Annie, Heather et Erika forment le trio plus que charmant Au Revoir Simone. Ces demoiselles, dont la complicité est évidente, irradient par leur sourire et la foi dans leur musique à base de claviers. Rencontre.

 

Parlez-moi de vos débuts. Tout s’est passé très vite, non ?
Heather : En l’espace de deux ans, le projet est devenu toute notre vie. On a rapidement eu beaucoup d’encouragement de la part de notre communauté, de nos amis et on avait même quelques fans au Japon. Erika a acheté un printer CD, on a ensuite imprimé quasiment un millier de disques en tout.
Erika : C’était vraiment écolo, on les apportait nous même chez les vendeurs spécialisé en vélo ! (Rires) Le disquaire indépendant « Other music » en particulier a dû en vendre plus d’une centaine.

Quelle est la première chanson que vous ayez écrite ?
Annie : The Disco Song a marqué nos vrais débuts. On a commencé par faire des covers, comme certains titres de Miss Fair ou encore Now that We Found Love de Heavy D and the Boyz.
Erika : On a aussi tenté de reprendre Circle in the Sand de Belinda Carlisle, le résultat était si loin de l’original que c’est devenu une chanson à nous que l’on a finalement appelée Circles.

Qui donne les idées ? Qui écrit les chansons ?
Erika : On les fait toutes ensemble. On se dit nos opinions jusqu’à ce qu’on soit toutes d’accord.
Annie : Même si quelqu’un a des idées de paroles et se sent coincée, on se réunit dans une salle et on l’aide à avancer. On a du réécrire les paroles de Crazy une dizaine de fois au final.

Vous n’avez pas donné de nouvelles d’Au Revoir Simone depuis quatre ans. Pourquoi si longtemps ?
Heather : Je suis retournée à l’Université pour étudier la biologie à Columbia. C’était une expérience totalement différente pour moi.
Erika : Pour ma part, je me suis lancée dans un solo projet à mon nom. L’été dernier, j’ai sorti mon premier EP nommé Cascine. J’aimerais écrire un album plus tard.
Heather : On espère pour elle. On adore son EP, il est vraiment extra. Je fais mon jogging sur ses chansons !
Annie : Je suis quant à moi maintenant maman ! Regarde mon petit garçon. [Elle me le montre, il est blond platine] Heather : On dirait le Petit Prince ! (Rires)

Et vous, Heather et Erika, vous vous en occupez parfois ?
Annie : Elles n’ont jamais à s’en charger car les seules fois où je suis occupée, je suis avec elles ! Parfois il vient danser pendant nos répétitions. Il a l’air de vraiment aimer ce que l’on joue, et cela me rend folle de joie.

Pourquoi ce nom Move in Spectrums ?
Erika : C’est ce qu’un ami à moi a dit dans le cadre d’une conférence. Je trouvais cela superbe et les filles étaient d’accord. Cela signifie pour moi le fait d’accepter que l’on n’est qu’humain et qu’on ne peut pas être parfaitement bon ou mauvais. On est se déplace constamment sur le spectre des choses. On est en mouvance permanente.
Heather : Je ne savais pas pourquoi cela avait tant de sens pour moi au début. Puis j’ai compris que cela avait tout à voir avec ma volonté de faire une carrière scientifique à un moment. Pour moi, ce titre relate mon passage constant entre les aspects artistiques et scientifiques. Un peu comme entre les deux hémisphères de mon cerveau.

Il s’agit de votre quatrième album. Qu’est-ce qui a changé ?
Erika : On a un différent producteur et un nouveau studio. On a travaillé sur cet album pendant environ deux ans. On utilise de nombreux types de clavier, surtout des vintages. On ne veut pas perdre les nuances en utilisant des instruments électroniques. On a fait vraiment beaucoup d’essais pour voir si l’alchimie opérait. Ce n’était pas toujours évident.

Annie et Heather, je crois savoir que vos maris respectifs ont participé à l’album, n’est-ce pas ?
Annie : Oui, mon mari a joué de la batterie sur quelques chansons de notre deuxième album.
Heather : Mon mari est également batteur. Il a quant à lui joué des percussions pour le titre Shadows de notre disque précédent. Il est aussi venu sur scène avec nous une fois.

Pouvez-vois me citer, en français, trois mots qui définiraient l’album Move in Spectrums ?
Heather : Dansant – Sombre – Sensuel
Erika : Cinétique – Tendre – Mystérieux
Annie : Coloré – Cru – Direct

Votre configuration en live est toujours la même ?
Erika : Oui, nous sommes toutes les trois sur scène et chacune possède son clavier. C’est ce qui fait notre particularité. La batterie est enregistrée. Mais l’avantage, c’est qu’on peut monter le son comme on veut tout en pouvant toujours s’entendre chanter !

Quelle est votre relation avec la mode ?
Annie : J’aime le designer parisien Sessun. J’aimerais qu’on soit sur une de leurs prochaines compilations.
Erika : J’apprécie les classiques, comme Vienna Carver. J’aime aussi la boutique new-yorkaise The Reformation. Ils utilisent des vêtements vintage destinés à être jetés et les réutilisent pour en faire des tout neufs. Ils sont éco-responsables en plus.
Heather : Je suis pour ma part une grande admiratrice d’Isabelle Marant.

Des endroits que vous aimez à Paris ?
Erika : Le hammam Les Mille et une nuits qui se situe près du Motel. Il y a aussi l’Hotel Amour.
Annie : Krishna Bahvan qui est un spécialiste de cuisine indienne. Je suis obsédée par ce qu’ils font. On ne trouve pas cela à New-York.

Et à New-York justement ?
Annie : J’aime le Café Mogador, ils font d’excellents cocktails. No Name Bar à Williamsburg est extra aussi.
Erika : La salle de concerts indie Glasslands a également beaucoup de caractère.
Heather : Je trouve quant à moi que le Musée d’Histoire naturelle est un des plus beaux musées au monde.
Annie : Il y a une allée en pavés près du Washington Park qui s’appelle Washington Muse. C’est pas loin du bâtiment de l’Alliance française. J’y ai vu jouer un pianiste classique une fois. Je me suis sentie comme téléportée dans le temps. C’était magique.

Vous aimez certains groupes français en particulier ?
Heather : Oui, on aime beaucoup la culture française ! Mon groupe préféré est Air. On a collaboré avec eux une fois. On aimerait travailler de nouveau dans leur superbe studio à Belleville.
Erika : Daft Punk, Phoenix ou encore Sébastien Tellier aussi. On a récemment participé au titre Les Chansons de l’innocence d’Etienne Daho qui paraîtra sur son nouvel album. On l’adore. On a découvert Pegase il n’y a pas longtemps, c’est un de nos actuels coups de cœur.


Propos recueillis par Benjamin-William Mauries