Groupe à l’imagerie aussi vaporeuse que sa musique, Cigarettes After Sex est la preuve qu’aujourd’hui encore le bouche à oreille s’avère d’une rare efficacité. Lorsqu’un groupe peut se targuer de cumuler 56 millions de vues sur Youtube avec un premier single auto-produit, c‘est qu’il se passe forcément quelque chose !

Formation basée à New York et menée par le Texan Greg Gonzalez, Cigarettes After Sex officie depuis 2008. Mais il leur aura fallu des années d’expérimentations avant de trouver leur voie, leur son, leur style : une pop noire atmosphérique aux guitares suspendues rehaussée de la voix douce et suave de Greg, comme s’il vous susurrait à l’oreille. De douces mélopées adressées autant aux couples enamourés qu’aux incorrigibles romantiques et ce malgré un patronyme plutôt direct de prime abord. Greg Gonzalez et ses acolytes auraient-il trouvé la formule de la parfaite bande-son pour faire l’amour ou plutôt pour l’après-amour, ce délicieux moment où les corps se détendent tout en vibrant encore de leurs ébats ? 
Des lignes de basses qui rappellent les meilleurs moments de Cocteau Twins période Heaven or Las Vegas, des riffs de guitares acoustiques que l’on pourrait croire empruntés à Angelo Badalamenti dans sa période Twin Peaks, des refrains d’une pop rêveuse et une voix désarmante (Greg cite la candeur de Françoise Hardy parmi ses influences) ; est-ce la formule secrète de Cigarettes After Sex ? C’est tout cela mais bien plus encore : des paroles sexualisées sur les relations amoureuses contrariées, des influences cinématographiques pointues et assumées, Greg cite Kieślowski (La Double Vie de Véronique) ou Antonioni (L’Avventura).

Quant à l’image du groupe, elle laisse place à des photographies de Man Ray – autre référence de Greg bien sûr – ajoutant ainsi au mystère et l’atmosphère délicieusement nostalgique qui entoure le projet. En tout cas, ces compositions aux mélodies instantanées font mouche comme l’attestent les titres déjà emblématiques « Affection » ou « Apocalypse ». Une gageure lorsque l’on sait que quasiment tout l’album a été enregistré en trois jours avec une seul micro dans une église ou dans les escaliers d’un théâtre, ce qui donne au son à la fois une proximité touchante et une spatialité des plus enveloppantes.

Il y a fort à parier que cet album devienne une des bandes-son de l’été, si ce n’est le ‘soundtrack’ d’une génération – plutôt alternative – tellement l’appropriation de ce projet par le public est forte et immédiate depuis ses tout débuts.

CIGARETTES AFTER SEX
Cigarettes After Sex
(Partisan Records / Pias)