Ces trois garçons-là sont plus que dans le vent, c’est à eux seuls une tornade. Un tourbillon musical entre le rock indé, le psyché, la noise et un côté plus new wave, apparaissant dans ce nouvel album – bum. Oui car le titre de cet album n’est pas le signe que ce trio est victime d’un important bégaiement mais juste qu’ils ont un humour décapant. 

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Ce nom d’album annoncerait-il une surprise de taille?
David :
non c’est vraiment sonore !
Etienne : oui, en fait cela vient vraiment d’une blague entre nous à savoir l’album – bum …(rires)
David : on aurait pu l’appeler que “Bum” mais cela nous correspond bien : dans “Bum” il y a trois lettres et on est…3 !

Vous êtes aussi souvent aficionados de titres courts : 
Etienne :
oui d’ailleurs même notre nom de groupe : Cheveu. On est pour l’efficacité. Tu trouves quand même des significations à ce nom puisque cela signifie par exemple : clochard en anglais. Mais c’est quand même plus pour la blague ! Et quand tu le présentes le plus important c’est quand même de dire “l’album-bum”.
David : Et même quand tu l’écris !

Ce nouvel album-bum est-il aussi absurde que son titre?
Etienne: non pas vraiment , alors fais attention ! (rires)
David : Il a pas prétention à dire grand chose mais il est assez riche.
Olivier: cela part un peu dans tous les sens ! Comme d’habitude.

C’est un peu votre marque de fabrique aussi de partir sur des choses déjantées?
Olivier: Exactement, à part que dans l’album d’avant c’était des formats plus courts et maintenant en partant sur des formes absurdes on les a développés plus. Du coup c’est hyper travaillé, plus long et il y a plus d’étages sonores. C’est trés travaillé dans un truc chelou à la base par rapport aux précédents où on faisait des blagues sur deux minutes et c’est tout. 

Il y a un travail de composition plus poussé sur ce dernier opus?
Etienne : c’est vrai que les morceaux sont plus longs en général. On a tout enregistré en studio, c’est à dire que les instrumentaux  ont été enregistrés d’une traite pour que cela sonne live. Là on a vraiment défini la structure des morceaux avant d’aller en studio. Il y avait aussi la volonté de vouloir être à l’aise en live et de tout pouvoir jouer sur scène, ce qui n’était pas forcément le cas avant.
Olivier:  le travail en studio a permis d’avoir un son plus large, d’ajouter des arrangements et de faire que l’on entendu mieux la voix. Toutes les parties s’expriment mieux, c’est moins une sorte de gros tas de sons saturés. 
David : c’est plus clean il y a plus de place mais pour autant cela reste du Cheveu. Profondément ancré dans une identité de groupe. pour nous c’est important de passer des paliers de sons sans perdre notre identité. Tu trouves des choses nouvelles dans ce disque mais tu y retrouves notre personnalité aussi. 
Olivier: on entend mieux les voix et on retrouve plusieurs chansons en français dans des textes un peu absurdes. Côté surprise il y a aussi un décalage avec les instrumentations, c’est rock traditionnel d’une certaine manière et du coup cela apporte un ton un peu décalé.

Cela ne vous rebutait pas de chanter en français?
David : c’était la facilité avant d’écrire en anglais. Mais je l ‘avais tenté auparavant et abandonné plein de morceaux en français et là du coup on s’était fixé un objectif de 100%  et au final on a à peu près la moitié des titres en français. C’est mieux le français ! Il y a un truc de plus personnel et plus percutant et c’est rigolo car sur plein de morceaux il y a cette espèce de parlé-chanté. Sur des morceaux précédents on avait un peu l’impression qu’il y avait des ambitions hip-hop et maintenant on voit pas vraiment un truc hip hop mais plutôt théâtral. Un style étrange qui ne renvoie pas à grand chose.
Olivier: En général c’est plus inspiré du cinéma que de la musique française. 
David : souvent il y a des citations, des reprises de textes soit telles quelles soit modifiées. Pour le coup on retrouve du Bertrand Blier dans Polonia au début, on a aussi intégré des extraits de “Gummo” un film d’Harmony Korine, dans le morceau “Albinos”. Plusieurs choses renvoient à du scénario influencé par le théâtre, le cinéma et qui usent de dictions un peu particulières. C’est assez marrant et posé sur des instrus rock, ça clash pas mal ! Pour mixer les deux on fait plein d’essais. Une constante dans les trucs de cheveux c’est que ça parait relativement simple.

Cheveu BUM cover HD

 

Comment vous travaillez ce mélange – là?
David :  On fait plein d’essais. C’est une constante avec Cheveu, même si cela donne l’impression d’être relativement simple, en réalité on travaille beaucoup.
Etienne : cela se voit par exemple par rapport à la pochette, relativement brute et qui en réalité est un véritable travail de fond. 
Olivier : d’ailleurs c’est un côté un peu compulsif…
David : justement il y a à la fois ce côté hyper brut où tu te dis tout de suite “ah ils ont voulu faire un truc de branleur hyper crade  où ça gueule etc. !” et hyper travaillé. Car en fait la pochette par exemple, c’est du micro- pliage très méticuleux.  
Olivier: L’artiste a travaillé a partir de grandes sculptures de nous, pour ensuite réaliser nos portraits en pliage et les assembler. Il a shooté et a mis a peu près un mois et demi de pliage pour arriver à ce résultat!
David : et nous c’est pareil au final ! On a mis deux ans pour cet album, ça parait peut-être pas justement, c’est cela qu’on aime.

