Il y a presque un an et demi, Linn Österberg, alias Sea Lion, faisait deux premières apparitions parisiennes avec ses compagnons de label Perfume Genius et Christopher Owens. Le 22 mars prochain, elle revient au Festival Les Femmes S’en Mêlent pour présenter son nouvel album, Desolate Stars (2015), enregistré comme ses précédents EPs dans l’intimité de sa chambre. Si la délicatesse de sa voix lui vaut souvent l’étiquette folk, Linn Österberg rêve plutôt d’un groupe de rock et de distorsion. Dans cet entre-deux aussi familier qu’étrange, elle trouve sa place aux côtés d’influentes aînées telles Stina Nordenstam ou Mazzy Star. Rencontre.

Qui êtes-vous ?

Je m’appelle Linn Ostenberg, j’ai eu 27 ans il n’y a pas très longtemps – le 10 janvier dernier. J’habite en Suède dans une petite ville très calme que personne ne connaît ! Et je passe mon temps à faire de la musique.

Parlez-nous de l’intro « Decades Stars » ?

L’intro est en effet un peu particulière mais je ne voulais pas créer une atmosphère violente. Au contraire, je voulais à travers cet extrait musical engager un accord symphonique avec la suite de mes chansons. Je rêvais d’introduire de nouvelles influences plus modernes et plus excitantes.

Comment vous préparez-vous pour votre prochaine prestation devant le public français en mars prochain ?

Comme je me suis déjà produite à Paris l’année dernière, je ne suis pas très stressée. Car, je sais que le public français est très accueillant et chaleureux. J’ai fait les ouvertures de certains artistes devant des personnes qui n’étaient pas du tout venues pour me voir moi, mais leurs réactions ont été supers. Les Français sont très enclins à découvrir d’autres horizons… Je trouve ça vraiment génial. J’ai vécu de très belles expériences musicales en France et je suis sûre que dans un mois, je vais vivre quelque chose de très spécial et de parfaitement merveilleux !

Vous entretenez donc une relation particulière avec le public français …

Oui, c’est vrai… Mais, je ne peux pas encore vraiment l’affirmer car je n’ai fait en réalité que deux représentations à Paris ! J’aime jouer en France ma musique car je sens que le public est sensible à mes chansons. Je suis très reconnaissante de leurs soutiens sincères. Ils me vont droit au cœur !

Êtes-vous déjà venue à Paris avant de vous lancer dans votre carrière musicale ?

Oui, j’y suis allée quand j’étais adolescente plusieurs fois. Mais, je voyageais avec mes amis donc je passais mon temps dans les boîtes à faire la fête !

Où vous rendez-vous dès que vous arrivez à Paris ?

J’adore les petits cafés parisiens très « new concept » qui proposent d’étranges boissons 100% bio ! Je trouve ces endroits charmants et totalement décalés par rapport au tourbillon de notre vie d’aujourd’hui. J’aime passer mon temps dans ces lieux intimes typiques. C’est formidable pour trouver l’inspiration et jouer de la musique comme il vous plaît !

La culture française vous inspire-t-elle ?

Je ne suis qu’une amatrice en matière d’histoire de la musique française. Mais, je sens que les artistes français dégagent quelque chose de très spécial qui m’a toujours bouleversé et étonné.

Quel est votre style musical ?

Difficile question ! Car je n’ai pas un style unique en fait. Au début de ma carrière, j’expérimentais divers univers musicaux. Je me nourrissais de tout ce que j’entendais, je prenais tout ! Aujourd’hui, j’erre parmi les styles et je me construis un univers qui reflète le mélange de tout ce que j’absorbe. Mais, finalement, c’est mon but : me créer mon propre style avec ma guitare, offrir quelque chose de nouveau accessible au public et qui me ressemble.

Pourquoi avoir choisi le surnom « Sea Lion » ?

