On l’attendait de pied ferme, il faut dire que l’édition hivernale de The Peacock Society, qui se déroulait samedi dernier à Paris, nous avait bercé de promesses avec son line-up alléchant, son cinéma, ses bains nordiques, ses 3 scènes, ses 8 bars et ses 10.000 spectateurs. Verdict ?

C’est aux douze coups de minuit alors que la nuit est aussi entamée que certains festivaliers que nous débarquons en navette (l’occasion de prendre la température et l’odeur éthylée des teufeurs du jour) au Parc Florale du Bois de Vincennes. Impatients de pénétrer dans l’antre gargantuesque où nos paladins préférés partiront en croisade techno et house jusqu’au petit matin, nous prenons à peine le temps de jeter un œil aux stands de prévention installés à l’entrée du festival et où sont notamment distribués boules quies et préservatifs.

Happés par la masse, nous nous dirigeons vers le scène 1 où Danny Daze commence à chauffer à blanc un public déjà dansant avec une tech-house affriolante. Force est de constater que la scénographie est à la hauteur de l’événement, le jeu de lumières est simplement magnifique et on se surprend à écarquiller les yeux devant le spectacle. C’est ensuite à Daphni de prendre les commandes du warehouse. Si le canadien ne paye pas une mine derrière avec sa dégaine de prof’ de philo, son set est en revanche irréprochable. Il n’hésite pas une seconde à jouer les tubes de son alter-égo Caribou pour faire rentrer la salle dans une transe communicative. Les premières coulées de sueurs sont là depuis longtemps déjà et certains n’hésitent pas à exhiber fièrement (un peu trop même) leurs pectoraux durement acquis à coups de lever de fonte hivernale. On en profite pour jeter un œil à la faune locale qui peuple les fourrés du Parc Florale. Le verdict est sans appel, les plus belles plantes de la capitale ont fui leurs balconnets pour prendre racine au Bois de Vincennes, et ce n’est pas pour nous déplaire.

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Retour à la musique avec le premier gros dilemme de la soirée : Daniel Avery vs Motor City Drum Ensemble. Le souvenir vieillissant de Drone Logic, le premier album du londonien, nous décide à rester sur la scène 1 qu’on a décidément toujours pas quitté. L’ascension fulgurante du résident de la Fabric London est amplement méritée tant il distille sa techno futuriste avec aisance. Du haut de ses 28 bougies, le petit prince de la techno, c’est lui. Premier changement de salle pour assister au live de Clouds. Si les amateurs de techno qui tabasse avaient jusque-là de quoi rester sur leur faim, le jeune duo écossais donne tout ce qu’il a pour régaler son public, et ça balance fort, très fort, trop fort. Au moment où mon cerveau commence à se frapper de plein fouet sur les parois de mon crâne, c’est qu’il est l’heure de changer. Après un rapide passage au Club où Eric Cloutier entame son set, nous revenons au Warehouse où DJ Koze emmène la salle avec lui dans une épopée électronique qui atteint son paroxysme lorsque Bad Kingdom (Moderat) surgit des enceintes. La rumeur voudrait que 38 couples se soient formés à ce moment-là.

Il est déjà 5h30 et la fin de la soirée est marquée par l’indécision générale, Theo Parish ou Andrew Weatherall ? Weatherall ou Parish ? Ce sera finalement les deux et dans la confusion, nous perdons nos compagnons de fortune entre les deux scènes. Qu’importe, nous voguons d’abord vers l’un, puis l’autre dans un ordre qui nous échappe totalement (oui bon, il était 6h quand même). Le retour à la réalité se fera à la force des jambes, évitant ce qu’on a sur le coup appelé les navettes du démon, imaginez plutôt une centaine de tarsiers (vous savez, ce marsupial aux yeux gigantesques) en fin de vie pressés comme des collégiennes à un concert de Justin Bieber sur les vitres froides d’un bateau ivre. Non merci. Quoi qu’il en soit cette première édition hivernale mérite largement notre seal of aprouval, les plus maussades d’entre nous pourront toujours pester contre le système de cashless, les prix, la queue, le manque de techno de forain, le réseau quasi-inexistant ou les casiers, nous en tout cas on reviendra.

Photos : Yulya Shadrinski / Thomas Smith pour The Party Diary