Depuis son dernier album Stone Rollin publié en 2011, on attendait impatiemment des nouvelles du maitre de la funk, Raphael Saadiq. On se souvient avec nostalgie de l’époque où il chantait aux cotés de D’Angelo, ou encore de son groupe Tony! Toni! Toné! qu’il formait avec son frère et son cousin. Cette fois ci, le bassiste et chanteur se livre à coeur ouvert dans un album plus personnel que jamais, mélancolique mais pas que. On vous présente Jimmy Lee.

Qui est Jimmy Lee?

Jimmy Lee, c’est le nom que Raphael Saadiq a choisi de donner à son nouvel album, mais c’est surtout le nom que ses parents ont choisi de donner à l’un de ses frères. Vous l’aurez compris, la famille c’est important, pour l’artiste d’Oakland. Jimmy Lee, c’est donc le nom de son frère ainé qui a succombé à une overdose en 1998, à qui il rend hommage en évoquant son combat. La dépendance, un vaste sujet auquel Raphael Saadiq s’attaque à travers cet album éprit de tolérance et qui a pour but d’expliquer, de prévenir mais aussi d’aider. Jimmy Lee, n’est pas le seul de ses frères à avoir perdu la vie à cause de ses addictions. On comprend donc l’importance de cette oeuvre pour l’artiste.

Un album mélancolique, mais pas que

Loin de l’étiquette néo-soul qui lui colle à la peau, le nouvel album de Raphael Saadiq se veut plus sombre, plus pop et aussi plus proche de Dieu, ce que l’on remarque dès le premier titre “Sinner Pray” (les prières d’un pêcheur) ainsi que sur l’interlude gospel “Belongs to God”. L’album évoque aussi l’univers des prisons avec le titre “Rikers Island”, un monde que son frère de 13 ans son ainé (Jimmy Lee) aimait dépeindre. Rikers Island étant la deuxième prison la plus importante des États Unis, et la plus grande prison de New York. Raphael Saadiq pose le doigt sur certains aspects des États Unis, pays issu d’un monde qu’il pense “saoul” dans le titre “This World is Drunk”. Difficile alors de rester sobre dans un environnement aussi à coté de la plaque. On retrouve le roi du rap, Kendrick Lamar sur le titre “Rearview” qui surprend par :”How can I change the world but can’t change myself” (comment puis-je changer le monde, si je ne me change pas d’abord). Une phrase forte qui mène à la réflection. Pas de jugements sur les autres, avant de se confronter à son miroir. Après 8 ans d’absence, on retrouve un Raphael Saadiq assagi, qui se veut réaliste mais rassurant. Comme quoi, avoir passé autant de temps pour se focaliser sur sa vie à l’abri des projecteurs, lui a permit de prendre un chemin plus réfléchi. On pouvait toujours écouter la belle Solange, Elton John ou encore John Legend dont Raphael Saadiq fut le producteur.

On le retrouve le 19 octobre en concert au Château de la Pépinière à Nancy, ainsi qu’à l’Elysée Montmartre à Paris, le 21 octobre.