Je me pose toujours la question ! Personne ne le saura sûrement jamais ! Certains me disent, c’est ton animal préféré, ton totem ? Rien de tout cela ! Sea Lion c’est en même temps moi et en même temps personne… C’est un mystère que j’aime préserver. Ça fait partie de ma personnalité et j’aime bien cette idée un peu capricieuse !

A quel point la musique rythme vos journées ?

Je joue de la musique tout le temps quand je suis chez moi, à la limite du supportable ! Dès que j’ai un instant, je joue, joue, joue ! Et si je ne joue plus, je danse, je rêve en écoutant mes chansons préférées ! La musique est vraiment toute ma vie…

Justement, qu’écoutez-vous en ce moment ?

Laissez-moi faire une sélection ! En effet, j’écoute plein d’artistes mais en ce moment, je suis particulièrement fan de Daniel Norgren. C’est un musicien suédois totalement génial qui produit du blues et du folk. Il écrit ses chansons en anglais mais ses influences sont très personnelles et j’adore !

Pourquoi avoir choisi de vous exprimer dans la langue de Shakespeare ?

C’est vrai que j’aurai pu chanter en Suédois mais il est évident que mon public aurait été plus restreint. C’est plus dur de capter un public international avec sa propre langue originale. Alors qu’avec l’anglais, tout est plus simple ! De toutes les façons, je pense aussi que cela m’est venu naturellement car la plupart de mes inspirations musicales viennent de mes artistes préférés qui s’expriment eux aussi en anglais. L’anglais est devenu un peu comme ma langue du cœur – elle me rappelle aussi mon expérience en Australie à l’âge de 12 ans !

Parlez-nous de l’univers musical que vous avez créé dans vos chansons ?

Je pense que tout le monde a besoin de se créer une sorte de jardin secret. Chacun l’exprime ensuite à sa façon. C’est à travers la musique que j’arrive à être vraiment moi, à être honnête avec ce que je suis. C’est un long processus que d’apprendre à se connaître et la musique m’a permis de ressentir une émotion profonde qui me fait renaître à chaque instant.

Vous ressemblez, à s’y méprendre, à Jane Birkin…

Oui ! On me le dit souvent ! Je suis très honorée mais elle est tellement canon ! J’ai écouté la musique de sa fille et je suis très proche du style musical de Lou Doillon. J’aime cette manière de faire du blues, sa splendeur dégingandée et sa classe hirsute ! J’aimerai tellement que l’on me compare à elle mais je rêve !

Rêvez-vous de lui ressembler aussi en tant que muse des grands créateurs de mode ?

Oui. Pourquoi pas ! Je me dis tous les jours qu’il faut que je change de style car le mien est trop simple, trop casual… Je ne jure que par les jeans et les T-shirts autant en journée qu’en soirée. Mais j’aspire à quelque chose de nouveau et de stylé tout en restant confortable et qui ne trahirait pas ma personnalité !

D’ailleurs, d’où vient l’étrange casquette que vous portez sur la tête ?

J’ai un peu honte de le dire mais je l’ai volée ! En fait quand je travaillais dans un café-restaurant de ma petite ville suédoise, il y avait un panier à « objets trouvés » et un jour j’ai trouvé cette casquette tellement fun que je l’ai adopté tout de suite ! Quand il m’a vu avec, mon amoureux a voulu me la piquer à son tour !

Quelle est la chanson dont vous êtes la plus fière ?

C’est « Room » ! En fait, c’est la seule chanson que j’aime dans cet album. Je n’aime tellement pas ces périodes d’enregistrements où il faut toujours répéter encore et encore les chansons jusqu’à ce que ce soit la bonne prise. J’en étais malade … Mais avec « Room », tout s’est fait naturellement et dès le premier essai, c’était dans la boîte ! Quel bonheur ! Cette chanson ne me rappelle que des bons souvenirs.

Que pouvons-nous vous souhaiter pour cette nouvelle année ?

J’aimerai trouver mon âme sœur et produire mon premier album Rock !