L’ancien photographe de mode sort deux livres Lost+Found et Good News chez Taschen, marqués de figures pop et d’accents mythologiques. Analyse.

À l’arrière-plan, les diverses nuances de bleu dessinent des cieux agités, fond d’une scène apocalyptique et biblique. La ville est détruite, les monuments sont noyés sous l’eau : de part et d’autre de la photo, les personnages tentent de survivre, en témoigne l’homme perché à gauche, sur un poteau électrique. Il s’agit bien d’une oeuvre à mi-chemin entre le déluge et le radeau de la méduse, entre fin du monde et lueur d’espoir s’élevant vers les hauteurs.

Encore une fois, c’est la société de consommation qui est ici visée : la bannière Gucci et l’enseigne Starbucks le prouvent bien. D’ailleurs, David La Chapelle en a fait un des thèmes principaux de Lost+Found, lorsqu’il aborde la la spiritualité et la recherche du paradis dans Good News. Il s’agit du premier livre du photographe en 11 ans. Ses premiers ouvrages datent de 1996 avec LaChapelle Land, suivi de Hotel LaChapelle en 1999, puis de Heaven to Hell.

Formé auprès d’Andy Warhol, le photographe commence par travailler pour de grands magazines de mode, dont Interview. Mais en 2006, déçu par l’univers de la mode, il lâche tout pour se consacrer à ce qui l’anime réellement. Depuis, il n’a cessé d’exploiter les personnalités pop actuelles (il a shooté Miley Cyrus nue pour en faire une sorte de fée papillon), en les mêlant aux mythes et personnages bibliques ou païens. En effet, il a par exemple shooté les Kardashians, à l’occasion d’une carte de noël. On y voit la célèbre famille posant dans un casino (ou du moins, ce qu’il en reste), avec Kendall au centre et Bruce Jenner dans une cage de verre tout à droite. Le cliché contient également des références illuminati, sans compter des personnages africains divinisés. Or, pour l’artiste, il ne s’agissait pas de faire un éloge aux Kardashian, mais plutôt d’évoquer la fascination qu’ils inspirent.

Autre figure pop présente dans ses oeuvres, Michael Jackson. David La Chapelle nous montre le chanteur tantôt en ange, tantôt en martyr. Il en fait une figure de l’innocence, éloignée de tous les scandales qui lui ont été associés. Un peu comme sur la photo ci-dessous, où Michael Jackson apparaît avec une colombe à la main. Est-ce la colombe de Noé qui aurait enfin trouvé une terre au sein de ce qui semble être un paradis, ici synonyme de paix et de repos — sa mort — pour la star ?

Pour le savoir, vous avez jusqu’au 25 Février pour voir l’exposition de l’artiste, à Mons en Belgique.