Comment vous définissez votre musique? de la Shitgaze?
Etienne: Shitgaze c’était plus par rapport aux américains avec qui ont tournait dans une scène garage, on trouvait qu’on était à la fois là-dedans, et dans un truc un peu punk et lo-fi et à la fois shoegaze. Mais aujourd’hui, je pense qu’on a surement un son moins americain qu’à l’époque peut-être que l’on s’est européanisé. On a fait plein d’arrangements d’orgue d’église et de choeurs enregistrés en israel. On est revenu dans quelque chose d’enregistré par chez nous plutôt que de l’autre côté de l’atlantique.

Vous avez eu un coup de coeur pour l’orgue sur cet album?
Etienne :
on a joué au festival Sonic Protest et ils nous ont proposés de jouer à Châtelet et pour l’occasion, un de nos potes Xavier Clyde,à joué sur les grands orgues dans l’église  et cela nous donné l’idée d’enregistrer dans ce lieu. Pour enregistrer dans l’église on a posé des micros à 30 mètres de haut ! Le son a quasi un son de synthé si tu n’as pas la reverb’ de l’église et plus tu recules les micros des tubes et plus tu as cette ambiance d’église. 

Un troisième album cela marque quel tournant pour vous?
Etienne :
En terme de production il y a un changement de démarche. En jouant en studio et on s’est pris pour un vrai groupe de rock, on a fait les bons élèves ! On a aussi mixé le disque avec un mec dont c’est le vrai boulot en ping pong et dans lequel il s’est vraiment impliqué ! 

David: on avait l’impression d’être un peu victime de l’étiquette, on ne sortait pas d’une image de punk crasseux, super sale dans le son et pour nous c’était marrant de faire passer un son sans que l’on sache qu’il soit passé par un filtre non carde.

Vous avez laissé votre période punk derrière vous?
David : moi je trouve notre musique, au contraire, de plus en plus bizarre ! 
Etienne : on a toujours aimé perturber les différentes chapelles du rock. Car que ce soit aux USA ou en France on a toujours joué avec des groupes grungy, et nous on a pas du tout la touche de rockeurs ! On produisait quelque chose de différent qui surprenait un peu. C’est quelque chose de plus personnel, et même sans cette vague garage, un peu dépassée aujourd’hui on continue notre chemin.

David : on essaie de prendre le truc à contre-pried à chaque fois, comme quand on démarrait toujours nos albums par un morceau un peu bourrin, maintenant c’est l’inverse sur cet album où c’est un morceau pop qui trompe un peu son monde. C’est marrant car quand tu continues dans le disque c’est plus du tout cela ! 

Quels sont les groupes de chez Born Bad, votre label, dont vous vous sentez proches?
Olivier: pendant les deux ans de réalisation de  ce disque, on n’a pas écouté énormément de nouveautés. On reste sur nos super potes de Tyvek, Intelligence, ces groupes de début 2000 comme nous.
David : il y a ProtoMartyr un groupe de Détroit, potes de Tyvek.  Sinon en France il y a la scène Metz-Strasbourg avec un nouveau groupe : Badaboom, c’est un peu la même bande que Feeling of love. On a commencé avec eux et il y a toujours un bon feeling entre nous !

Pour les USA comment cela se passe pour vous maintenant?
Olivier : On aimerait vraiment bien y retourner mais pour nous cela va être compliqué car sur la précédente tournée un mec nous a balancés et maintenant on a besoin de visas! Il faudrait avoir des visas de travail onéreux. Maintenant on est fiché au grand banditisme des USA ! (rires) On espère repartir en tournée en automne prochain. On part en général du canada ou le dernier disque à d’ailleurs été bien reçu.
Etienne: on adore jouer par exemple à Detroit pour leur scène SubPop et le groupe Tyvek, vers Sacramento aussi. Il y a aussi Floridas Dying un label qui a sorti les Yussuf Jerusalem et les Jaccuzzi boys ce sont nos points de chutes. Des petits lieux qui sont connectés. Un blog faisait la liaison entre tous ces underground et ça nous a permis plein de fois de monter des tournées. C’est assez marrant comme solution DIY.

Le milieu de la mode vous attire-t-il?
David: on est plutôt anti-mode mais c’est presque une posture. Même si on sait qu’il y a aussi beaucoup de mécènat dans la mode, ils soutiennent  la musique. Ma soeur fait des pulls par contre si vous avez des avocats et traders dans vos lecteurs, elle vend chez Barneys, Nicki Minaj porte ses pulls, c’est “Le Moine tricote”, et ça c’est ma soeur ! (rires)
Etienne : Sinon un truc qu’on partage tous les trois, c’est les chaussettes bleu marine ! (rires)