Les médias ont pris l’habitude d’opposer Katy Perry et Taylor Swift mais ici il s’agit de mettre en exergues deux albums qui ont étrangement de nombreux points communs : Witness de Katy Perry (2017) et Bionic de Christina Aguilera (2010) !

Rappel des forces en présence : Katy Perry est à elle toute seule un blockbuster de la pop internationale et vient de publier en fanfare son quatrième album Witness. Quand à Christina Aguilera elle dispose d’un capital sympathie énorme, étant issue avec Justin (Timberlake) et Britney (Spears) du Mickey Mouse Cluse de Disney, sans oublier une voix incroyable. Malheureusement des choix artistiques discutables, un coté diva prononcé et son divorce ont fortement ébranlé sa carrière ces dernières années.

Pour commencer les deux pochettes ne vous semblent-elles pas avoir une inspiration commune : ce blond peroxydé cranté et ce visage quasiment déshumanisé, lèvres ultra glossy and co ?

En 2010, Christina Aguilera publie son 6ème album Bionic, son projet plus ambitieux depuis son Back To Basics où elle a pris en main la direction artistique : elle y collabore avec de nombreux artistes de haute volée comme Nicky Minaj et Sia (cette dernière lui apprendra à retenir sa voix puissante sur “You Lost Me” notamment) mais aussi des artistes électroniques comme M.I.A, Peaches, Le Tigre ou encore Ladytron. Le problème essentiel de cet album qui désarçonne à la fois les critiques et le public est qu’il part dans deux directions artistiques sans opter vraiment pour l’une ou l’autre : un coté classique avec des morceaux comme “You Lost Me” ou “Lift Me Up” (dans la veine “Beautiful” ou “Hurt”) et d’un autre coté plus électro, assez loin de l’univers habituel pop/r’n’b de la chanteuse avec “Not Myself Tonite” ou “Elastic Love”, sans oublier ses origines latino comme “Desnudate”. Avec le recul on sent pourtant compte aujourd’hui que cet album n’est pas aussi mauvais qu’on pouvait le laisser supposer et qu’il recèle nombre de perles étonnantes comme le superbe “Birds Of Prey” présent sur la version deluxe.

Quand au visuel on lui reproche alors de copier Lady Gaga! Jon Pareles du New-York Times critiquait l’album comme étant un “écart artistique” pour Aguilera comparé à ses deux albums studio précédents. Malgré 1 million de ventes mondiales, Christina aura beaucoup de mal à revenir ensuite sur le devant de la scène et s’en sortira entre un film au demi-succès (Burlesque avec Cher), des duos improbables (avec Maroon 5 ou Lady Gaga, elle aussi alors en perte de vitesse) et surtout grâce à l’émission The Voice (où Adam Levine fait lui aussi partie des jurés).

Aujourd’hui Katy Perry publie son quatrième album Witness après deux albums au succès écrasant : Teenage Dream (2010) et Prism (2013) : un disque où elle affirme un coté girl power assumé “I’m feminine and soft but i’m a boss”. Néanmoins elle n’hésite pas à se montrer aussi forte que fragile et l’on voit poindre le bout du nez de la petite Katherine Hudson, fille de pasteur, sur des morceaux comme “Bigger Than Me”. Comme Christina en son temps, elle convie Nicky Minaj sur le morceau “Swish Swish” mais aussi Sia Furler (“Hey Hey Hey”). Elle convoque aussi Skip Marley sur “Chained To The Rhythm” et les chouchous absolus du moment Migos sur “Bon appétit”, les deux premiers singles. Coté chansons à succès, elle n’a rien laissé aux hasard avec la patte du faiseur de hits Max Martin mais elle est également allé chercher des talents plus underground du duo indie-pop Purity Ring mais aussi Jack Garatt et Hop Chip (à l’instar de Christina sur Bionic).

Coté visuel, les changements de looks de Katy ne surprennent plus personne ou presque, ayant déjà arboré toutes les couleurs de cheveux possibles ou presque, avec une nette préférence pour les coloris rose-fushia-violet. Sa vidéo “Chained to the rhythm” est truffée de clins d’oeil politiques, un choix réfléchi pour celle qui a ouvertement soutenu Hilary Clinton aux dernières élections. Quant au clip “Bon Appétit” elle y apparaît hyper sensuelle/sexuelle. Pour appuyer la sortie de Witness, Katy s’est prêté au jeu type “Big Brother”, une maison fermée durant quatre jours, truffée de 41 caméras où elle invite des guests, donne des interviews et se dévoile même lors d’une séance de puy assez éprouvante. Bien sûr tout cela est orchestré de main de maître : ou s’arrête la réalité de la fiction, dur à dire.

A la difference de Christina Aguilera, réputée pour son coté diva, Katy Perry apparaît comme une artiste profondément humaine qui n’hésite pas à laisser paraître ses émotions sans filtre et c’est certainement ce qui la sauve pour ne pas être prise seulement pour une machine de guerre pop (qu’elle est tout de même par ailleurs). Evidemment pour ce qui est de l’organe vocal, Christina l’emporte sans conteste, ce qui est d’ailleurs d’autant plus sidérant de la voir végéter encore aujourd’hui avec de pareilles capacités. Quand à Katy Perry, elle est rodée et reconnue pour des tournées marathon : la prochaine débutera en septembre pour assoir la promotion de Witness. Coté mariage, les deux popstars ont connus toutes deux des revers : l’union de Katy Perry avec Russell Brand aura duré à peine deux ans ! Le mariage de Christina et Jordan Bratman, lui cinq.

S’il est encore difficile de savoir si Witness est un nouveau succès ou non puisqu’il vient à peine d’être publié, on donne néanmoins le point à Katy Perry qui est toujours dans la course tandis que Christina ne semble pas à même de revenir au top niveau qu’elle a connu, au grand dam de ses fans. Mais attention Katy, plus on monte haut sur le podium, plus dure est la chute, et Christina en sait quelque chose…