Boy : Pour ses textes existentiels, Alexander Ebert (chanteur d’Ima Robot puis d’Edward Sharpe and the Magnetic Zeros, qui a fait aussi un disque en solo sous le nom d’Alexander). Des compos pour Charlotte OC, et dans mes rêves les plus fous, des prods pour Kanye West et Q Tip.
Et puis dans mes rêves plus fous que fous, collaborer avec Brian Eno.

Qui sont les artistes émergents intéressants selon vous ?
Yumi : J’ai découvert récemment Johan Papaconstantino ça va être énorme je pense, et puis aussi Confidence Man pour le live et l’esthétique c’est génial à voir !
Moon Boy : Ben Khan ! Et je ne sais pas si on peut encore le considérer comme émergeant vu son succès : Mura Masa. Deux immenses talents.