C’est le nouveau diamant brut de la scène anglaise. Un rock qui ne prend pas de pincettes, des textes qui grattent tous les travers de notre société, difficile de croire que Sam Fender dépasse tout juste la vingtaine. Après des titres dépeignant sans artifices la vie typique d’un jeune de la banlieue anglaise et ses journées parfois ennuyeuses passées à se chercher soi-même, comme avec le violent « Dead Boys », la musique de Sam Fender a désormais mis le pied sur l’accélérateur. Avec son tout premier album, Hypersonic Missiles, le blondinet dont la voix n’est pas sans rappeler celle du chanteur de The Killers, Brandon Flowers nous donne un regard assez terrifiant sur le chaos du monde actuel. Scènes de guerres passées en boucle sur nos écrans, comment continuer de vivre quand tout autour de nous s’effrite ? Une claque. 

Quels titres ont bercé ton enfance, toi qui as un père musicien ? 

J’écoutais vraiment de tout, de Joni Mitchell à The Verve, beaucoup de vieilles musiques soul aussi, comme Aretha Franklin, ou des trucs complètement barrés du type Jellyfish. Je ne sais pas ce que j’aurais pu faire d’autre que de la musique, même si mon père a essayé de m’en dissuader, jugeant l’activité trop marginale. Il aurait aimé que je sois professeur ou un métier stable dans le genre, mais heureusement j’ai trouvé sa guitare. 

Dans tes premiers titres, on trouve une certaine constante. Tu aimes peindre les visages de ta jeunesse en banlieue anglaise. C’est ta première source d’inspiration ?  

Je m’inspire principalement de ma ville d’enfance, au nord du pays, où il y a pas mal de problèmes sociaux. Aujourd’hui, je vois les choses  avec mes yeux de jeune homme et j’en parle dans mes chansons, sans vouloir faire justice ou jouer les super-héros. Dans « Spice » par exemple, je parle de cette drogue qui a eu un essor considérable au Royaume-Uni et qui a détruit pas mal de jeunes.  

Avec ton titre « Dead Boys », tu questionnes la vision de la virilité chez cette jeunesse et cet automatisme à ne pas montrer ses sentiments. 

C’est plus facile pour moi effectivement de me dévoiler, de livrer mes sentiments via la musique. Cette chanson parle d’un ami à moi qui s’est donné la mort. Derrière cette tragédie s’en cache une plus globale : ce stupide acharnement des garçons à refouler leur sensibilité en ne voulant montrer que leur force. Une mentalité très présente chez les Anglais. 

Tu es plutôt dans l’action ou dans l’observation ? 

J’observe, je ne suis pas assez intelligent pour agir (rires). 

Dans tes derniers titres, « Play God » et « Hypersonic Missiles », tu dépasses les frontières de ton Angleterre natale pour interroger l’absurdité du monde et de l’humanité. 

C’est quelque chose qui me fait assez peur. J’ai vu un documentaire qui disait que la Russie avait des missiles hypersoniques pouvant traverser des continents en quelques secondes. « Hypersonic Missiles » raconte l’histoire d’une personne terrifiée par la fin du monde, mais qui en même temps continue de vivre sa petite vie tranquille, en allant au fast-food et en regardant des programmes TV franchement douteux.  

Tu as peur de la fin du monde ? 

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